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Bien lire les cartes bathymétriques pour pêcher le brochet

La recherche du brochet nous contraint souvent à bien sélectionner les secteurs de pêche. On peut avoir les meilleurs leurres dans sa boîte, mais l’adage d’être « au bon endroit au bon moment » est primordial, surtout à cette saison où les pics d’activité sont de plus en plus courts. Il faut envisager toutes les possibilités de tenue du poisson en fonction bien sûr de la météo, des positions de bancs de fourrages et également observer les irrégularités bathymétriques sur les cartes. Qu’elles soient subtiles ou bien marquées, elles vous permettront de préciser et d’optimiser vos sorties.

À l’heure actuelle, toutes les marques de sondeurs proposent un logiciel ou un programme pour réaliser soi-même sa propre carte. C’est devenu un outil incontournable pour tout pêcheur de brochet. Que ce soit en bateau, en float-tube, de son Smartphone connecté à un deeper, ou sur un échosondeur de dernière génération, c’est à la portée de tous. Nombreux sont les secteurs où il devient difficile de s’en passer. En réalisant sa cartographie en direct avec des isobathes de 25 cm, la précision devient chirurgicale. Le graphisme, souvent poussé, avec des lignes de contours et des palettes de couleurs adaptées pour toutes les profondeurs, en simplifie la lecture. Autant d’avantages, quelle que soit votre connaissance du milieu. Les programmes, qu’ils soient collaboratifs ou non, sont assez instinctifs. Et le temps gagné pour cibler vos zones de prospection en est décuplé. L’utilisation de cette technologie est très simple et accessible financièrement. Bien entendu il y a des milieux très homogènes en matière de topographie avec des pentes très douces et peu de profondeur qui vouent peu d’intérêt à ce type de cartes. Mais dès que les reliefs sont marqués par des hauts-fonds, des fosses et autres têtes de roches, cela devient indispensable. Grâce à ce type d’approche, on est plus enclin à s’éloigner des boules de blancs cantonnées dans une fosse.

Bien insister sur le début d’une cassure jusqu’au-dessus du plateau ; régulièrement, c’est sur ces zones que les poissons sont les plus actifs. Le passage de votre leurre à plusieurs mètres du banc décidera plus facilement un gros brochet. L’erreur est de se focaliser sur les boules de fourrage et non sur les reliefs, avec une carte bien détaillée, on remarque souvent des anomalies ou des variations bathymétriques.

Les lests additionnels font bien souvent la différence certaines journées difficiles.
Crédit photo : Aurélien Lagarosse

Les modulations bathymétriques

Un petit décroché sur le pourtour d’une fosse, une petite tête de roche excentrée, un renfoncement sur une cassure, sont autant de postes de chasse ou de tenue pour les brochets. On peut s’absoudre des informations connexes du sondeur et se concentrer sur ses dérives pour passer au « bon endroit ». Coupler sa cartographie avec une vision 2D reste une configuration simple en partage d’écran qui vous permettra de définir précisément vers quelle profondeur vous diriger. Le choix de vos palettes de couleurs est également primordial, puisqu’il mettra en valeur et en contraste uniquement les profondeurs désirées. Je peux par exemple définir ma profondeur maximale à 15 m, où tout ce qui est plus profond restera en violet, et jouer sur mes couleurs uniquement sur les couches supérieures, celles qui m’intéressent pour la pêche. Aussi, grâce aux tracés de la carte, on peut découper méthodiquement un haut-fond ou une cassure. Sachant que le jeu, encore une fois, c’est de trouver le « terrain de tennis » où les poissons sont actifs.

La capture ci-dessus montre bien le renfoncement de la cassure. C’est une zone qui produit fréquemment des beaux poissons. Il est d’ailleurs très rare qu’il n’y ait qu’un seul individu. Parfois, les touches vont se produire plus vers le profond de la fosse en pêchant haut dans la couche d’eau même sur 10 mètres de profondeur, et à d’autres moments il faudra taper le début du plateau pour avoir du résultat.

La capture ci-dessus, à l’inverse, laisse apparaître une sorte d’excroissance (WP 67) sur la cassure, et plus au sud sur (WP 66) une petite roche isolée de quelques dizaines de mètres de la cassure. Ces deux postes bien marqués sont caractéristiques d’une zone de chasse. Ils offrent de belles possibilités aux brochets pour s’embusquer en attendant le passage d’une proie. C’est également deux postes ou régulièrement des gros brochets se font prendre. Avec la cartographie, bien placer son bateau en fonction du vent devient plus aisé et plus précis, que l’on soit en dérive ou en ancrage.

