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Comment aborder les rassemblements de poissons fourrage ?

Crédit photo Vincent de Bruyne
Tout le monde s’est déjà retrouvé au bord de l’eau, que ce soit du bord, en bateau ou en float-tube, devant un grand regroupement de poissons blancs (gardons, ablettes, brèmes ou encore perchettes…), sans trop savoir comment pêcher. Quel leurre ou technique proposer aux carnassiers, à quelle profondeur pêcher, faut-il favoriser un aspect imitatif ou agressif du leurre, comment se placer du bord ou en bateau pour attaquer la boule ? Toutes ces questions nous viennent à l’esprit, alors que faire face à ces situations ?

Il faut d’abord noter que ces rassemblements ont lieu le plus souvent à l’automne et pendant l’hiver. Quand je parle de rassemblement, je parle de boules de poissons fourrage de plusieurs dizaines (étang et rivière) à plusieurs centaines de mètres carrés (lac). Je parle du moment où quasiment tous les poissons d’une pièce d’eau se retrouvent au même endroit, souvent la zone la plus profonde, pour passer l’hiver. Mais des rassemblements de poissons fourrage, on en voit toute l’année en banc, souvent un peu plus éparpillés qu’en hiver.

Le phénomène de regroupement des poissons blancs s’applique bien entendu également en rivière.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

De sacrés hot spots

Ces concentrations sont toujours importantes, d’autant plus que la pièce d’eau est faiblement riche en poissons blancs, car elles attirent de loin les carnassiers, et ce quelle que soit la saison. Il s’agit bien ici de spots où toute la blanchaille se retrouve, souvent à peu près aux mêmes périodes de l’année, et que les carnassiers connaissent par cœur ! Cela peut être à la sortie du printemps quand les eaux se réchauffent et que les poissons blancs se regroupent pour frayer, en été dans les zones oxygénées, en hiver dans les zones profondes… Ces spots sont souvent bien connus des pêcheurs locaux, et parfois, la concentration de pêcheurs permet d’identifier sans délai la bonne zone. Voilà tout de même quelques pistes pour vous permettre de cibler plus rapidement le type de spot, suivant le milieu et la saison, où vont se passer ces rassemblements.

• En lac, il suffira de suivre les rassemblements de barques pour savoir où cela se trouve. Ce sont souvent les zones les plus profondes des lacs, là où la température de l’eau varie le moins, en été comme en hiver. Ce sont aussi les digues ou les murets en pierre qui proposent abri et nourriture pour les poissons blancs et qui se réchauffent dès que les rayons du soleil transpercent les nuages de l’hiver ou du printemps, les bordures et les baies peu profondes au moment du frai.

• En étang et en lac peu profond, en hiver ce sont les restants d’herbiers, les gros arbres ou arbustes s’avançant loin dans l’eau (ils servent d’abris et de zones de confort aux petits poissons), le moine (ouvrage pour vidanger la pièce d’eau) ou encore la digue et les murets toute l’année, les bordures et les baies peu profondes au moment du frai.

• En rivière, on cherchera en hiver les fosses coupées du courant principal et les intérieurs de virage, surtout s’ils sont profonds ou avec une sous-berge, les entrées de ballastières ou de canaux, les zones calmes de contre-courant en bordure, et pour les rivières navigables : les péniches habitées ne circulant plus. Le chauffage dans les péniches réchauffe légèrement l’eau et attire une multitude de poissons. Pourquoi ne pas en profiter, en respectant bien sûr les installations et leurs habitants. À la belle saison, on cherchera les bras morts peu profonds et les bordures au moment du frai, les zones de courant et les derrières de barrage ou d’écluse à partir de la zone autorisée à la pêche.

Une boule de gros poissons fourrage détectée sur le sondeur.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

En bateau, l’électronique sera un allié précieux pour trouver plus rapidement les rassemblements. Grâce à votre échosondeur, il sera simple de voir une boule de poissons fourrage à l’écran lors de vos déplacements. Pour ceux possédant des échosondeurs plus perfectionnés, il est facile de les chercher spécifiquement grâce au système de balayage sur les côtés du bateau (side imaging chez Humminbird, structure scan chez Lowrance…). Balayer 25 mètres de chaque côté du bateau fait vraiment gagner un temps précieux, mais ne fait pas attraper les poissons. J’insiste sur ce point, car une fois repéré, il faut encore savoir comment les aborder et les pêcher. Les poissons ne se jettent pas sur tout, sinon la magie de la capture n’opérerait plus !

