Dossier Bien choisir son bateau
- Partie 1 Où pêchez-vous ?
- Partie 2 Les contraintes matérielles
- Partie 3 Coque et aménagements
- Partie 4 Quel matériau ?
Le style d’une coque est défini par la forme de sa carène, la hauteur de son franc-bord et les types d’aménagements et d’équipements disponibles ou prévus. Il existe une grande variété de formes de carène mais, pour ce qui concerne les bateaux de pêche, on peut les classer en deux grandes catégories: les coques à fond plat et les coques en V plus ou moins prononcé, les deux ayant leurs avantages et leurs inconvénients.
Les coques à fond plat
Les bateaux à fond plat ont un très faible tirant d’eau, passant et accostant partout. Ils conviennent bien aux zones marécageuses ou aux rivières peu profondes. Ils sont faciles à mettre à l’eau même dans 30 cm ! Offrant une large surface d’appui sur l’eau, ils déjaugent très facilement et planent à faible vitesse. À taille et motorisation égales, ils vont plus vite que les coques en V ou demandent moins de puissance à performances équivalentes. Enfin, le fond plat offre une surface au sol maximale à l’intérieur, ce qui permet d’aménager de grands rangements (coffres) ou de disposer de beaucoup de place, raison pour laquelle les carpistes, les pêcheurs au coup et les amateurs de silures sont plutôt friands de ce type de coque. Tout serait donc parfait si ces embarcations à fond plat ne se révélaient catastrophiques quand il faut naviguer par gros temps sur de larges étendues. Leurs excellentes performances par temps calme et surface lisse ou juste ridée s’effondrent dès que des vagues se forment puisque l’étrave plate s’écrase dessus ou lieu de les fendre. En résumé, ce type de carène convient bien aux petits biotopes, aux mises à l’eau sauvages acrobatiques et aux eaux peu sujettes aux grandes vagues.
Les coques en V
À l’inverse, les coques en V passent d’autant mieux dans les vagues que le V de l’étrave est prononcé et qu’il se prolonge loin vers l’arrière. Attention aux fausses coques en V, style jon boat. Ils ont bien une sorte de V à l’avant mais qui ne touche pas l’eau quand on navigue, ce sont en fait des coques à fond plat déguisées. Le V de l’étrave doit rester dans l’eau si l’on veut qu’il fende les vagues et les écarte par les côtés. Les coques en V sont donc bien adaptées à la navigation en eau agitée, bien qu’il faille également tenir compte de leur hauteur, nous y reviendrons un peu plus loin. En dehors de cette aptitude à naviguer dans les vagues, cette forme offre en fait assez peu d’avantages : plus gourmande en motorisation, moins rapide, offrant moins de volume de rangement, la partie en V étant peu exploitable. Elle est également plus exigeante en termes de mise à l’eau (pente). Les coques en V sur toute leur longueur sont rares, le plus souvent l’étrave est en V et l’arrière est plus ou moins plat. Ce compromis permet de gagner en stabilité et en performances par temps calme.
Le walleye boat
On désigne par walleye boat une coque en V profond avec de hauts francs bords, idéale pour affronter le gros temps. Outre le bon passage dans la vague, on bénéficie d’une protection contre les paquets d’eau et les éclaboussures. Certaines de ces coques de style nordique ont même un pare-brise protégeant l’espace central contre les embruns. Le walleye boat est ce qui se fait de mieux en matière de sécurité et de confort par mauvais temps. L’inconvénient est que les hauts rebords peuvent gêner l’action de pêche, notamment les lancers et animations canne basse.
Le bass boat
Le bass boat, à fond plat ou en V, est précisément conçu pour ces techniques sportives et notamment les pêches de précision tout près de postes encombrés. Il est presque entièrement ponté pour surélever le pêcheur et très bas sur l’eau, avec peu ou pas de rebord. Ce n’est pas très sécurisant quand ça bouge, certains éprouvant même une sorte de vertige lié à l’absence de garde-corps. En réalité, ces bateaux sont très fiables même par mauvais temps pour les modèles en V. En revanche, pour ce qui est de naviguer au sec par grand vent, c’est une autre histoire, l’absence de rebord se faisant sentir ! Mais dans des vagues, jusqu’à 40 cm, ça peut passer en force sans problème. C’est donc un excellent compromis entre confort de navigation et liberté en action de pêche, bien adapté donc aux eaux calmes ou occasionnellement agitées. C’est la raison de leur succès en France où les biotopes vraiment « chahuteurs » sont plus l’exception que la règle.
Les aménagements
Enfin le choix d’un bateau prend également en compte les aménagements. Je ne parle pas forcément des rangements, viviers ou sièges, certes pratiques mais dispensables. Je parle de l’architecture interne: pontage et console. Le pontage est utile pour surélever le pêcheur et crée du volume pour les rangements. Mais un pontage intégral étant peu envisageable ni même souhaitable, on a systématiquement au moins un espace non ponté, au centre ou à l’arrière. Donc, si on veut par exemple bien étaler un beau silure de 2m ou plus, le pontage va poser des problèmes. Idem pour la console de pilotage, pratique et moins fatigante que la barre franche, répartissant mieux les charges puisque l’on est assis au milieu, mais qui mange pas mal de place. C’est sans aucun doute très bien sur un gros bateau, mais en dessous de 4,50 m, ça sacrifie beaucoup d’espace. Pour en finir avec cette série, reste à aborder le choix du matériau et, bien sûr, les tarifs. Ce que nous verrons bien sûr dès le mois prochain.
A tout faire
Tous ces exemples montrent bien qu’en dehors de l’aspect navigation pure, le choix d’un style de coque et d’aménagements répond à une utilisation précise en termes de pêche des carnassiers. C’est plus compliqué en fait pour ceux qui voyagent et changent beaucoup et souvent de spot de pêche, d’où justement l’intérêt de pouvoir les aborder en bateau. Alors bien sûr, on peut dire que le bateau à tout faire existe: c’est une coque en V à plancher sans autre aménagement ! Dès qu’on s’en écarte, on élimine des possibilités d’utilisation. D’où l’importance de bien définir ses besoins réels au moment de faire son choix.