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Typologie d'une mouche à brochet

La pêche à la mouche est souvent mise en avant pour son côté créatif. En effet, le fait de pouvoir fabriquer nos mouches nous laisse la liberté d’inventer en fonction de nos besoins, de nos envies. Il y a donc souvent autant de montages qu’il y a de monteurs. Mes années de compétition m’ont poussé à optimiser ma pêche et mes boîtes à mouche. Sans m’éparpiller dans les modèles et les coloris, j’en ai donc fait de même pour une de mes pêches favorites : le brochet. Nous allons donc dresser une « typologie » des différents groupes et catégories de streamers nécessaires afin de pallier le plus grand nombre de situations…

Dans un premier temps on peut commencer par établir trois grands groupes de mouches à brochet. On va trouver des streamers flottants (pour la surface ou obtenir un effet « booby »), des coulants qui vont avoir une bascule plus ou moins importante, et des « suspending ». On peut obtenir ces caractéristiques par l’équilibrage de l’armement ou de la mouche, par l’ajout d’un morceau de mousse (plus ou moins épais), ou d’un lest (fixe ou amovible). Ces différentes catégories, associées à une densité de soie adéquate, vont nous permettre de faire évoluer nos leurres dans la bonne hauteur d’eau et d’influer sur leurs actions.

En fonction de leurs critères de conception les mouches à brochet pourront générer des nages et des vibrations très différentes dans l’eau.
Crédit photo : Valentin Bernard

Déplacement de l'eau et vibrations

En effet, pour décider nos amis brochets, nous avons besoin de plusieurs nages et surtout de différents types de vibrations. On ne peut pas parler de pêche du brochet sans évoquer le déplacement d’eau et les vibrations produites par ces gros streamers. Ceci est d’une importance primordiale en fonction des milieux que nous prospectons, des conditions, mais surtout de l’humeur de maître Esox. Car même si sa technique de chasse « à l’affût » est basée en partie sur sa vue, c’est bien sa ligne latérale qui lui permet de localiser ses potentielles proies grâce aux vibrations qu’elles émettent. Que ce soit des montages tubes ou des montages classiques il me semble que nous pouvons distinguer trois grandes catégories de mouches à brochet : les streamers que j’appellerai de « réaction » et les streamers « finesse ». Ces deux types vont se caractériser principalement par leurs différences de silhouette et donc de volume d’eau qu’ils déplacent. La troisième catégorie serait les « top water » (leurre de surface) que je classe un peu à part et que je ne détaillerai pas ici pour nous focaliser sur les streamers.

Pour l’auteur, la profondeur et la manière avec laquelle évolue un streamer sont des points cruciaux face au brochet.
Crédit photo : Valentin Bernard

Les streamers "finesse"

Dans cette catégorie je classerai tous les streamers de profil « imitatif » type Baitfish ou Deceiver. Dans l’ensemble, tout ce qui va imiter un poisson. J’aime bien les utiliser par eau claire, afin de prospecter autour des bancs de fourrage. Il est donc intéressant de sortir aussi ce genre de streamers lors des pics d’activité sur la journée ou sur les chasses. On va pouvoir alors se caler au plus près de ce que cherchent les poissons, que ce soit en coloris ou en taille. On peut ajouter à cette catégorie les streamers type Sparkler, Piker point ou Flash tail, qui vont être différents à cause de leur aspect brillant. Les signaux lumineux qu’ils produisent sont certains jours d’un grand secours pour débloquer une situation.

Prospection de bordure avec une mouche de surface qui déplace de l’eau.
Crédit photo : Valentin Bernard

Montage épuré et silhouette fine

Tous ces streamers vont avoir comme point commun une silhouette plutôt fine ou filiforme et un montage assez épuré avec des fibres de queue ou « d’aile » plus ou moins longues. Cela leur procure un énorme avantage lors du lancer et facilite leur positionnement dans la couche d’eau. En effet, à densité de soie égale, un piker point sera plus facile à faire descendre qu’un streamer volumineux type Buford. Idéal pour des pêches „à gratter », cela peut être le seul moyen de décider les brochets lorsqu’il faut chercher les poissons dans leur zone de confort comme le fond de fosses en été par exemple. Le positionnement des yeux et la tête fine de ces mouches impriment une nage plutôt linéaire, avec plus ou moins de bascule. Cet effet peut être accentué rapidement au bord de l’eau par l’ajout d’un lest sur le bas de ligne (cône, bille tungstène etc.…), ce qui lui donne une nage en dents de scie. Le changement d’action peut aider à déclencher les touches en cas de suivis multiples. Aussi, je vous conseille vivement de monter des mouches à « jerker » pour obtenir une nage irrégulière qui, à chaque tirée de soie, va faire partir votre mouche de droite à gauche. Pour avoir ce type d’action, il suffit de confectionner des montages avec une tête légèrement plus volumineuse et avec des yeux posés à plat sur les côtés. Cet effet « jerk » peut être accentué par l’utilisation de montages articulés et/ou des « tails » de type « wave ». Typiquement, ce sont des streamers à utiliser lorsque vous sentez des touches qui se concrétisent difficilement. C’est une pêche de printemps par excellence, par eau claire en laissant des pauses plus ou moins longues entre les « jerks » : attention aux attaques au redémarrage !