Les crues sont un bon moment pour regrouper les poissons fourrage en rivière dans les entrées de bras morts.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Du bord, observation et technologie

Pour ceux n’ayant pas la chance d’avoir une embarcation et pêchant du bord, rien n’est perdu. Il faudra juste être observateur. N’est-ce pas là un des charmes de la pêche ! Pour cela, il faudra vous munir d’une bonne paire de lunettes polarisantes et observer l’eau. Les rassemblements de poissons blancs trahissent souvent leur présence par des miroitements dans l’eau claire, des petits ronds très réguliers à la surface de l’eau (souvent au lever et au coucher du soleil, ou lorsque le soleil est haut en hiver par exemple). Il faudra observer les oiseaux aussi : goélands, sternes, grèbes huppés… sont autant d’indicateurs de la présence de poissons blancs. Lorsque l’on a un peu de chance, on pourra également observer de véritables chasses, des frénésies alimentaires pendant lesquelles les carnassiers font exploser les poissons blancs en surface, quitte à eux même sortir de l’eau. Ces moments sont magiques, et l’observation du pêcheur prend alors tout son sens. Vous pouvez aussi regarder Google Earth pour trouver des informations, ou encore des applications sur votre Smartphone, qui vous donneront la bathymétrie de certains biefs de rivière ou lac. Cela fait gagner du temps pour repérer les fosses par exemple. Il existe enfin des échosondeurs portables connectés à votre Smartphone. L’action consiste à jeter la sonde accrochée au bout de votre ligne grâce à votre canne à pêche, et de scanner depuis le bord la zone que vous souhaitez pêcher. Une manière 2.0 d’observer et de découvrir ses spots ! Il ne reste alors plus qu’à interpréter ce que l’on voit, faire les bons choix et le bon placement, pour ensuite attraper le ou les poissons présents sur la zone. Car c’est là aussi une des caractéristiques des regroupements de poissons blancs. Non seulement ils regroupent les gardons, les ablettes, les brèmes… parfois par milliers sur le même secteur, mais ils regroupent aussi les carnassiers. Il n’est alors pas rare de faire trois, quatre brochets ou plus sur le même spot lors de rassemblements hivernaux, ou même de voir les perches, les silures et les brochets chasser ensemble lorsque les poissons blancs (brèmes, gardons…) se rapprochent du bord pour frayer au printemps ! Il faudra donc insister après la prise d’un premier poisson, cela signifie qu’il y en a sûrement d’autres en attente autour du regroupement de poissons blancs que vous avez trouvé.

Une lame au milieu des vifs est une option à ne pas négliger.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Discrétion, le maître mot

Pour aborder les zones, que ce soit en bateau ou du bord, il faudra être discret. Évitez d’avoir le pied lourd, les coffres du bateau qui claquent, les bruits de portières… Ce sont autant de paramètres qui éviteront de voir s’enfuir le banc avant même d’avoir pu lancer. Si c’est possible, on évitera de s’approcher trop près du banc. J’ai pris l’habitude de me mettre à distance de lancer, mais pas plus près. J’essaye aussi de lancer derrière ou autour du banc, mais pas dedans, afin de ne pas apeurer les poissons. Cela signifie que l’on préférera une approche avec un leurre ou un appât qui tangente avec le banc, plutôt qu’un gros « plouf » au milieu du banc. On gardera le gros « plouf » en dernier recours, avant de quitter le poste, lorsque les carnassiers ne veulent rien savoir sur des approches discrètes et que l’on va essayer de déclencher une attaque par agressivité.

Quand les brochets sont sur les perchettes à l’automne, un leurre imitatif fait le job.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Des prédateurs parfois sélectifs

Pour ce qui est de la technique à employer, tout reste permis. On aurait tendance à se dire que dans ces situations, un beau gardon bien présenté au bout d’un flotteur ou d’une Drachko saura séduire le plus apathique des carnassiers. Mais face à un regroupement, les carnassiers savent être très sélectifs. Pour faire la différence, il faut prendre en compte trois facteurs afin d’essayer de déclencher l’attaque d’un carnassier.

