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Laponie suédoise : des brochets au pays des saumons !

La Laponie suédoise, au nord du cercle arctique ? Un nouveau camp de pêche ? Un potentiel halieutique à découvrir ? Il ne m’aura pas fallu longtemps pour me décider à embarquer dans cette aventure au bout du monde. La Laponie est un des derniers grands espaces sauvages d’Europe, et avoir la possibilité d’y pêcher est un privilège rare. Aussi, lorsqu’on me propose de me joindre à l’aventure pour tester le potentiel « pêche aux leurres » à Juno Camp, mon sang ne fait qu’un tour. Spécialisée dans la recherche des grands saumons de la Baltique, cette nouvelle structure de pêche, proposée par David Gauduchon et Le Poisson voyageur, est très orientée pêche à la mouche. Et si la pêche de ces derniers géants d’Europe est possible au lancer, rien n’a été validé concernant une possible approche des carnassiers aux leurres. Telle sera notre mission : trouver et prendre un maximum de poissons aux leurres. Un programme plus qu’alléchant.

Rendez-vous est donc pris à Roissy avec l’équipe qui se compose d’un photographe, Christophe, de trois pêcheurs à la mouche de haute volée (Christian, Jean-Didier et Laurent) ainsi que de deux Arnaud, un excellent pêcheur au leurre et moi-même. Nous embarquons pour Helsinki, et après un vol sans histoire, nous prenons une correspondance pour Rovaniemi, au nord du cercle arctique. L’atterrissage nous laisse deviner d’immenses forêts ainsi que de nombreux lacs et rivières. La fièvre gagne progressivement le groupe à ce spectacle et nous récupérons enfin tubes et bagages avant de prendre possession de nos breaks de location. Direction le Nord, encore, et la frontière finlando-suèdoise, pour repasser en Suède et rejoindre la petite ville de Junosuando, au bord du fantastique fleuve Torne.

Juno Camp offre un excellent confort.
Crédit photo : Arnaud Brière

Plus personne ne tient en place

Nous n’avons pas fait 2 km que l’on croise notre premier renne, traversant tranquillement la route. Ce coup-ci, on y est, plus de doutes ! Les forêts de sapins s’étendent à perte de vue et seuls les cours d’eau et les lacs rompent la monotonie de ce magnifique paysage. Les rennes sont omniprésents dans les sous-bois ou le long de la route. Nous passons la frontière, bien évidemment marquée par une rivière de 500 mètres de large… Les villages s’espacent de plus en plus, nous approchons du but : into the wild ! Nous arrivons en début de soirée à Juno Camp, où David nous accueille avec sourire et une bière de bienvenue ! Le camp est situé à l’extérieur du petit village de Junosuando, le long de la Torne. Il est constitué de petits chalets en bois et d’un immense lodge traditionnel abritant des salons, un bar, le restaurant, une cheminée, ainsi que les cuisines, des locaux techniques (pour float tubes, waders et divers matériels de pêche), mais aussi des cibles de fléchettes et un billard… Le tout ayant vue sur la rivière s’il vous plaît. Et quelle rivière ! 200 mètres de large à cet endroit (bien plus ailleurs), un courant puissant et des eaux limpides… ça sent le salmonidé à plein nez ! L’endroit est magique et plus personne ne tient en place.

La Torne constitue un sacré biotope où se côtoient de nombreuses espèces.
Crédit photo : Arnaud Brière

Ici, le ton est vite donné car il ne fait jamais nuit et on peut pêcher 24 h/24. Mais « pensez à aller dormir quand même les gars », précise David. Il en profite d’ailleurs pour nous exposer le programme de la semaine. Trois soirées et débuts de nuit seront dédiés à la pêche du saumon sur un parcours de la Lainio, dans le comté de Norrbotten, en compagnie de guides locaux. De nombreux parcours à ombres sont également disponibles (les pêcheurs à la mouche remuent sur leur tabouret de bar) ainsi que des petits lacs à truites et à arctic chars, accessibles en 4x4 et « pêchables » du bord et en float tubes. Pour Arnaud et moi, en dehors des journées saumon, une petite embarcation, rapide, faite pour remonter les courants puissants, est à notre disposition. Elle nous permettra d’explorer la Torne, mais surtout ses bras morts et les nombreuses baies qui jalonnent son parcours. Christopher, qui gère l’intendance du camp, nous indique une grande darse située un peu en amont où des brochets auraient été pris. Voilà le point de départ !

Dès votre arrivée, vous avez hâte d’en découdre.
Crédit photo : Arnaud Brière

Un premier coup du soir

Nous nous jetons tous sur les tubes pour monter les cannes, et une autre réalité nous rattrape : celle des fameux moustiques lapons. Ils sont aussi nombreux et assoiffés que la légende veut bien le décrire et notre spray antimoustique devient notre meilleur ami. Sur terre, c’est vraiment incommodant, mais sur l’eau c’est supportable, d’autant que nous ne laissons pas dépasser grand-chose, casquette et Buff aidant. Il est près de 23 heures quand nous embarquons avec Arnaud, et il fait véritablement jour. C’est déroutant et excitant. Ce jour-là, nous pêcherons jusqu’à 3 heures du matin pendant que les moucheurs sont partis tenter leurs premiers ombres du bord à proximité immédiate du campement.

