Sandre en linéaire : débuter efficacement (Texte et photos : Guillaume Barla)

Souvent décrite comme lunatique voire mystique, il n’est pas aisé de s’attaquer à la pêche du sandre, surtout en période d’étiage. Beaucoup préféreront se tourner vers les pêches du brochet ou du black-bass plus prolifiques en ce moment, et attendent les crues pour attaquer le « zander ». Pourtant, en suivant quelques recommandations, il est tout à fait possible de débuter au sandre en été ou début d’automne, en se basant sur nos connaissances de ce poisson. Dans tous les cas, il faudra être efficace et ne pas perdre son temps. 

Ce n’est pas un secret, traquer le sandre en été en journée relève du défi dans la plupart des secteurs de pêche classiques. Tout d’abord il faut avoir en tête que le sandre a des périodes alimentaires très courtes et principalement nocturnes. En été, il est donc préférable de ne pas s’épuiser à chercher un sandre par 20m de fond toute la journée en se disant que la température y est plus fraiche et la lumière moins forte. Même si cette approche est la bonne, privilégions une pêche très efficace de bonne heure le matin ou tard le soir tout en respectant la réglementation en vigueur. Il faudra donc faire un choix en début de session et être efficace d’entrée. Pas question de gagner 15 minutes de sommeil ! C’est 30 minutes avant le lever du jour qu’il faudra être en pêche. Plus tard en journée, il est vivement conseillé de s’attaquer à des espèces plus réceptives telles que les brochets et black-bass. Le coup du soir au crépuscule peut aussi être excellent mais est généralement moins productif que le coup du matin. Adaptons-nous donc, en pêchant très tôt le matin le sandre et en se tournant ensuite vers des espèces qui sauront être réceptives avant le coup du soir. 

Dans cette optique, il faudra être ultra efficace. Le créneau est court et nous n’avons pas le droit à l’erreur. Pour ceux qui pêchent le sandre au printemps par exemple, c’est une pêche tout à fait similaire qui peut être mise en place, à la différence que le créneau est court et ne laisse pas de marge à l’improvisation et au tâtonnement. 

Connaitre sa zone et établir un plan de pêche

Il ne suffit pas de savoir quand pêcher. La principale incertitude, voire inquiétude d’un pêcheur est sûrement de prospecter la bonne zone. Pour le coup, il faudra prendre une décision et s’y tenir. Pas question de se disperser pendant 30 minutes pour changer de poste. L’idéal est d’avoir un plan de pêche en tête à l’avance. Évidemment, cela ne dispense pas de faire preuve d’adaptation. Il faudra réfléchir un peu à la zone de pêche et avoir identifié auparavant un poste « bon pour le sandre ». 

Ces postes ne seront pas si nombreux selon les plans d’eau et cours d’eau. Nous n’allons pas commencer à traquer le sandre profond pour débuter. Cherchons d’abord les plateaux, les hauts fonds et pentes douces. Typiquement les îlots et plages en pentes entre 8 et 12m. Ce sont des zones de cassures proches de la thermocline qui est présente généralement vers 8-10m. Cela rend ces secteurs plus frais et plus adaptés pour le sandre. En second lieu, les promontoires rocheux cassant les courants sont très intéressants autour de 7-8m juste à la limite de la thermocline. Les sandres montent facilement chasser dans ces profondeurs en faisant de ces postes des secteurs prolifiques. Chercher le sandre plus profond pour apprendre rendra la pêche plus difficile qu’efficace. Les fonds sableux ou légèrement encombrés sont une bonne base de pêche. 

Enfin, ce sont peut-être les cours d’eau où l’eau reste plus fraiche qui sont le plus indiqués par eau chaude. Nous irons dans ces secteurs chercher le frais et surtout l’oxygène. Les zones de courants pourvues de remous ou au pied de seuils, seront les plus intéressantes au sandre. L’eau y sera plus oxygénée offrant à cette espèce des conditions plus favorables. De même, la confluence entre deux cours d’eau est à prospecter. Le delta de température entre ces cours d’eau plait au sandre qui viendra s’y nourrir. 