• Le facteur naturel : pour ceux pratiquant aux appâts, présenter un appât vivant ou mort dans ce type de situations est souvent rentable. On ne compte plus le nombre de fois où les pêcheurs aux appâts mettent de « véritables volées » aux autres pêcheurs, car les carnassiers ne veulent que du naturel. C’est pour cela qu’il faut soit s’adapter, soit accepter, mais surtout ne pas dénigrer cette pêche. La connaître et savoir pêcher aux appâts fait partie du bagage du pêcheur de carnassiers. Ensuite, libre à chacun de l’utiliser en fonction de ses préférences et de ses envies. Mais attention, une belle pêche aux appâts est bien plus technique qu’il n’y paraît ! La qualité de présentation, la finesse du matériel employé, le choix des profondeurs, un montage adapté pour éviter d’engamer loin… sont autant de paramètres à maîtriser pour être régulier dans ses résultats. D’ailleurs, le drop-vif est une belle solution dans ces situations. Le compromis entre une technique dérivée du leurre et la présentation d’un appât vivant est intéressant, et les carnassiers n’y sont pas insensibles !

• Le facteur imitatif : au leurre, on peut chercher à se rapprocher le plus possible des proies. On utilisera alors pour le brochet des leurres imitatifs ressemblant dans la forme et les couleurs le plus possible aux poissons fourrage rencontrés : dos sombre-flancs argentés-blancs pour les gardons, dos bleu-flancs brillants pour les ablettes… À ces moments, j’affectionne particulièrement les jerkbaits minnow suspending avec de longues pauses au milieu du banc (Illex Magsquad 128, B’Freeze 100 SP…). J’ai aussi un penchant pour les cuillers tournantes Mepps Aglia en feuille de saule dans ces situations ainsi que pour les leurres souples entre 8 et 15 cm (G’bump Gunki, série réaliste Fox…). Pour les perches, de petits leurres souples ressemblant à des alevins de 6-10 cm et présentés en drop shot ou en linéaire, des imitations d’écrevisses en carolina rig, ou des jerkminnows de 6-10 cm seront parfaits.

• Le facteur incitatif : au leurre, lorsque l’aspect imitatif ne fonctionne pas, on peut jouer sur le côté agressif afin de déclencher les touches. Pour le brochet, j’aime alors pêcher avec des leurres très sonores (crankbait, lipless…), de gros jerkbaits déplaçant beaucoup d’eau et avec de longues pauses (Illex Dexter Jerk, Buster Jerk, Big Bandit…), mais aussi de gros leurres souples de 20 à 25 cm (G’bump Gunki, Dexter Shad Illex, Westin Shad Teez…) qui traversent et coupent le banc de poissons blancs. Pour les perches, ma préférence va aux lames et aux spintails ramenés proches du fond ou entre deux eaux suivant la tenue des poissons, et aux leurres souples de 8-10 cm plombés lourds et ramenés vite.

Pêcher lentement près du fond prend tout son sens en lac lorsque les brochets sont sélectifs.
Crédit photo : Vincent de Bruyne

Il m’est souvent arrivé d’assister à des frénésies alimentaires de carnassiers, des chasses spectaculaires dans les bancs de poissons fourrage, mais de ne pas réussir à déclencher de touches. C’est alors le moment de sortir mes petites astuces.

• La première, c’est pêcher très fin et léger dans et autour du banc de poissons fourrage. Que ce soit du bord ou en bateau, j’affine mes montages le plus possible et je pêche avec de tout petits leurres. Il m’est arrivé de pêcher les brochets en compagnie de Gaël Even avec une canne 3-10 g, une tresse en 8/100, une tête de ligne en fluoro 25/100 et une petite pointe en fluoro 35/100 ou acier très fin et souple pour ne pas me faire couper. Canne souple et frein desserré, ça passe, il faut juste prendre son temps. Ce qui est amusant ainsi, c’est que l’on attrape de tout comme carnassier : brochets, perches, sandres ou même silure… Mais pour ce dernier, le combat est une autre paire de manches !

• La seconde astuce vaut surtout pour le brochet. Elle consiste à pêcher gros, très gros. Avec des leurres souples de 20 à 25, voire 30 cm, une canne de puissance 30-120 g minimum, un fluoro en 80/100 et une grosse tresse en 25/100 minimum. Cela marche très souvent et permet de déclencher des touches d’agressivité. Dans certaines situations, il faudra pêcher lentement près du fond (notamment lorsque les poissons sont calés sous la boule de fourrage) ou, à l’inverse, vite et entre deux eaux pour faire exploser la boule de poissons fourrage et déclencher l’attaque du brochet (notamment en phase d’activité).

Recherchez les boules de poissons fourrage lors de vos prochaines parties de pêche. Il y a de fortes chances qu’un ou plusieurs carnassiers rôdent autour de celle-ci. À vous de trouver la solution pour déjouer leur méfiance !

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