Les perches constituent des prises de choix.
Crédit photo : Arnaud Brière

J’ai dégoté dans une petite remise un moteur électrique et une batterie que me prête Christopher et qui se révéleront bien utiles lors de notre séjour. C’est avec une excitation non dissimulée que nous nous éloignons prudemment de la berge. La première constatation, c’est que le courant est fort, très fort, et que les dérives se font à plus de 10 km/h… Il va falloir trouver des zones de calme ou de retour de courant pour tenter notre chance dans la rivière. Mais pour le moment, cap sur la darse située à 2 km en amont. Nous stoppons le bateau à son entrée, où le courant crée un remous avant le calme du passage qui mène au plan d’eau situé derrière. Nous attaquons un herbier prometteur au jerkbait, culture irlandaise oblige ! Et nous enregistrons immédiatement nos deux premières touches, qui se concrétisent par deux petits brochets de 50 cm. Premiers lancers et premiers poissons, l’optimisme et l’excitation règnent à bord ! Nous peignons la zone sans autre contact et poussons plus en avant. Les poissons semblent collés aux bordures, tapis dans des herbiers très peu profonds. Après avoir tenté notre chance en pleine eau au jerk et au swimbait, nous optons pour des stickbaits et nous nous rapprochons à nouveau des berges. Les poissons sont bien là, et nous en prenons plusieurs entre 50 et 70 cm. Mais ils sont assez espacés les uns des autres et nous avons le sentiment de pouvoir mieux faire. Nous arrivons enfin sur un haut-fond recouvert d’herbiers. La zone semble prometteuse et, effectivement, les touches se multiplient. Au dixième lancer, un remous bien plus important fait disparaître mon stickbait. J’attends le contact avant de ferrer et là, c’est plus sérieux… Il me faudra quelques minutes pour le mettre à l’épuisette. Voilà le premier « bloc » lapon qui accusera finalement 107 centimètres. Il est 3 heures du matin et nous décidons de rentrer. Quelques coups de ligne à l’entrée nous permettent de prendre nos premières perches… ce n’est pas si mal pour une première ! Nous accostons sous le soleil et retrouvons d’autres pêcheurs autour d’une bière au bar. Il est presque 4 heures du matin… Surréaliste.

Plus anecdotiques mais néanmoins sympathiques, les prises d’ide sont toujours inattendues.
Crédit photo : Arnaud Brière

Une pêche à l’ombre

La journée du lendemain est dédiée à la pêche de l’ombre dans l’après-midi et du saumon dans la soirée jusqu’à tard. En effet, la plus faible luminosité de la « nuit » est favorable au saumon. Nous voilà donc partis, pêcheurs aux leurres et à la mouche, pour rejoindre la Lainio River. Nous prenons donc la route à travers la forêt. Puis nous enchaînons sur une piste et finissons à pied avec un petit quart d’heure de marche. L’impression d’être seuls au monde est omniprésente. Nous débouchons enfin sur une corniche surplombant la rivière et le paysage qui s’offre à nous est grandiose. La Lainio s’étend à nos pieds, majestueuse et prometteuse… Les pêcheurs à la mouche se jettent sur leurs cannes pour aller faire un festival d’ombres. Je décide d’aller faire de même avec une canne à leurre. Il me faudra un petit quart d’heure pour trouver le bon accessoire, et c’est finalement au micro-spinnerbait que je prendrai les premiers. Contrairement à la mouche, les beaux poissons ne se font pas prendre facilement et je ne dépasserai pas 30 cm. Une espèce de plus au compteur, c’est ça qui compte, et je passe rapidement à la recherche du saumon. Les rivières de la région abritent des remontées de grands saumons de la Baltique, dont certains font 1,30 m pour 40 lbs… Cela laisse rêveur et je décide de ne pas lâcher la canne jusqu’à 3 heures du matin. J’opte pour une cuiller ondulante, recommandée par le guide suédois qui nous accompagne. Le but est de peigner la rivière en arc de cercle jusqu’à ce qu’un de ces poissons de légende se décide, et être prêt à courir…

Lainio River offre de réelles opportunités pour le pêcheur de salmonidés.
Crédit photo : Arnaud Brière

Hélas, les saumons ne sont pas joueurs. Les niveaux sont assez bas et comme le courant est relativement faible, ils ne s’arrêtent pas sur les pools pour se reposer. De plus, nous sommes tôt dans la saison et le guide nous explique que les remontées sont encore faibles. Toute l’équipe tente sa chance avec obstination pendant de nombreuses heures, certains à la mouche, d’autres aux leurres, mais nous rentrons sans le graal. La journée du lendemain sera du même tonneau. Les pêcheurs à la mouche enchaînent de nombreux ombres et quelques truites et brochets viennent nous donner des sueurs froides en tapant sur nos cuillers, mais de saumons point.

