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Avec Sébastien Mérieau : mission chatterbait !

Leurre de réaction par excellence, le chatterbait est tout à fait susceptible de déclencher de vrais réflexes d’agressivité sur le brochet, comme il le fait sur le black-bass. 

Crédit photo Michel Tarragnat
Sébastien Mérieau utilise très souvent le chatterbait, un de ces leurres qui ont leurs subtilités mais, simples d’emploi, peuvent prendre tous les carnassiers dans les plans d’eau riches en herbiers. Michel Tarragnat est allé vérifier tout cela en sa compagnie.

Pour ceux qui débutent, un bref rappel sur la nature du chatterbait, appelé aussi bladed jig (jig à lame). Il s’agit d’un rubber jig doté d’une palette articulée, laquelle oscille rapidement à la récupération, faisant vibrer puissamment le leurre avec un fort cliquetis métallique. 

Poids du lest, couleur de la palette, nature et coloris du trailer ajouté, la pêche au chatterbait implique de connaître ses quelques subtilités.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Dans les herbiers

C’est donc un leurre qui provoque l’agressivité, essentiellement utilisé en lancer-ramener. Mais il y a en fait bien plus à dire et c’est pourquoi j’ai tenu à accompagner Sébastien Mérieau, guide de pêche spécialiste de ce leurre, à Orellana en Espagne, où il est guide de pêche. Au menu, une journée 100% chatterbait. L’interdiction d’utiliser autre chose. Un challenge accessible puisque le lac connaît une explosion d’herbiers depuis deux ans, et que le chatterbait est justement adapté à ce type de prospection. D’après Sébastien, c’est même le leurre n°1 quand il s’agit de pêcher des herbiers en power fishing. Sa palette, qui oscille rapidement, protège la tête plombée des herbiers, comme un genre de déflecteur, à condition de ne pas pêcher surplombé bien sûr. Contrairement au crankbait, qui plonge à la récupération, le chatterbait conserve une profondeur de nage stable avec une tendance à remonter à l’accélération. C’est essentiel pour les herbiers. « Contrairement au spinnerbait, le chatterbait, bouchée compacte, déplace moins d’eau, précise Sébastien. Ce n’est pas grand-chose mais ça compte avec la pression de pêche de plus en plus importante. » Pendant toute la journée, nous allons matraquer de l’herbier, le principe étant de lancer au ras des massifs qui s’étalent en surface, de récupérer immédiatement et rapidement sur un ou deux mètres puis de ralentir pour laisser le leurre s’enfoncer au fur et à mesure que la profondeur va augmentant.

L’explosion d’herbiers sur les lacs fréquentés par Sébastien le conduit à utiliser de plus en plus souvent le chatterbait.
Crédit photo : Michel Tarragnat

La canne idéale

Bien qu’on puisse pêcher en spinning, le baitcasting avec une canne d’action progressive est idéal, car un chatterbait, ça tire quand même pas mal. Et surtout parce que ces moulinets permettent un démarrage instantané de la récupération dès que le leurre touche l’eau. Mais cette simple petite seconde gagnée fait la différence entre un leurre qui va s’enfoncer trop dans l’herbe et un autre qui, lui, va passer sans accrocher. Mais il arrive bien sûr que le leurre se prenne dans une tige. S’il s’agit d’un herbier un peu tendre, un mouvement très sec et violent, similiare à un faux ferrage, suffit généralement à libérer aussitôt le leurre, ce qui évite ainsi de gaspiller un lancer.

Une canne casting permet d’enclencher la récupération dès l’impact du chatterbait en surface ce qui est un paramètre important sur les zones d’herbiers, toujours dangereuses… mais souvent rentables.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Toute l'année

Rapidement, Sébastien prend quelques poissons, des brochets de taille modeste, autour de 50 cm. « C’est la reproduction de l’an dernier, explique-t-il. Avec tous ces herbiers, le brochet fraie très fort et on est envahi de petits ! » Sébastien me rassure en expliquant qu’on n’est pas à l’abri d’en faire un gros même si, dans cette eau assez chaude, il aurait sans doute mieux valu les chercher plus profondément, au leurre souple… Cela dit, le chatterbait peut s’utiliser toute l’année et dans différents types de profondeurs, même si, en effet, il n’est pas particulièrement adapté aux pêches profondes. Il suffit de modifier le grammage et la vitesse de récupération. En hiver, par exemple, il faudrait récupérer bien plus lentement avec un modèle plus léger tandis que l’été, la vitesse de récupération peut sans problème être plus rapide et le grammage plus lourd.