Le powerfishing comme une évidence

Si cette technique est plutôt destinée et utilisée à la recherche du brochet, elle n’en reste pas moins efficace pour le sandre. Au risque de se répéter, en été, l’efficacité est la clef et les phases alimentaires du sandre sont courtes. Partant de ce point de vue, il faut chercher des poissons actifs. Il est inutile d’essayer de faire ouvrir la gueule à un sandre qui ne sera pas en chasse comme en hiver. Nous sommes donc obligés de chercher les poissons actifs. Le powerfishing est dans ce cas de figure vraiment à privilégier sans pour autant aller trop vite et couvrir des poissons sans les intéresser. Une dérive modérée au moteur ou grâce au vent est parfaite. L’idée est de prospecter un spot à une vitesse raisonnable pour juger notre passage efficace et suffisant. Dans cette optique nous n’allons pas faire trop de lancers sur les obstacles. Passer une ou deux fois proche des échos ou encombrements sera suffisant à déclencher une attaque à condition que le passage soit propre. 

La logique aussi est de s’arranger pour que la dérive suive la pente. Cela permet de pêcher en descendant et limite l’accrochage du leurre dans les cailloux. Par conséquent nous gagnons du temps et de la discrétion. 

Efficacité maximale en linéaire 

 La technique à privilégier pour débuter au sandre est certainement le linéaire. En plus d’être efficace et simple cette technique permet de prospecter large, couvrant logiquement un maximum de postes. Pour cela nous utiliserons un shad car c’est un leurre qui nage « seul » dès qu’il est en mouvement même en le ramenant simplement. La canne sera comprise entre 1,8 et 2,1m et sa puissance conseillée en 8-32g. Son action devra être sèche et assez rapide car toute la subtilité du linéaire réside dans la réactivité de l’animation. Enfin, le moulinet adapté à la canne devra avoir un ratio standard, autour de 80 cm de récupération par tour de manivelle et garni de tresse entre 10/100 et 14/100 pour être parfaitement en contact et réactif avec le leurre. 

L’animation est très simple. On ne peut même pas parler ici d’une réelle animation. Tout se fait avec le moulinet. Lancez et laissez couler votre shad au fond. L’idée générale est de le faire passer au fond décollé de quelques centimètres. Une fois la bannière ramenée et en contact avec le leurre, positionnez-vous à 90° entre la canne et la tresse. Ensuite, effectuez un demi-tour à un tour de manivelle. Il ne faudra pas être trop délicat. Le leurre doit se mettre instantanément en action et ne pas frotter au fond. Il n’y a quasiment aucun mouvement de scion ici. Après chaque récupération du leurre attendez en gardant contact que le leurre rejoigne le fond. A cet instant un léger mou ou « toc » est ressenti dans la canne. Une fois le leurre au fond ramenez-le de nouveau. Alternez la longueur de récupération ne dépassant pas deux tours. L’important ici est de garder le contact avec le fond à chaque pause. Enfin, vu que l’animation est essentiellement au moulinet, n’hésitez pas à avoir un démarrage rapide voire sec au moulinet. Il est nécessaire que le leurre se mette en mouvement très rapidement. Cette animation paraissant simple est très efficace pour leurrer les sandres sur le fond. 

Choisir son shad

Pour pêcher en linéaire, la base est d’utiliser un shad de 3 à 5 pouces, monté sur une tête plombée de 7 à 15g selon la profondeur et le leurre. Sur des shads ayant une queue assez souple et ne « poussant » pas trop d’eau, c’est-à-dire avec une vibration rapide et légère il est conseillé de mettre une tête football. Cela confère généralement au leurre un très bon rolling, c’est-à-dire qu’il roule sur lui-même rendant la nage réaliste. Pour les shads avec des queues larges et qui battent fort, une simple tête plombée ronde sera suffisante. En effet, le rolling sera induit directement par la mobilité du leurre. Enfin, il est parfois nécessaire de limiter le rolling du leurre et rendre la nage minimaliste. C’est le cas surtout quand l’eau est peu profonde et chaude rendant les poissons tatillons et sensibles à la moindre vibration. Nous utiliserons donc les têtes plombées profilées. Elles peuvent être utilisées en remplacement des têtes football. Ces modèles permettent de limiter le rolling du leurre laissant simplement la queue travailler. Notons que dans tous les cas il est vivement conseillé de munir son LS d’un triple voleur. Les accrochages ne sont pas plus nombreux et le risque de manquer un poisson est largement minimisé. Pour la couleur en cette saison, il est courant en été de privilégier les couleurs neutres comme le ayu, le pailleté voire le blanc. Si l’eau est teintée, c’est bien sûr possible d’utiliser des couleurs vertes, voire orange, qui avec la lumière se fondent bien dans le milieu. 

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