Tout savoir sur la truite arc-en-ciel

La truite arc-en-ciel nous paraît très familière et n’est pas pour autant une espèce autochtone des eaux douces françaises ! Elle vient même de très loin. Il faut traverser l’Atlantique et rejoindre la façade ouest de l’Amérique du Nord pour la voir prospérer de façon toute naturelle. On retrouve ce salmonidé de l’Alaska jusqu’au nord du Mexique. Bien que le gros des populations mondiales indigènes soit concentré sur ce vaste territoire continental, la truite arc-en-ciel peuple aussi certaines zones de l’autre côté de l’océan Pacifique. La France fait en réalité partie des nombreux pays où ce salmonidé a été introduit dès le 19e siècle. Dans de nombreux cas, il s’agissait déjà de projets d’ordre halieutique. Aujourd’hui et excepté en Antarctique, on la retrouve sur tous les continents où elle s’est parfois très bien acclimatée. En France, la première introduction daterait de 1879 avec des poissons de piscicultures issus de la rivière McCloud. À l’époque déjà, on mettait en avant ses qualités de combat supérieures à celles de la truite fario. Mais c’est dans les années 1950 avec l’invention du granulé, la modernisation des structures piscicoles et la mise en place de protocoles précis que sa production a été considérablement dynamisée. Sa présence dans nos eaux va alors devenir permanente et les déversements récurrents. Il faut dire que depuis cette époque et aujourd’hui encore, la truite arc-en-ciel est rapidement devenue l’espèce la plus élevée au monde avec près de 800 000 tonnes de poissons produits chaque année ! Avec une telle abondance et une confiance des gestionnaires français, la truite arc-en-ciel est rapidement rentrée dans le décor de la pêche en France, et à l’heure actuelle, on peut se demander si elle en sortira un jour... Dans certaines régions non salmonicoles, le terme « truite » est généralisé par de nombreux pêcheurs qui n’ont finalement connu que la truite arc-en-ciel.

Répartition

Ce qu’il y a d’étonnant avec cette espèce, c’est que personne ne la connaît vraiment... Elle présente certaines particularités ignorées par les pêcheurs français et pourtant sa biologie est passionnante ! À commencer par son appellation « truite » qui n’est pas le nom vernaculaire le plus adapté. Notre truite arc-en-ciel est en réalité bien plus éloignée de la truite fario qu’on ne le croit. Jusqu’à 1989, son nom latin était Salmo gairdneri ce qui la rendait très proche de la truite fario (Salmo trutta) et du saumon atlantique (Salmo salar). Les recherches menées ont montré que la truite arc-en-ciel était en fait très proche des saumons du Pacifique. D’où une nouvelle nomination avec Oncorhynchus Mykiss. Avec le recul et l’accumulation de données génétiques, elle est même plus proche des ombles (genre Salvelinus). En fait, truite fario et arc-enciel sont des cousines qui se sont séparées il y a déjà 15 millions d’années... Tout le monde pense que ce salmonidé est uniquement originaire du versant pacifique nord-américain. Ce que beaucoup ignorent, c’est la présence de populations naturelles en Russie et plus particulièrement sur le territoire du Kamtchatka, qui est une immense péninsule très sauvage de la Russie orientale. Durant longtemps, les scientifiques ont longtemps pensé que les populations russes et américaines étaient deux espèces distinctes. Comme de nombreux salmonidés, la truite arc-enciel dispose d’une forme migratrice anadrome appelée « steelhead ». Comme les truites de mer, après être nées en rivière, elles se dirigent vers l’océan, pour un séjour plus ou moins prolongé. Leur retour fait le bonheur des pêcheurs qui arpentent certaines rivières mythiques abritant des poissons record.

Introduction

Les introductions successives à travers le monde ont conduit la truite arc-en-ciel à s’implanter durablement. L’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Chili ou encore l’Afrique du Sud disposent aujourd’hui de populations sauvages et fonctionnelles. En Europe, sa présence à l’état sauvage semble être bien plus timide qu’ailleurs. Seules la Slovénie et l’Autriche ont quelques rivières qui abritent véritablement des truites arc-en-ciel comme cela est le cas sur la Socca, un cours d’eau (slovène) bien connu des pêcheurs à la mouche. En France, on observe une reproduction naturelle de ces truites du Pacifique que très localement, comme au lac des Bouillouses dans les Pyrénées-Orientales. On a longtemps évoqué ce plan d’eau de près de 150 hectares comme l’unique bastion français. Avec le temps, on s’aperçoit qu’il existe plusieurs lacs et rivières où l’implantation a abouti. En France, les introductions durables ne sont plus à l’ordre du jour. Ces poissons sont uniquement destinés à être prélevés rapidement et leur séjour en lac ou en rivière est finalement très bref. Il est intéressant de savoir aussi que les pisciculteurs produisent, pour des soucis de croissance, majoritairement des truites arc-en-ciel femelles. L’absence significative de mâles ne facilite pas non plus les choses. Avec le temps, et avec la domestication parfaite de l’espèce, il semblerait aussi que les souches de pisciculture soient de moins en moins enclines à retrouver une vie sauvage normale... D’ailleurs il semblerait que toutes les petites populations sauvages présentes en France ne datent pas d’hier et, fait marquant, il paraît que les truites arc-en-ciel sont toutes issues de la variété que nous appelons maintenant communément « Bouillouses ».