Partir en vacances dans une station de ski à la belle saison est une option de plus en plus plébiscitée par les Français. Si le motif principal de votre séjour est la pêche, Les Mesnuires, situées à 1 850 mètres, sont un camp de base vraiment parfait. Facilement accessible en voiture, même en tout début de saison, elle offre des capacités d’hébergement importantes à des prix compétitifs en dehors de l’hiver. Les possibilités de traque des salmonidés sont insoupçonnables à une telle altitude. Cela du fait d’une politique d’alevinage en farios très efficace (lire encadré). La saison de pêche comprend trois temps forts : l’ouverture de mars, où les niveaux sont très bas sur la rivière principale, l’ouverture des lacs de montagne début juin, et la longue fin de saison (août-septembre-début octobre), où les eaux de tous les torrents se sont éclaircies et abaissées, offrant des conditions de pêche idéales.
Une gestion raisonnée
Dans les Alpes du Nord, la reproduction de la fario devient très difficile au-dessus de 2 000 m d’altitude. L’AAPPMA de l’Amicale bellevilloise, qui possède un domaine de pêche très élevé en altitude, déverse chaque automne des alevins de farios dans les nombreux torrents et lacs de son secteur. Sans cela, les possibilités de pêche seraient quasiment nulles même si, avec le réchauffement climatique, il semblerait que la reproduction se fasse de mieux en mieux. Si lors de votre séjour, vous voulez absolument prendre des vrais sauvages, il vous faudra vous rendre un peu plus bas sur le Doron de Bozel, qui possède une belle population de truite méditerranéenne.
Le Doron de Belleville
« Doron » est le nom que l’on donne à un gros torrent en Savoie. Celui de Belleville est un sous-affluent de l’Isère. Il se forme par la confluence entre le magnifique torrent du Lou (dont nous reparlerons) et celui du Péclet, qui descend de Val Thorens, l’autre grande station du secteur. Il s’écoule sur 22 kilomètres dans la vallée de Belleville, avant de rejoindre le Doron de Bozel, entre Brides-les-Bains et Moûtiers. Son régime est nivo-glaciaire (voir graphique), avec une alimentation assurée par la fonte des neiges en mai-juin, puis par la fonte des glaciers, qui a tendance à teinter l’eau. La période de basses eaux se situe entre décembre et mars. Le secteur le plus connu et le plus fréquenté se situe au niveau du Plan de l’Eau, juste en amont du hameau des Bruyères. C’est une magnifique zone de tourbière d’altitude, aménagée pour l’activité touristique et qui a fait l’objet d’importantes mesures de préservation.
Un parcours préservé
Le torrent serpente sur un kilomètre avec une pente très faible et offre un parcours plus qu’accessible et toujours très poissonneux. En plus des truites ensauvagées, c’est une des rares portions du Doron où la reproduction des farios est effective. L’AAPPMA locale a eu la bonne idée d’en faire une réserve active, où le prélèvement se limite à un poisson par jour et par pêcheur. Toutes les techniques sont possibles, mais il faudra pratiquer avec un seul hameçon sans ardillon. Le secteur plus pentu en aval des Bruyères et qui descend jusqu’au hameau de Praranger, soit six kilomètres, est aussi excellent, mais plus sportif, surtout quand les niveaux sont hauts. Les pêches insistantes au vairon ou au ver sont les plus rentables. À partir de mi-août, les eaux s’éclaircissent et le toc en dérive naturelle, le leurre ou la nymphe, deviennent très efficaces. L’accessibilité du Doron reste excellente et la taille moyenne des farios est plus élevée qu’au niveau du Plan de l’Eau, les poissons de plus de 30 centimètres sont assez fréquents. Plus en aval, le Doron offre encore des possibilités de pêche, mais il devient moins accessible.
Les torrents
De nombreux torrents alimentent le Doron, surtout en rive gauche. Ils se caractérisent tous par des pentes très marquées sur leurs parties basses. Moins accessibles, souvent très sportifs et bordés d’arcoces, nom savoyard de l’aulne vert, ils sont moins fréquentés que les lacs ou la rivière principale. Ils possèdent donc une capturabilité très forte pour celui qui a le courage de les parcourir canne en main. Les farios ensauvagées qui peuplent leurs eaux grossissent vite, grâce à une abondante nourriture estivale. Il n’est pas rare d’y prendre des poissons proches de 35 cm. Le toc à la teigne est la technique reine, mais le micro-souple, la cuillère tournante ou le poissons-nageur marchent aussi très bien sur ces farios territoriales. Je vous conseille de les parcourir à l’aide d’un pantalon de plongée et d’une excellente paire de chaussures de canyoning plutôt que des waders, peu adaptés à la situation.
