Comme son cousin le chevesne, l’aspe est un cyprinidé, possède un petit estomac et est sans cesse en mouvement ! Il dépense donc beaucoup d’énergie, digère rapidement et a besoin de s’alimenter plus régulièrement que les autres poissons, ce qui explique qu’il est actif en journée quand la plupart des carnassiers sont au repos. Au cœur de l’été, les eaux sont claires et chaudes et le niveau des rivières est au plus bas, une situation idéale pour repérer et pêcher les aspes à vue, notamment sur les plages sur lesquelles ils viennent en groupe rabattre les alevins pour les engloutir. Mais l’aspe est méfiant, qui plus est dans ces conditions. Le pêcheur doit donc adapter sa technique et son approche pour ne pas être repéré tout de suite et espérer en leurrer quelques-uns.
Une petite proie
Il est préférable de revêtir une tenue sombre pour assurer votre discrétion au bord de l’eau. La paire de lunettes polarisantes est indispensable pour distinguer sous la surface et repérer les poissons avant qu’ils ne vous voient. J’opte pour des stickbaits de petite taille pour assurer une présentation discrète et imiter les proies chassées par les aspes à cette saison ; les modèles silencieux, de coloris naturels et inférieurs à six centimètres conviennent parfaitement. Pour les lancer et les animer convenablement, j’utilise un ensemble léger composé d’une canne de deux mètres à deux mètres vingt et d’une puissance de 5 à 15 g, associée à un moulinet en taille 2 000 garni d’une tresse de 0,9 à 0,13 mm sur laquelle j’ajoute un bas de ligne 0,25 à 0,28 mm maximum en pointe.
Le temps de l'observation
Il ne faut surtout pas se précipiter, il est préférable de rester à distance raisonnable pour observer longuement la zone de pêche avant de lancer un leurre. Le matraquage hâtif d’une zone ne fera pas forcément fuir les aspes, mais vous serez repéré rapidement et ils seront capables d’ignorer vos leurres tout en continuant d’engloutir des alevins sous vos yeux. Ces quelques minutes d’observation vont vous permettre d’identifier la zone de tenue des alevins et les secteurs sur lesquels les chasses explosent, ainsi que le manège des groupes d’aspes qui rabattent leurs cibles méthodiquement avant de lancer leur attaque. Le plus souvent, ces chasses interviennent à intervalles réguliers. Il est bon d’en laisser passer quelques unes sans bouger pour connaître ce timing, afin de savoir où et quand pêcher tout en limitant le nombre de lancers sur la zone pour assurer votre discrétion.
Des posés discrets
Prenez soin de vous déplacer à pas de loups en pénétrant un peu dans l’eau si nécessaire, pour être certain de pouvoir lancer en amont des zones d’attaque. Les plus petits stickbaits peuvent être déposés à moins d’un mètre des boules d’alevins ou des chasses, mais il faut les mettre en action dès qu’ils se posent sur l’eau, car il n’est pas rare que les touches interviennent dans les premiers tours de manivelle. Concernant les modèles un peu plus longs et lourds ou plus denses, comme les stickbaits coulants, il est préférable de les lancer plus loin en amont pour ne pas que l’impact sur l’eau alerte les poissons. Cela vous laisse le temps de corriger la trajectoire du leurre et la vitesse de récupération selon la force du courant, pour passer proprement sur la zone avec une animation appliquée.
Pas d'acharnement
Dans ces conditions, une dizaine de lancers appliqués rapportent toujours plus qu’une multitude de lancers réalisés à la hâte. Les aspes travaillent en équipe et quand vous avez capturé un ou deux spécimens, vous cassez la stratégie de groupe. Ceux que vous n’avez pas attrapé sont alertés par l’absence de leurs congénères. Il est préférable de faire des sauts de puce sur plusieurs postes pour laisser les aspes se réorganiser et vous oublier, avant d’y revenir et de bénéficier à nouveau de l’effet de surprise, l’une des principales clés de la réussite en cette saison estivale.
La sélection de Julien
Stream Ripper 60 (Illex)
Ce petit stickbait silencieux et coulant de 6 cm pèse 6,4 g. Il est très dense pour sa taille et peut être propulsé à longue distance. Il possède une nage erratique et très aléatoire selon la fréquence des coups de scion que l’on lui imprime. Ramené en linéaire, il frétille à la descente lors des pauses. Il est idéal pour passer vite au cœur des chasses.
Gomoku Pencil 45F (Storm)
C’est l’un des plus petits stickbaits du marché. Il est flottant, mesure 4,5 cm, pèse 2,7 g et possède une bille bruiteuse très discrète. Il se propulse assez loin malgré son petit gabarit et nage en walking the dog régulier et très serré. Il est parfait pour prospecter de manière appliquée et discrète sur les zones peu profondes.
Riserbait 004 (Illex)
Hybride entre un stickbait et un flapper, il mesure 4 cm et pèse 5,5 g. Il est muni d’une petite bavette métallique en tête imprimant des animations et nages différentes d’un stickbait classique. Il flappe l’eau en surface et se désaxe selon la vitesse de récupération en propulsant des gerbes d’eau en surface. Il imite un alevin en fuite.
L60 (Lurefans)
Ce stickbait très dense et muni d’un seul hameçon en queue mesure 6 cm et pèse 12 g. Il atteint des distances records malgré sa petite taille. Il s’anime en linéaire rapide en ponctuant vos animations de coups de scions pour le désaxer et lui imprimer une nage erratique. Maintenez-le sous la pellicule au travers des chasses