Il y avait du beau monde à la tribune lors du congrès annuel des présidents des fédérations départementales de pêche et de protection du milieu aquatique, organisé à Paris par la Fédération nationale de la pêche en France (FNPF) : Bérangère Couillard, alors secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de l’Écologie, mais aussi – et c’est plus rare – des représentants de l’Office français de la biodiversité (OFB), de l’Agence de l’eau Adour-Garonne et de Voies navigables de France (VNF). Ils étaient tous au chevet de nos cours d’eau ! Le slogan de la campagne d’information « Sauvons nos rivières » était très bien choisi en toile de fond des interventions.
Un plan Eau ambitieux
En préambule, la secrétaire d’État rappela que « la sécheresse de 2022 a fait prendre conscience au plus grand nombre de l’importance de la ressource en eau. Pour chacun ici dans cette salle, c’est une évidence. Mais, pour la majorité des Français, ce n’était pas un sujet. Nous avons capitalisé sur cet épisode pour réaffirmer que l’eau est précieuse pour notre santé, précieuse pour nos écosystèmes, précieuse pour notre économie. Et que nous devons donc collectivement en prendre soin ». Pour la plupart de nos concitoyens, le manque n’est pas encore un problème. Il n’y a que nous, pauvres pêcheurs, qui attendons avec impatience les jours pluvieux au cœur de l’été ! Mais les mentalités changent et même les présentateurs météo, sur nos petits écrans, arborent un air contrit au bout d’une semaine de temps sec… Et Bérangère Couillard de reprendre : « Le “plan eau”, c’est la concrétisation d’un travail de réflexion collectif que nous avons souhaité porter largement avec les usagers de l’eau, dans le Comité national de l’eau, et avec les territoires, dans les Comités de bassin. Trois ambitions fortes y sont assumées: engager la sobriété avec tous les acteurs; optimiser la disponibilité de la ressource ; préserver la qualité de l’eau et restaurer des écosystèmes sains et fonctionnels ». La secrétaire d’État se félicitant du fait que le président de la République lui-même ait porté ce plan, démontrant l’importance de l’action au niveau du Gouvernement.
Améliorer la disponibilté
Sur sa lancée, Bérangère Couillard précisa que, « concernant l’eau potable, il faut résorber 170 points noirs de fuites et sécuriser l’alimentation en eau potable des 2000 communes fragiles. En parallèle, nous allons engager avec détermination un développement sans précédent de réutilisation des eaux usées traitées. Les efforts seront concentrés sur le littoral, là où l’eau douce traitée est rejetée à la mer. Il n’est pas question que cela se fasse aux dépens des écosystèmes aquatiques, déjà très fragiles en période d’étiage ». Voilà qui intéresse les pêcheurs. Et c’est surtout l’intervention de Thierry Guimbaud, directeur général de Voies Navigables de France, qui me surprit. Il passa en revue les surfaces et surtout les volumes d’eau gérés par VNF et annonça que les capacités maximales de stockage allaient être revues à la hausse, afin de créer des réserves pour les étés caniculaires. Il indiqua que des travaux allaient être menés sur des ouvrages, barrages et canaux, afin d’augmenter les volumes stockés puis libérés à bon escient.
Des financements importants
Dans son discours, Claude Roustan, président de la FNPF, demanda une baisse de la redevance pour la protection des milieux aquatiques (RMA). D’un montant de 8,80 euros, elle est réglée par chaque pêcheur sur une carte annuelle. Bérangère Couillard souligna que cette RMA n’avait pas augmenté depuis 2007 et que le montant resterait le même en 2024, alors que les autres usagers paieraient plus cher ! Les 475 millions d’euros par an fournis par le « plan eau » seront abondés par les usagers de l’eau, avec un renforcement du principe « préleveur-pollueur/ payeur ». La protection de zones de captage et la mise aux normes de stations d’épuration seront financées par ces fonds et amélioreront la qualité de nos cours d’eau. Nous attendons bien sûr des précisions sur ces sujets, il y a forcément des vœux pieux dans ces projets, mais si quelques-uns sont menés à bien, nos rivières se porteront mieux.
Des changements rapides
Olivier Thibault, directeur général de l’Office français de la Biodiversité, tout récemment nommé, revint sur les changements climatiques rapides enregistrés ces dernières années. Malgré les faibles effectifs dont dispose l’OFB, il insista sur les nombreux contrôles effectués l’an passé – et au cours du printemps 2023 – concernant le non-respect des arrêtés « sécheresse » dans certains départements. Les prélèvements illégaux d’eau mettent à sec nos rivières et le directeur rappela aux présidents fédéraux que les pêcheurs étaient les meilleures sentinelles de l’environnement sur le terrain et que nous devions signaler les infractions. Certains d’entre vous me répondront qu’ils ont déjà prévenu les autorités concernées et que rien n’a été fait. Mais nous devons continuer, encore et encore. Sauvons nos rivières !
Un Observatoire national
La création d’un vaste Observatoire des milieux naturels aquatiques revint plusieurs fois dans les discours des personnalités présentes. Porté par la FNPF, ce projet vise à centraliser toutes les données concernant le suivi des écoulements d’eau, de la thermie des rivières, de la biodiversité et des aspects sanitaires. La Fédération travaille actuellement à la consolidation d’un outil informatique national permettant de collecter l’ensemble des éléments relevés sur le terrain. Un sacré travail et une belle image pour la pêche en France, qui est plus que jamais active dans le domaine de l’environnement ! Chaque pêcheur pourrait être une vigie sur le terrain. Nous reviendrons plus en détail sur ce sujet.