Des paysages magnifiques
Le torrent des Encombres, qui conflue juste en aval de Saint-Martin-de-Belleville, est le plus long (14 km). On y trouve des gorges hostiles à l’aval, puis il devient plus accessible. Les paysages sont remarquables, mais les truites capricieuses. Le torrent de Gorand est moins long (5 km) et extrêmement pentu dans sa première moitié. Il vaut mieux le prospecter en binôme, car c’est un véritable défi sportif. Chaque beau trou est occupé par des farios entre 25 et 35 cm. Au-dessus de 1 900 m, le Gorand se transforme en un agréable ruisseau d’altitude sans végétation. Un excellent spot, très peu pêché et qui se mérite, car il faut 1 h 30 de marche pour l’atteindre.
Autour du Lou
Le torrent de Péclet qui descend de Val-Thorens a un bon profil et est bien peuplé, mais la pêche n’est agréable qu’en toute fin de saison, quand les eaux s’éclaircissent enfin. Il y a des poissons jusqu’au niveau de la station. Le plus beau de tous est certainement celui du Lou, qui dégringole du lac éponyme et constitue l’archétype du torrent de montagne aux eaux fraîches et tumultueuses. Il est aleviné mais aussi alimenté en farios depuis le lac par dévalaison. Il est toujours très poissonneux. Les débits sont hauts dès la mi-avril mais ses eaux restent toujours claires, ce qui simplifie la pêche. Le vairon ou le toc classique sont les meilleurs choix jusqu’à mi-juillet, ensuite toutes les techniques sont envisageables. Il faut environ cinq heures pour faire le parcours de la confluence au lac. Enfin, le ruisseau du Revers, qui alimente le torrent du Lou en amont du lac mérite le détour : il est très photogénique, sans végétation, donc pratique à pêcher, et relativement poissonneux.
Les lacs
Les hauteurs de la station sont constellées de lacs de montagne régulièrement alevinés par l’AAPPMA. Le fameux lac du Lou, plus grand lac naturel du massif de la Vanoise, avec ses 7,5 hectares, est le plus réputé. Il est très bien peuplé en truites farios ensauvagées et en ombles chevaliers qui s’y reproduisent. À seulement une heure de marche de la station, il est très fréquenté dès l’ouverture de juin, mais il supporte assez bien la pression de pêche, si bien qu’il est toujours possible de tirer son épingle du jeu. Il se pratique très bien au vairon ou à l’ondulante, mais aussi à la mouche en sèche à partir de juillet. 1 h 30 de marche plus haut se trouve le Grand lac de Montfiot, peuplé en farios, ombles de fontaine et grosses arc-en-ciel. Il est moins fréquenté par les touristes et les pêcheurs.
Les lacs Longet, Crintallia et surtout Noir (population mixte farios et ombles chevaliers), qu’il est possible de prospecter lors d’une même balade, sont également dignes d’intérêt. À noter que certains de ces lacs (Longet et Noir) sont accessibles par les remontées mécaniques de la station qui fonctionnent en juillet-août. À emprunter plutôt en fin d’après-midi et prévoir un bivouac sur place pour pouvoir profiter du coup du soir et du matin. Quiétude et dépaysement assurés.
Renseignements pratiques
RÉGLEMENTATION
Ouverture 2023 :
Rivières 1re catégorie : 11 mars au 8 octobre
Lacs de montagne : 3 juin au 8 octobre
Taille légale truite, omble chevalier, omble de fontaine : 23 centimètres
Quota : 6 salmonidés par jour
Réciprocité: avec la Haute-Savoie seulement
GUIDE DE PÊCHE
- Jean-Christophe Friant - www.savoiefishing.com - Tél. 0631325230
ARTICLES DE PÊCHE
- France Rurale - 226 Faubourg de la Madeleine - 73600 Moûtiers. Tél. 04 79 24 37 50
- Decathlon - 1127 Chemin de la Cassine - 73200 Albertville. Tél. 04 79 37 47 32
HÉBERGEMENTS
- Gîte « Chalet Suzanne » à Saint-Martin-de-Belleville. Tél. 06 04 48 10 48
- Hôtel « HO36 les Ménuires » à Saint-Martin-de-Belleville. Tél. 04 79 55 08 40
- Camping « La Piat » à Brides-les-Bains. Tél. 04 79 55 22 74
ADRESSES UTILES
- AAPPMA L’Amicale Bellevilloise - Président Serge Rey. Tél. 06 26 38 17 78
- Office de tourisme de la station des Ménuires - 1269 avenue de la Croisette - 73440 Les Belleville. Tél. 04 79 00 73 00
À VOIR/À FAIRE
- L’Église de Saint-Martin-de-Belleville
- La Pointe de la Masse
- Luge sur rails Speed Mountain
- Le Perron des Encombres
- Le célèbre restaurant La Bouitte