Avec des informations précises, les touches sont bien souvent de qualité, avec la tête du leurre au fond de la gueule du poisson.
Crédit photo : Aurélien Lagarosse

Une esquisse de la zone ciblée en dérive

Ces spots, pourtant bien différents, passeraient facilement à la trappe en utilisant simplement une détection verticale style down ou 2D. En revanche, en l’espace de deux ou trois dérives, on a déjà l’esquisse de la zone ciblée. Et plus on passe au-dessus, plus les lignes de contours se précisent. En illustration, lors d’une prospection à deux bateaux sur un grand lac avec beaucoup de relief : on entamait une longue navigation pour rentrer à la base. À 25 km/h, la sonde ne décrochait pas. Tout en regardant machinalement le sondeur de temps en temps, la navigation continuait sur un long passage de plat dans le chenal entre 8 et 10 m. Subitement, le fond passe de 8 à 5 m puis 3 m… On stoppe notre course et, pour confirmer notre intuition, on effectue quelques lancers. Pour le bateau qui suivait, le premier fut le bon. Le premier équipage, quant à lui, a glissé un peu trop loin. Une légère correction de la dérive, et au second passage les quatre pêcheurs sont attelés avec une belle taille moyenne. Au bout de quelques passages, la cartographie indiquait un haut-fond parfait d’une cinquantaine de mètres, bien suffisant pour fixer des poissons en chasse. Il y avait de grandes chances de passer à côté de cette petite zone, d’où l’intérêt aussi de bien positionner sa sonde pour récolter le maximum d’informations afin de compléter ses cartes bathymétriques.

Bien cibler ses zones

Anticiper sur la tenue des poissons demande plus d’intuition. Que l’on se retrouve en lac, en fleuve, en automne ou en hiver, lorsque les eaux sont plus froides, les brochets n’auront pas les mêmes comportements et la même répartition. Comme évoqué ci-dessus, on a trop tendance à se focaliser sur les boules de fourrage à cette période. Avec un risque de passer complètement à côté de la pêche. Sur ce type d’approche, on est d’ailleurs régulièrement confronté à des poissons peu réceptifs à nos leurres.

Observer les irrégularités bathymétriques permet de gagner du temps et de trouver des poissons actifs
Crédit photo : Aurélien Lagarosse

Tentez une approche de la surface vers le fond

Si dans un premier temps, vous localisez une boule de blancs par exemple située dans 5 m d’eau avec 12 m de fond, passer dans la boule ne sera pas forcément la bonne solution. En effectuant un passage dans le premier mètre de la couche d’eau au jerk ou au swimbait (soft ou dur) en fonction de la météo, cela pourra vous donner quelques informations sur l’activité des brochets. On rencontre régulièrement ce cas de figure, notamment à l’automne. Les touches sont moins fréquentes, mais bien souvent de qualité, avec des coffrages la tête du leurre au fond de la gueule du poisson. Les brochets, souvent suspendus dans la colonne d’eau, n’hésiteront pas à se déplacer sur plusieurs mètres pour venir intercepter l’intrus, en l’occurrence votre leurre, égaré de sa boule de congénères. Attention, l’impact peut être violent. Si les poissons ne répondent pas dans cette première couche d’eau, ou que les touches sont trop courtes, on peut soit lester (lests additionnels type John Weight) soit passer sur des leurres comme les Guppies (CWC), S-Trout ou Seven (Biwaa) qui travailleront plus dans les 3-4 m. Après une série de touches ratées, ce paramètre permet régulièrement de concrétiser une action.

Les zones peu profondes, bien souvent délaissées à tort

Lorsque l’on évoque une baisse des températures d’eau, on se dirige souvent vers une pêche en zone profonde. Il faut bien évidemment prendre en compte les facteurs météorologiques. Mais régulièrement, que ce soit en rivière, fleuve ou en lac, on retrouve soit des concentrations de brochets, soit un gros individu isolé dans très peu d’eau malgré des températures assez basses. En regardant bien, on peut trouver un différentiel de température, soit marqué de 1 à 2°C, soit à peine perceptible, mais qui offre aux brochets une zone de confort qu’on peut supposer favorable à leur métabolisme, soit propice au nourrissage si présence de blancs il y a. Les spécimens pris sur ce type de zones sont souvent bien corpulents. Les secteurs peu profonds, vaseux, abrités du vent que l’on délaisserait facilement se réchauffent un peu plus vite dans la journée et deviennent alors des cibles à ne pas manquer. On a vécu cette situation l’hiver dernier, sur un plan d’eau de 250 ha, il y avait pas mal de poissons près des concentrations de blancs. Cependant il était quasi impossible de les déclencher. On pêchait à cinq bateaux. Idéal pour prospecter un maximum de terrain et tenter de trouver quelque chose, puisque les deux premières journées n’ont donné que peu de résultat mis à part quelques suivis, décrochés et touches timides. Un des bateaux s’est décalé dans une anse bien abritée, et les touches se sont enchaînées dans 50 cm d’eau, alors que la température extérieure était en dessous de 10° avec un vent d’est bien froid.

Sans la bathymétrie, cette concentration de brochets n’aurait pas été découverte !
Crédit photo : Aurélien Lagarosse

Ne pas généraliser

Sur ce même secteur l’année précédente, avec un vent de sud plus favorable, les poissons se prenaient entre 50 cm et 1 m sur des linéaires de quelques dizaines de mètres, bien loin des secteurs profonds avec de belles densités de poissons. On ne peut jamais généraliser, car chaque milieu a ses spécificités, et d’une année à l’autre on ne vivra pas toujours les mêmes actions de pêche aux mêmes endroits. Cependant, en ouvrant toujours un champ d’action supplémentaire, une journée difficile peut se changer en correcte, voire excellente grâce à une minuscule zone cartographiée ou prospectée.

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