Il n’y a aucun jugement à avoir et chacun voit la pêche comme bon lui semble. Pour ma part, j’aime la pêche avant tout, quelle qu’elle soit, et quelle que soit la technique utilisée. Je pêche aussi bien en float-tube ou en canoë sans électronique, en me fiant à ma connaissance du milieu, à la lecture des postes, des veines d’eau, de la nature des herbiers… Mais je pêche et j’aime pêcher aussi en bateau avec tout le confort et l’électronique que cela m’apporte. Maîtriser les deux n’est pas une obligation, mais cela apporte un plus dans la vie d’un pêcheur.
Crédit photo : Vincent de Bruyne
L’électronique
L’électronique fait partie intégrante de mes pêches en bateau. Dire que je n’arriverais plus en m’en passer est un grand mot, mais l’avoir me permet de comprendre certaines situations plus rapidement et plus facilement. Je n’ai pas encore franchi le pas du Livescope ou du Panoptix, cette technologie qui permet de voir en temps réel le comportement du poisson dans son milieu face à nos leurres. Je trouve cette technologie révolutionnaire. Elle permet d’analyser chaque situation avec une efficacité redoutable, de voir les touches à l’écran en direct et elle permet aussi de cibler et de traquer les plus gros spécimens qui hantent nos eaux. Mais, pour le moment, j’aime encore la magie de l’inconnue au moment de la touche, ce moment où l’on espère, où l’on croit jusqu’à ce que l’on ressente ce toc si particulier dans la canne. Il procure un moment de délivrance, de satisfaction, confirmant le plan de pêche que l’on s’était imaginé. Je ne dis pas que je n’y passerai pas, d’ailleurs j’y passerai c’est sûr, mais pour le moment essaye de comprendre comment leurrer le poisson et me faire mon petit schéma de ma journée de pêche aidé par une technologie plus « classique » me plaît.
Crédit photo : Vincent de Bruyne
Échosondeur
J’utilise donc un échosondeur comprenant la technologie 2D, down imaging et side imaging. Ces trois technologies me permettent déjà d’interpréter et de comprendre beaucoup de choses pour pêcher les brochets. La 2D, c’est la vue que tout le monde utilise, quel que soit son échosondeur couleur. La colonne d’eau est représentée par un fond blanc sur l’écran. Le fond du lac est matérialisé par un trait plus ou moins épais en fonction de la structure du fond et est situé vers le bas de l’échosondeur. Cette vue donne déjà beaucoup d’informations. Elle donne la structure du fond. Plus le trait est rouge et épais, plus le fond est dur. Sur ce fond peuvent se trouver des arbres morts, des branches ou encore des herbiers. On verra nettement la différence entre le fond et ces structures. Trouver ces structures nous donne des informations sur le positionnement des brochets dans leur milieu. En effet, au milieu d’un lac ou d’une rivière au sol « lunaire », trouver des arbres ou des herbiers doit attirer l’attention du pêcheur et l’inciter à pêcher autour de ces structures. Il y a de fortes chances que les brochets soient dans les parages, car les structures fixent les petits poissons mais aussi les carnassiers qui peuvent s’y cacher. La technologie 2D nous indique aussi la présence ou non de poisson fourrage et de carnassiers. Avec l’habitude, on réussit à distinguer et interpréter les échos. Une boule plus ou moins grande, allant du bleu pour la partie où les fourrages sont le moins « serrés », en passant par le jaune, puis le cœur de la boule rouge vif représentant les poissons fourrage en grosse densité, peut être un regroupement de poissons. Un trait jaune avec du rouge et bien droit sera un brochet, d’autant plus s’il se trouve près de cette boule de fourrage. Des traits ou points bleus sont des poissons fourrage type gardons, brêmes, mais assez éparpillés. En fonction de la profondeur où l’on distingue les poissons fourrage ou les traits de brochet, cela nous donne une idée de la tenue des carnassiers. Si tout ce petit monde se trouve entre 2 et 4 m dans un lac où il y a 9 m de profondeur, alors il faudra pêcher entre 1 et 4 m. Pas besoin de pêcher plus profond. On peut pêcher plus haut dans la couche d’eau, car le brochet monte plus facilement pour attaquer sa proie qu’il ne descend.
Crédit photo : Vincent de Bruyne
Imagerie en 3D
Le DI ou « down imaging » est une imagerie en 3D de la nature du fond et de la colonne d’eau. Cette technologie vient en complément et nous permet ainsi de confirmer ce que l’on a vu en 2D. En effet, en 2D, nous voyons des traits ou des boules de couleur, mais il est difficile de savoir à quoi cela correspond exactement. On voit distinctement si le fond est rempli d’herbiers, la nature des herbiers, la présence de bois mort… Il nous confirme aussi de manière formelle l’interprétation de la boule de poissons fourrage (que l’on peut confondre avec des herbiers sur le 2D) et l’interprétation des traits en nous disant s’il s’agit de brochets ou de poissons blancs. Le DI nous dit précisément à quelle profondeur se trouve le brochet et nous donne des informations sur son degré d’activité. Si le brochet a la tête vers le haut ou est à l’horizontal, alors il est actif. C’est aussi le cas s’il se tient à une certaine profondeur dans des forêts immergées. Par exemple, s’il y a 9 m d’eau au milieu d’une forêt immergée et que l’on observe les brochets à 6 m de profondeur, il y a fort à parier qu’ils ne monteront pas chercher nos leurres à 2 m sous la surface. La journée s’annonce donc moins bonne que si l’on peut les observer à 3 ou 4 m de profondeur. Là, avec certitude, les poissons seront actifs et enclins à attaquer nos leurres. Il en va de même dans une boule de poissons fourrage.
Crédit photo : Vincent de Bruyne
Latérale 3D
Le SI ou « side imaging » est une imagerie latérale 3D. Elle permet de voir de chaque côté du bateau, jusqu’à 60 m de portée suivant la plage choisie. C’est une révolution dans la prospection et la recherche des poissons. On gagne un temps fou dans la recherche des structures ou des boules de poissons fourrage lors des déplacements. Elle demande une certaine habitude pour bien comprendre cette vue, mais une fois bien en main, cibler les zones de tenue des brochets devient simple. Ces derniers apparaissent sous forme de trait ou « bâton » sur cette imagerie. On peut alors les voir posés sur les herbiers, posés près du fond ou encore entre deux eaux. Si les brochets sont actifs, en lançant vers ces « bâtons », il est facile de les faire mordre. S’ils ne sont pas ou peu actifs, il faudra ancrer le bateau et insister sur une zone où l’on sait qu’il y a des brochets et ainsi les inciter à mordre par agressivité. L’association DI/2D est une grande aide aussi lors des pêches d’hiver en verticale sur des brochets suspendus ou au fond. Si on pêche dans le faisceau de la sonde, on peut les voir réagir par le mouvement des traits et ainsi savoir si nos leurres les intéressent ou s’ils les refusent. Le DI ou la 2D nous permettent donc de mieux comprendre et interpréter l’humeur des brochets ainsi que leur tenue, mais en aucun cas de les faire mordre à tous les coups. C’est une aide à la compréhension du milieu. Pour faire mordre les brochets, au pêcheur de faire les bons choix et de mettre en application ses connaissances du milieu associées à son électronique.
Crédit photo : Vincent de Bruyne