Un streamer baitfish de type « finesse.
Crédit photo : Valentin Bernard

Les streamers "réaction"

Dans beaucoup de situations, un streamer « finesse » ne va pas suffire pour répondre au comportement agressif de l’espèce. Il faut alors des mouches émettant plus de signaux. En déplaçant un plus gros volume d’eau, on va pouvoir susciter deux types de réactions. La première étant une réaction opportuniste : une grosse proie isolée facile à localiser et à prendre. Et la seconde, une attaque de réaction territorialiste. Mais pour cela il faudra ajouter soit du volume pour une nage agressive, soit des accessoires pour envoyer différents signaux. Cela fait très longtemps que les monteurs cherchent à gagner de l’effet vibratoire des mouches (palettes, grub, etc.) Mais ce n’est que depuis quelques années que l’utilisation de tails s’est démocratisée notamment pour le carnassier. De différentes textures, types et formes, ce sont des alliés de choix pour ajouter de nouveaux types de signaux dans nos mouches. Les tails auront aussi pour avantage de vite augmenter le volume et la taille du leurre sans pour autant alourdir le montage. Aussi, nous pouvons en deux secondes, par un système d’attache rapide, transformer un streamer « finesse » type Deceiver en un streamer de réaction et inversement. J’ai toujours quelques tails dans les poches prêtes à servir. Cela devient très utile sur un poisson suiveur ou qui aurait raté son attaque car on peut lui présenter autre chose sur l’aspect, le contraste et les vibrations sans avoir à fouiller dans ses boîtes. Il faudra juste lors du montage faire attention à la longueur des fibres pour qu’elles ne viennent pas gêner l’action de ces tails où des palettes.

Un streamer « chatterfly » qui jouera sur l’agressivité du brochet. 
Crédit photo : Valentin Bernard

Pensez aux palettes

Les palettes ont depuis longtemps agrémenté les streamers, souvent bricolées, elles n’étaient pas toujours agréables à lancer. Cependant avec l’essor du « craft » chez nos voisins leurristes nous pouvons désormais trouver tous types d’appendices métalliques utilisables à la mouche. J’utilise régulièrement des palettes type feuille de saule en caudale à la place des tails. Elles sont plus effilées et se lancent tout aussi facilement, en fonction de leur taille, qu’un autre type de tails. Ces streamers « tail » ou à palette vont avoir deux types d’actions : la première étant une action de power fishing (prospection), afin de battre du terrain rapidement et obtenir un maximum d’informations. La seconde action sera pour une pêche de poste. C’est une pêche rapide, précise à courte distance qui aura pour but de faire sortir les poissons de leur affût (bordure encombrée, roselières, herbiers etc..). Il sera alors nécessaire d’utiliser des streamers qui possèdent une certaine bascule afin que le leurre soit entraîné vers le fond par la tête, et que les tails restent efficaces à la descente.

Streamer « pushwater », indispensable pour déclencher des attaques lorsque les brochets sont comme suspendus dans l’onde.
Crédit photo : Valentin Bernard

Les "push water" ou "bulk head"

Le dernier type de montage qui me semble indispensable dans une boîte est inspiré au départ des montages types divers et a été remis au goût du jour. Les montages type Bulk head que j’appellerai plutôt « push water » sont les mouches les plus volumineuses soit par une succession de collerette de buck tail soit par une tête massive. Elles peuvent être conçues en cervidé, fibres synthétiques ou encore en mousse pour obtenir un nez plat. Elles vont chercher à brasser un maximum d’eau à la moindre animation et ceci même sur des pêches lentes. Ce style de leurre s’avère d’une grande utilité lorsque l’activité est au ralenti et que les touches se laissent attendre. On va alors jouer sur le côté territorial du brochet. Je les aime bien pour des pêches lentes d’hiver en milieu ouvert ou au-dessus des herbiers. Mais ils trouvent à mon sens toutes leurs applications en « pélagique », pour imiter une silhouette décollée dans la première couche d’eau et ainsi décider un poisson suspendu. C’est un allié idéal pour prospecter les fosses et le dessus des cassures.

 

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