Les articles de notre dossier
Les trois principales techniques qui permettent de capturer des truites en eaux vives sont le toc, la mouche et la pêche aux leurres. Cette dernière, ma préférée, est certainement celle qui a le plus progressé au cours des deux dernières décennies. Ce succès s’inscrit naturellement dans une tendance plus générale de développement de la pêche aux leurres dans l’hexagone. Alors si vous n’avez pas encore été séduits par cette approche, voici quelques bonnes raisons d’aller promener poissons nageurs, cuillers et autres leurres souples dans les rivières de première catégorie du territoire.
Une approche simple et pratique
Rappelons tout d’abord que toutes les techniques employant des leurres - mouche comprise dans une acceptation large offrent le grand avantage de dégager le pêcheur de toutes contraintes liées à la conservation et à la récolte éventuelle des appâts vivants tels que les vers, les larves, les insectes ou les vairons. Il existera toujours un leurre artificiel pour les imiter. À la truite, les fenêtres de sortie des poissons sont parfois courtes. C’est donc un sacré avantage de pouvoir se rendre au bord de l’eau à la vitesse de l’éclair, sans aucune préparation, dès que les conditions sont favorables. De même, contrairement à la pêche des carnassiers parfois complexe et coûteuse pour le débutant, en particulier avec l’utilisation d’un bateau et de l’électronique, la traque des farios au leurre, itinérante par définition, impose un équipement limité et maniable. Une forme de simplicité agréable et de surcroît avec un nombre de touches nettement supérieur. Les cannes à truite sont les plus courtes et légères du marché à l’exception peut-être des canins au corégone. Quant aux leurres, ils sont si petits qu’ils tiennent dans des boîtes de faible dimension et ils sont, en action de pêche, beaucoup plus agréables à lancer et à ramener que ceux utilisés pour les brochets par exemple. Cette praticité et ce confort rendent envisageables des sessions courtes, voire très courtes, donc un bon moyen de se rendre au bord de l’eau plus souvent.
Technique efficace et sportive
La pêche des farios au lancer peut se révéler très performante à condition d’exploiter judicieusement les atouts de la technique : rapidité de prospection et capacité à réaliser des lancers longs. Les signaux visuels et vibratoires puissants des cuillères et des poissons nageurs, ainsi que les cannes très maniables, permettent une prospection extensive des spots. C’est donc en couvrant du terrain pour trouver des poissons actifs sur les meilleurs postes que le leurriste peut rivaliser avec les adeptes du toc et de la mouche.
Très consommatrice d’espace et de linéaire de parcours, la pêche des salmonidés au leurre est donc plus sportive que les autres, surtout en secteur montagneux. Attractif et moderne, ceci s’inscrit bien dans notre société de la performance. Le leurre peut également faire la différence dans certaines conditions particulières. En période d’étiage, quand il faut être très discret, ou en rivière moyenne quand les postes ne sont pas à portée de canne, la propension du leurre à se lancer très loin est un redoutable avantage. Enfin, à condition d’utiliser des pièges de grandes tailles (7 à 10 cm), le lancer n’a pas d’équivalent pour ratisser et faire réagir les farios de belle taille dans les grandes rivières de piedmont.
Une pêche ludique et addictive
Leurrer un poisson, c’est jouer ! Parmi toutes les techniques permettant de traquer la truite, le leurre est sans doute la plus récréative. C’est probablement pour cela d’ailleurs qu’elle plaît tant à la nouvelle génération. Même si le débutant risque parfois de s’y perdre un peu, l’incroyable variété de leurres et de possibilités d’animation offre un défi technique permanent et une expérience de pêche toujours active, diversifiée et stimulante. J’ai même vu deux jeunes pêcheurs au bord d’une rivière tirer au sort le piège qu’ils allaient utiliser pour chaque poste. De même, l’attaque et la touche d’une fario en eaux claires fonçant sur une tournante, un minnow ou un petit shad est une expérience très excitante, voire addictive, rivalisant avec un gobage en sèche. La conception très élaborée des leurres, leur design et la grande diversité de coloris, en particulier pour les poissons nageurs, contribuent également au plaisir en réveillant l’âme d’enfant et de collectionneur qui sommeille en chaque pêcheur.
Touche-à-tout ou leurriste exclusif ?
On peut classer les pêcheurs de truite aux leurres en deux grandes catégories. Les premiers sont passionnés par les salmonidés et les recherchent quasi exclusivement. Ils ont donc maîtrisé peu à peu toutes les techniques de pêche en eaux vives qui permettent de les capturer : toc, mouche, vairon et bien sûr le leurre longtemps appelé « le lancer ». Ils mettent en œuvre ces approches alternativement en fonction des conditions de pêche et de leurs envies, d’autant plus qu’elles ont tendance à converger. D’autres, généralement plus jeunes, sont venus à la truite via la pêche au leurre des carnassiers. Ils sont surtout des aficionados du leurre et aiment diversifier leurs prises et leur terrain de jeux en fréquentant la première catégorie… surtout en mars/avril quand le brochet est encore fermé.