Soigner ses approches

S ’il est difficile de lister l’intégralité des critères qui contribuent à la réussite d’une sortie, il est une chose qui relève de la seule maîtrise du pêcheur, du bord comme en bateau, c’est la qualité de ses approches, l’application avec laquelle il choisit d’aborder chaque poste. Observation, discrétion, distance, angle… autant de détails qui comptent tout au long de la saison pour ne pas se faire repérer.

Les pêches de surface

On pratique généralement les pêches à proximité de la surface à la belle saison, en eaux claires, en profitant des gobages, des chasses et de toute autre activité visible. Cela permet de repérer, et parfois même de pêcher, les prédateurs à vue. C’est évidemment l’approche qui nécessite de prendre le plus de précautions car le pêcheur s’expose directement dans le champ de vision des poissons en maraude. On choisira donc des vêtements plutôt neutres et sombres, de type brun, gris ou kaki pour se fondre dans le décor. On peut même, par précaution, couvrir ses bras et son visage quand l’eau est translucide.

Léger, léger

Le maître mot en termes d’équipement, c’est la légèreté car plus on est chargé, moins on est discret. Un ensemble canne-moulinet et une ou deux boîtes de leurres suffisent selon l’espèce visée. Prévoyez une paire de waders si vous souhaitez évoluer dans l’eau ou depuis un float-tube, des options à privilégier quand les berges sont inaccessibles. En rivière, si vous optez pour le wading, prenez soin de pénétrer dans l’eau en aval pour remonter vers le poste et aborder les poissons postés, nez dans le courant, par l’arrière. Le substrat déplacé lors de vos déplacements filera en aval sans alerter les poissons. N’oubliez jamais la paire de lunettes polarisantes, outil indispensable du pêcheur à vue. Prenez le temps, quand c’est possible, d’observer le poste depuis un point de vue situé en hauteur et de l’approcher par étapes, en cherchant le meilleur angle d’attaque possible. Scrutez la surface avec attention entre chaque déplacement pour détecter la moindre activité sans vous faire repérer. N’hésitez pas à vous accroupir quand vous arrivez à portée de leurre de la zone ou du poisson visé. Il ne reste plus qu’à se concentrer pour réaliser un lancer précis et discret, le premier étant le plus important car vous bénéficiez encore de l’effet de surprise. Avec un leurre lourd, n’hésitez pas à lancer un peu plus loin que nécessaire pour rester discret.

Les bordures

On pêche les bordures en toutes saisons. Elles peuvent être plus ou moins encombrées mais la profondeur y est généralement faible. Ce sont des postes de refuge, on y trouve souvent des prédateurs au repos ou postés le nez vers le large. Quand la berge est dégagée, l’approche discrète décrite précédemment convient parfaitement, mais pour pêcher une bordure inaccessible, encombrée d’obstacles ou de structures, il est préférable d’utiliser une embarcation. Palmes, pagaie ou moteur électrique permettent d’approcher avec discrétion et de bénéficier d’un meilleur angle d’attaque en pêchant la bordure dans le sens du tombant. Il est important de mettre à l’eau loin du poste et de l’aborder à distance, depuis le large, en se maintenant au-dessus d’une profondeur dite de discrétion, supérieure à trois mètres. On se rapproche ensuite par étapes.

De la méthode

On commence ainsi par pêcher la zone du tombant avant de s’y positionner pour prospecter juste devant les herbiers et obstacles qui jonchent la bordure. Par la suite seulement, on peut approcher au plus près pour rechercher les poissons embusqués au cœur des embâcles. De cette manière, vous êtes certain de ne pas passer au-dessus de poissons, de ne pas non plus devoir récupérer un leurre accroché dans un obstacle au premier lancer et d’anéantir par la même occasion toutes vos chances de capture en dérangeant trop le poste. Si vous souhaitez faire plusieurs passages, réalisez le premier avec des leurres discrets qui nagent dans les couches d’eau superficielles. Vous pourrez repasser ensuite avec des leurres qui nagent plus creux ou qui sont nettement moins discrets.

Les pêches de fond

On pêche aussi à proximité du fond en toute saison, notamment lors des périodes froides, quand les poissons redescendent dans la couche d’eau. Dans ce contexte, un pêcheur du bord qui prend les précautions habituelles n’a que très peu de risque de se faire repérer. Il devra tout de même prendre soin de débuter sa prospection avec des montages légers avant d’alourdir si besoin pour ne pas taper lourdement le fond dès le départ, au risque d’accrocher son montage et d’alerter les poissons. Il faut en revanche être bien plus vigilant depuis une embarcation car, même depuis le fond, les poissons peuvent vous repérer facilement. Sous la surface, le moindre son (voix, bruit dans la coque) se propage quatre fois plus vite que dans l’air.

À distance

L’ombre de l’embarcation sur la surface est également repérable en eau claire et le volume d’eau qu’elle déplace ne passe pas inaperçu. En ce sens, un float-tube ou une embarcation compacte seront toujours plus discrets qu’un gros bass-boat. En bateau, on coupe le moteur thermique à bonne distance du poste pour approcher au moteur électrique. On fonctionne à nouveau par étapes en privilégiant des dérives naturelles pour passer silencieusement sur les postes. N’hésitez pas à faire un premier passage au sondeur pour analyser la zone et le positionnement des poissons sans pêcher. Vous pourrez vous ancrer à distance raisonnable pour tenter votre chance en linéaire avant de faire d’autres passages en pêchant à la verticale. En cas d’accroc, il ne faut jamais fouetter la tresse en tirant par à-coups, c’est le meilleur moyen de faire fuir les poissons. Mieux vaut faire demi-tour pour décrocher son leurre discrètement avant de recaler sa dérive.