Un joli 107 cm pour Arnaud
Crédit photo : Arnaud Brière

Tout pour le brochet

Nous décidons avec Arnaud de consacrer les trois jours et deux nuits qui nous restent à la traque du brochet sur la Torne. Nous varions les horaires et enchaînons les sessions à toutes les heures du jour et de la nuit. La pêche s’avère compliquée et, hormis Arnaud qui réalise une jolie série de brochets entre 60 et 70 cm au swimbait dans une petite darse, les résultats sont maigres. Nous trouvons des zones très prometteuses, mais qui ne répondent pas vraiment et ne produisent que des petits poissons. Une session en float tube l’avant dernier jour ne change pas la donne et nous ne prenons que quelques petits poissons, sur un lac pourtant magnifique. Nous repartons la veille du dernier jour avec Arnaud, aux alentours de 22 heures. Il enchaîne tout de suite un brochet et deux ides superbes aux jerks. Le début de nuit est très calme et nous passons presque trois heures sans touche. Nous commençons à nous dire que nous passons à côté de quelque chose quand nous retournons près de la zone où nous avions fait le 107 cm le premier jour. Mon stickbait est rapidement attaqué par un petit bec. Ouf, une touche, ça fait du bien.

Un 124 cm, plus belle prise du séjour.
Crédit photo : Arnaud Brière

Je relance deux fois avant de voir surgir une tête énorme des herbiers. La gueule ne s’ouvre pas et je relance le cœur battant. Le poisson n’hésite pas au deuxième passage, il saute en engloutissant mon leurre de surface… J’attends le contact avant de ferrer et je sais rapidement que je tiens le poisson du séjour. Après quelques minutes de combat, nous le mettons dans l’épuisette, puis dans le bateau. Waouh, celui-là nous fait oublier les dernières heures. La mesure annonce 124 cm ! À 4 heures du matin, il est temps d’aller boire une bière au camp pour fêter ça… et dormir un peu.

Un doublé de 107 et de 95 cm, une opportunité rare, sauf en Laponie
Crédit photo : Arnaud Brière

Quand la pêche se déclenche

Jean-Didier se joint à nous pour un dernier jour de pêche entièrement consacré au brochet. Pour l’occasion, il a troqué sa canne à mouche contre une casting et nous allons mettre à profit toutes nos prospections de la semaine. Le temps est légèrement pluvieux et la faible luminosité est un facteur positif car nous avons eu bien plus de touches lors des périodes sans soleil… Nous montons tous les trois un leurre de surface, deux Rapala Skitter V pour moi et J-D, tandis qu’Arnaud opte pour un petit Z Claw blanc. Nous décidons de remonter la rivière sur 15 km pour repêcher les secteurs si prometteurs mais peu productifs des deux premiers jours. Rapidement, nous rentrons les premiers poissons sur les bordures. Le nombre de touches augmente avec la taille moyenne tout au long de la matinée. Il semble que nous ayons fait le bon choix, jusqu’à ce qu’Arnaud pique un poisson plus sérieux. Lorsque nous le mesurons à 107 cm, nous sommes sûrs d’être dans le bon, et nous poussons jusqu’à une petite zone qui me trotte dans la tête depuis une semaine. Bien nous en prend, car la partie de pêche tourne au festival. Les touches se multiplient. Un beau poisson engame mon stickbait et je n’ai pas le temps de le mettre à l’épuisette que J-D se fait « dégommer » à son tour. Si le mien accuse à peine le mètre, celui de J-D fait à nouveau 107 cm et nous étonne par son poids, conséquent pour la région en ce tout début d’été… Les perches seront également de la partie et nous rentrons le soir avec une trentaine de brochets au compteur, dont plusieurs 80/90+ et deux 107. L’opération broc est donc validée !

Des petits lacs peuvent être explorés en float tube.
Crédit photo : Arnaud Brière

Le retour en France semble se faire en dehors de toute réalité. L’absence de rythme pendant une semaine nous a vidés. Nous avons pêché à n’importe quelle heure du jour et de la nuit dans un cadre exceptionnel. C’est la tête chargée de souvenirs que tout le monde somnole dans l’avion. Exception faite des saumons qui n’étaient pas joueurs, les résultats étaient au rendez-vous, d’autant plus que nous ne connaissions pas la zone. Je n’ose imaginer la même semaine avec le combat et la mise au sec d’un géant de la Baltique de 20 lbs ou plus… Si l’aventure vous tente, n’hésitez pas à contacter David Gauduchon, charmant personnage haut en couleur qui saura vous faire rêver avec le récit de voyages de pêche tous plus extraordinaires les uns que les autres. La Laponie porte sa part de rêve et n’a pas trahi sa réputation.

En Laponie, des petits aménagements permettent de se reposer quelques minutes entre deux séances de pêche.
Crédit photo : Arnaud Brière

Contact

David Gauduchon
06 70 81 65 83
Site web : www. lepoissovoyageur.fr
N’hésitez pas à laisser un message, David est souvent par monts et par vaux !

 

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