On sait que la façon de conduire une voiture influe beaucoup sur sa consommation de carburant. Avec un bateau c’est la même chose, mais puissance trois. Par exemple, une coque propulsée par un 60 CV 4 temps consomme environ 40 l aux 100 km à 50 km/h, soit dix fois plus qu’une petite citadine de même puissance. Ce phénomène est lié à plusieurs facteurs : mauvais rendement (pertes à l’hélice), forces de frottement importantes, impossibilité de changer de rapport, la vitesse de déplacement dépendant uniquement du régime moteur. Heureusement, les distances parcourues sont assez faibles, du moins en eau douce, de sorte que cette consommation gargantuesque reste relativement indolore.
Tenir une journée
De nombreux pêcheurs ignorent sans doute combien leur moteur consomme réellement et raisonnent en termes d’autonomie, le but étant d’avoir assez d’énergie embarquée pour tenir une journée. Il est utile de savoir à peu près ce que consomme son moteur, notamment ce calcul d’autonomie. Pour un bateau, la consommation s’exprime en litres par heure plutôt qu’en litres pour 100 km. C’est parce que, pour un même moteur tournant au même régime, vitesse et donc distance parcourue peuvent varier considérablement d’une coque à l’autre. Il appartient donc à chacun de calculer sa consommation en fonction de la vitesse atteinte par son bateau à tel ou tel régime moteur. Dans la pratique –à moins de disposer d’un système d’information constructeur, comme Vesselview chez Mercury, qui donne la consommation instantanée et cumulée–, ce n’est pas chose facile puisqu’on navigue rarement une heure pile et qu’un bateau n’a pas de compteur kilométrique. Heureusement, il existe des tables ou des règles donnant de bonnes indications. On estime qu’à plein régime, un moteur hors-bord 4 temps consomme environ un tiers de sa puissance en litres/heure. Un 60 CV, par exemple, va consommer environ 20 l/h (60/3) à 6000 tours par minute. Pour un 2 temps, plus gourmand, ce serait plus proche de la moitié que du tiers (voir encadré en bas de l'article).
Le bon régime
Cela nous amène à la réflexion suivante : quel régime moteur privilégier ? Si votre priorité, c’est la vitesse, c’est bien sûr le régime maxi, celui qui consomme le plus. Mais si votre but est d’obtenir de bonnes performances sans trop consommer, c’est une autre histoire. Dans ce cas, on utilise ce qu’on appelle la vitesse de croisière, celle qui offre le meilleur rendement (le plus de kilomètres parcourus par litre de carburant). Cette vitesse est généralement obtenue avec un régime moteur inférieur de 1500 à 2000 tr/min au régime maxi. Soit entre 4000 et 4500 pour un moteur tournant à 6000 tr/min maxi. À 4000-4500 tr/min, un moteur hors-bord consomme environ deux fois moins qu’au maximum, mais le bateau ne va pas deux fois moins vite (la perte de vitesse est de l’ordre de 10-20%) : le rendement est alors optimal. À noter également qu’à vitesse égale, deux moteurs de puissances différentes peuvent avoir une consommation identique. Par exemple, un 40 CV qui va vous propulser à 50 km/h à 6000 tr/min consomme quasiment autant de carburant qu’un 60 CV qui atteindra la même vitesse à seulement 5000 tr/min.
Les moteurs électriques
Les fabricants fournissent rarement la consommation de leurs moteurs électriques, ou seulement à régime maxi. On peut connaître ces chiffres avec précision en utilisant un appareil de mesure de courant (coulomètre, ampèremètre). J’ai relevé les chiffres sur mon bateau (5 m/700 kg) d’un Terrova BT (Minn Kota) 55 lbs (12 V) en fonction de la vitesse de variateur utilisée, et l’autonomie correspondant avec une batterie de 50 A utilisables, 100 Ah plomb ou 50 Ah lithium (voir tableau).
On voit que l’autonomie varie énormément (de 1 à 7) selon le régime moteur. Contrairement au thermique, il n’existe pas de régime optimal à mi-plage. L’autonomie et le rendement sont inversement proportionnels à la vitesse utilisée, la distance la plus longue étant théoriquement atteinte avec la vitesse la plus faible.
Le bon compromis
À noter toutefois que les moteurs sans variateur électronique étant réputés gaspiller une partie de l’électricité non employée à bas régime, l’utilisation d’une faible vitesse serait moins rentable. Je n’avais pas de moteur de ce type sous la main pour comparer. Dans la vraie vie, ces données ne sont valables que par calme plat. En cas de vent ou de courant contraire, avec un régime trop bas on n’avance plus. Il y a donc un compromis à trouver entre la nécessité d’avancer à vitesse suffisante et celle d’économiser sa batterie. Il faut garder à l’esprit qu’avec un moteur électrique, la devise « Qui veut voyager loin ménage sa monture » s’applique parfaitement. Le régime maxi, trop gourmand, ne doit être employé que sur de courtes distances ou en cas d’absolue nécessité.
Plus de précision
Bien entendu, les données indiquées dans cet article sont des approximations, assez réalistes toutefois. Vous pouvez obtenir néanmoins des chiffres bien plus précis sur le site Boat-fuel-economy qui donne la consommation de différents moteurs à différents régimes, nettement plus utile que la connaître uniquement à plein régime. Rens. : www.boat-fuel-economy.com