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Les différentes bouches des poissons

La truite et sa bouche terminale à la symétrie parfaite.

Crédit photo Jean-Baptiste Nurenberg
Il suffit de se pencher quelques instants sur la richesse du milieu aquatique pour se rendre compte à quel point elle peut être incroyable. Cette diversité est le fruit de l’évolution qui s’est parfaitement accordée aux mœurs de chacune des espèces de poissons du globe. Les formes des bouches sont justement un point important pour comprendre toutes les différentes stratégies alimentaires de nos chers vertébrés à écailles.

Chez les poissons, la bouche est un outil de base, à l’origine de la respiration et l’alimentation. Les premières mâchoires articulées, dites « modernes », sont apparues il y a 400 millions d’années environ, et devinez quoi, ce sont les poissons qui en ont été pourvus les premiers. Ces bouches « nouvelle génération » sont parfaitement adaptées au régime alimentaire et à l’habitat de chacun (herbivore, carnivore, omnivore, filtreur…). On en retrouve de toutes sortes : petites ou grandes et plus ou moins puissantes, en formes de trompe, de bec ou de ventouse. Au regard de cette grande et étonnante diversité, nous pouvons ainsi admettre que chaque espèce de poissons dispose d’une bouche qui lui est propre et spécifique. Pour faciliter leur identification mais surtout leur rôle, il est néanmoins possible de les classer en trois grandes familles.

La bouche dite « terminale » est cette fois-ci positionnée sur la partie avant de la tête et ses deux mâchoires sont bien symétriques. Cette disposition montre que le poisson cherche le plus souvent sa nourriture en pleine eau. La forme terminale est bien répandue chez les poissons qui chassent leurs proies par poursuite, comme cela est souvent le cas de la truite fario. Cette caractéristique morphologique se retrouve aussi chez les espèces opportunistes et omnivores telles que le chevesne.

La bouche supère est bien souvent positionnée vers le haut et la mâchoire supérieure est plus courte que la mâchoire inférieure. Chez certaines espèces, cette caractéristique anatomique est bien marquée grâce à une bouche oblique et orientée vers le haut, comme chez le black-bass ou, dans des contrées plus lointaines, le tarpon par exemple. Bien que moins prononcée, la gueule du brochet est aussi considérée comme « supère ».

La bouche infère ou subterminale est caractérisée par une position dirigée vers le bas et dont la mâchoire supérieure est plus proéminente. Cette asymétrie et ce positionnement renseignent sur les capacités d’un poisson à se nourrir majoritairement sous lui, sur le fond ou collé à des substrats solides (branche, cailloux…). Les poissons benthiques sont de fervents représentants des bouches infères. Prenons l’exemple bien parlant de l’ombre commun.

La taille de la bouche du black-bass lui offre des capacités incroyables en matière de taille de proie.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Stratégies alimentaires

La mensuration de la bouche dépend de deux critères très simples et bien précis, à savoir la taille des proies ou des bouchées, mais aussi à la stratégie des prises alimentaires. Certains traits de caractère ressortent et se détachent suffisamment pour ainsi nous permettre de bien identifier les différents moyens mis en œuvre par les poissons pour trouver leur nourriture. Les dents, quant à elles, nous renseignent sur le régime alimentaire. Leur disposition dans la bouche est très variable : maxillaire, linguale, vomérienne, branchiales et pharyngiennes. Certains mettront en place la technique de prise en direct ou de morsure. C’est le cas pour de nombreux carnassiers tels que le brochet, le sandre ou la truite, qui disposent d’une bouche largement fendue, représentée par deux mâchoires plutôt longues et puissantes, recouvertes de dents pointues et généralement imposantes. D’autres grands prédateurs ont choisi une stratégie différente mais pas moins efficace : l’aspiration par dépression d’eau. Nous pouvons cette fois-ci citer le silure, qui, grâce à sa large tête terminée par une grande bouche, aspire sa proie à une vitesse fulgurante. Sa dentition est totalement différente, puisque sa mâchoire est dotée de milliers de petites dents courtes et fines. Néanmoins, leur rôle reste le même, à savoir la contention et la préhension de leur capture. Une autre technique très mise en œuvre par les poissons est la succion. C’est le cas par exemple de nombreux cyprinidés omnivores comme la carpe, le barbeau, le goujon ou la brème, qui cherchent à extraire du substrat une nourriture variée. Ce moyen de recherche est aussi répandu chez certains herbivores.

La bouche en « bec de canard » n’est que la continuité de la morphologie fusiforme du brochet.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

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