Le black-bass est l’espèce la plus souvent visée au chatterbait mais ce n’est pas la seule. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le bon grammage

Pour cette pêche d’herbiers, nous utilisons des modèles de 14 g récupérés rapidement. C’est certes assez lourd dans ce contexte mais ça permet de lancer plus loin et de laisser plonger un peu plus quand on s’écarte des herbiers, en ralentissant. De mon côté, je prends quelques poissons en lançant vers le large, sur un plateau profond de 4 m. À vue de nez, mon leurre doit nager pile entre deux eaux, c’est parfait pour ce type de zone. J’essaie avec un 21 g, mais ça ne va plus du tout pour les herbiers. Il faut donc bien choisir son modèle en fonction du secteur et de la vitesse souhaitée, ce qui suppose de posséder deux ou trois grammages, 10, 14 et 21 g étant les plus courants. Sur une bordure plus abrupte, avec 5 m d’eau devant les herbiers, nous touchons quelques sandres écartés du bord. Montés au passage du leurre ? Déjà décollés ? En tout cas, ça montre la polyvalence du leurre. Si globalement la technique est assez simple à mettre en œuvre, il y a néanmoins quelques subtilités à connaître, au niveau des coloris et, surtout, des trailers. Car bien qu’on puisse tout à fait utiliser un chatterbait sans trailer, notamment les modèles à jupe bien fournie, un leurre souple en trailer est bien utile. « Le trailer ajoute un peu de poids pour lancer plus loin et donne plus de volume, ce qui facilite l’aspiration, indique Sébastien. On décroche plus sans trailer car le poisson est piqué plus au bord. » C’est vrai surtout avec le black-bass dont les attaques sont basées sur de grosses aspirations.

Même si c’est jouable, il est rare que Sébastien n’utilise pas de trailer sur son chatterbait, comme ici sur celui du haut. Sur son modèle de référence, le Cajun Bladed Jig (Sakura), il adapte taille et surtout coloris de cet ajout. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

Ajuster les coloris

Or, il n’y a pas grand-chose à aspirer sur un chatterbait, ce n’est que du vide. Mais il faut néanmoins éviter les trop gros trailers qui dénaturent la nage et provoquent des ratés. L’idéal, c’est une 1,5 à 2 fois la longueur de la jupe, soit 10-12 cm. Le style de leurre souple utilisé en trailer a bien sûr son importance (voir encadré), tout comme les couleurs de la jupe et du trailer, avec les incontournables combos naturels (sombre ou nacré) en eau claire ou forte luminosité, et plus voyants en eau piquée (chartreuse, rouge, blanc, etc.). Rien de très nouveau.

L'importance du choix du trailer

  • Soft jerkbait : ce shad sans caudale va juste se contenter de retransmettre les vibrations de la palette en gigotant très légèrement. Il modifie peu la portance et permet de pêcher creux facilement. Pour eau froide ou poissons peu agressifs.
  • Shad à caudale : ce shad ajoute ses vibrations à celles du leurre et augmente sa résistance dans l’eau. Cela permet de pêcher plus haut et autorise des récupérations plus lentes.
  • Écrevisse ou double queue : augmente encore la portance, idéale pour les zones peu profondes avec végétation. Leurre d’été, eau chaude, poissons en bordure, facilite le skipping.

Un trailer long au maximum de deux fois la longueur de la jupe du chatterbait, comme ici ce shad finesse, va apporter une réelle contribution sans nuire à l’attractivité dont serait capable le leurre lui-même, utilisé seul. C’est ce mariage millimétré qui fait la force de l’ensemble. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

Quelle palette ?

En revanche, on pense moins souvent aux couleurs des palettes, 90% étant métallisées (argent ou or). Or, on trouve aussi des palettes noires ou en plastique translucide, et rien n’empêche de colorer une palette avec des feutres ou à la peinture. Pour les conditions de pêches de notre journée –gros soleil, peu de vent, eau plutôt claire, poissons peu actifs– les palettes noires donnaient mieux que les métallisées. Sans doute une histoire de brillance excessive. C’est du reste sur un chatterbait entièrement foncé et à palette noire que Sébastien va prendre en début d’après-midi le seul gros black-bass de la journée, un poisson de 54 cm pris au milieu d’un champ d’herbes immergé.

Quelques captures de sandres, quoique plus rares, démontrent néanmoins s’il en était besoin, la belle et très utile polyvalence de ce drôle d’engin qu’est le chatterbait.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Instructif

Au final, nous avons mis une bonne douzaine de poissons au sec et touché les trois espèces présentes. Rien de bien gros, un brochet de 70 cm et deux ou trois sandres de 60. Une pêche assez moyenne, sans aucun doute, mais que j’ai trouvée instructive. Il est clair qu’en France, rien ne s’oppose à utiliser le chatterbait toute l’année dans les biotopes peu ou moyennement profonds.

Appellation contrôlée

Le terme de Chatterbait est en fait une marque déposée par Z-Man, le fabricant qui a inventé ce leurre. Les autres n’ont donc pas le droit de l’utiliser. C’est donc le mot bladed jig (jig à lame) que l’on trouve fréquemment dans les catalogues et sur les packagings. Bien entendu, les pêcheurs continuent à utiliser ce terme de chatterbait qui est entré dans le langage courant, comme l’ont été thermos, canadair ou digicode.

 

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