Avec ses nageoires pointues et son profil fuselé, l’aspe est un poisson agile et rapide. Sa mâchoire étant dépourvue de dents, il ne peut pas saisir ses proies et doit les engloutir. C’est pourquoi il chasse en mouvement et développe un comportement rhéophile. Au cœur des courants, il peut fondre sur sa cible pour lui couper la route et l’avaler.
Le bon équipement
L’aspe est un poisson méfiant et il est préférable d’opter pour une approche du bord, plus discrète que l’embarcation. Une paire de waders permet de vous avancer un peu dans l’eau pour vous positionner idéalement et atteindre les zones de courant situées au milieu de la rivière. Une canne spinning de 2,10 à 2,30 m possédant une action rapide offre un bras de levier idéal pour appuyer vos lancers. Elle sera assez nerveuse pour imprimer des animations dynamiques à vos jerkbaits. Équipez-la d’un moulinet de taille 2500 à 3000, possédant une récupération de plus de 80 centimètres par tour de manivelle pour pêcher vite, et avalez le mou dans la bannière. Garnissez la bobine avec une tresse huit brins 0,11 à 0,14 mm. Fixez une pointe de deux mètres en fluorocarbone en guise de bas de ligne pour la discrétion d’un diamètre de 0,30 à 0,35 mm pour encaisser les attaques puissantes de l’aspe. Concernant les jerkbaits, privilégiez des modèles denses de type coulant ou suspending, qui se lancent loin et ne décrochent pas dans les courants.
Des modèles classiques
Ceux silencieux et possédant des coloris naturels aux flancs argentés offrent les résultats les plus réguliers, notamment en eaux claires. Les poissons-nageurs au profil plat se déhanchent généreusement et sont plus repérables que les modèles au profil rond dont la nage est plus discrète et régulière, il convient de varier les deux. Parmi les modèles renommés citons les Duo Spearhead de Ryuki, D-Contact de Smith, MNW de Caperlan ainsi que le Tricoroll d’Illex, le tout dans des tailles allant de 85 à 110 mm. À la belle saison, les aspes ne quittent que très rarement les eaux vives et c’est tout l’intérêt de ces postes. On peut tout de même les voir rôder dans les secteurs calmes aux extrémités du jour où ils viennent chasser les alevins qui s’y abritent mais ils rejoignent rapidement les courants et s’y maintiennent en journée. Leur activité est régulière car ils dépensent beaucoup d’énergie et possèdent un estomac de petite taille. Les poissons sont actifs du lever du jour jusqu’au coucher du soleil.
Trois angles d'attaque
Quand il est nécessaire de pénétrer dans l’eau, prenez toujours soin de réaliser quelques lancers devant vous, au cas où un aspe rôde près de la berge. Une veine de courant sera prospectée en trois étapes. La première consiste à se placer en fin de courant, en aval. On lance son jerkbait à la naissance de celle-ci, en amont. Il est important de refermer le pick-up du moulinet au moment où le leurre touche la surface pour entamer immédiatement une récupération linéaire à toute vitesse. C’est la seule solution pour faire vivre votre leurre dans le sens du courant et conserver la bannière tendue ! La deuxième étape consiste à remonter la veine d’eau sur le côté pour l’aborder en travers avec des lancers trois-quarts amont. Vous pouvez désormais varier les animations et la vitesse de récupération en alternant linéaire, stop and go ou jerking ponctué de courtes pauses. Vous remonterez de cette manière jusqu’à la naissance de la veine d’eau. Une fois positionné en amont, lancez votre jerkbait minnow au cœur du courant, à quelques mètres devant vous en aval, puis maintenez-le sur place en le laissant vivre. Vous pouvez donner quelques petits coups de scion pour animer le leurre avant d’ouvrir le pick-up pour le laisser filer quelques mètres plus bas et renouveler l’opération. On procède ainsi jusqu’à ce que le poisson-nageur atteigne la fin de la veine d’eau puis on le récupère lentement car il arrive qu’il soit intercepté durant cette dernière phase.
Pour remporter le combat
Les attaques des aspes sont violentes et, en plein courant, leur force et leur vitesse sont décuplées. Un poisson loupé ne reviendra pas et l’aspe a la gueule dure, il faut donc serrer le frein généreusement au départ et s’assurer que le poisson-nageur est équipé d’hameçons de qualité. C’est l’assurance de le piquer à la touche. Il est inutile de ferrer, vous n’en aurez pas le temps ! Il suffit de lever la canne pour faire opposition puis de desserrer le frein pour gérer le combat et ramener la prise tranquillement. Vous aurez ainsi tout le loisir d’attraper l’épuisette et/ou de rejoindre la berge pour l’échouer et le manipuler délicatement avant de lui rendre sa liberté.