Commençons par remettre les choses dans leur contexte. Avec un hiver peu pluvieux cette année, la tendance sera plutôt vers des eaux basses et claires. Il faudra alors miser sur une silhouette et des coloris naturels se rapprochant du fourrage en place.
1. Le Baitfish Minnow
Un streamer de type « baitfish » sera parfaitement adapté. Je l’utilise régulièrement en début de saison sur des pêches de poste, en dérive ou encore du bord. Facile à lancer, il ne nécessite pas un gros équipement et permet de se faire plaisir sur du matériel léger (une canne de puissance 8 à 9 suffit largement). Pratiquant essentiellement du bord en début de saison, je privilégie un montage sur un hameçon Texan pour éviter les accrochages. Commencez par positionner un « shank » dans la courbure devant l’hameçon. Veillez à bien laisser les œillets complètement dégagés de part et d’autre de celui-ci. Ces petits points d’ancrages sont une grande plus-value pour votre streamer. Ils le rendent complètement évolutif. En effet, sur ces pêches de poste, l’ajout d’un petit lest est parfois nécessaire pour faire passer au mieux votre streamer dans les obstacles. Le fait d’avoir un ancrage en tête vous offre la possibilité d’alourdir ou d’alléger votre streamer très rapidement. L’œillet ventral, quant à lui, servira à fixer une petite palette amovible de type « feuille de saule ». L’effet palette n’est plus à prouver et, par condition venteuse ou dans des eaux brassées, il fait parfois une grande différence et vous permettra de sauver votre pêche. Il est cependant difficile d’associer convenablement des palettes à un streamer. Soit pour des raisons d’équilibre, soit à cause des fibres qui peuvent s’emmêler autour de celles-ci. À mon sens, associer une petite palette « feuille de saule » au ventre d’un bait fish est une solution idéale pour agrémenter vos streamers de ces signaux métalliques parfois indispensables à votre réussite.
Construisez ensuite votre baitfish sur la hampe de l’hameçon par l’ajout successif de mèches de fibres synthétiques de type EP. Ne soyez pas avare sur la colle, chaque étape doit être collée soigneusement pour prolonger la durée de vie de votre streamer. Pensez toujours à fixer ces mèches avec un tiers vers l’avant et deux tiers vers l’arrière pour ensuite les rabattre. Cela vous offrira plus de solidité mais aussi plus de volume. Répétez l’opération en alternant une mèche ventrale et une mèche dorsale jusqu’à l’œillet. Vous pouvez ensuite retailler les fibres aux ciseaux pour leur donner la forme de poisson désiré. Libre à vous de rajouter des yeux et quelques coups de marqueur pour augmenter le réalisme. Petit conseil pour les yeux, les différentes marques les vendent régulièrement comme étant autocollants. Ces films adhésifs ne font pas toujours bon ménage avec les différentes colles cyano, je vous conseille de les enlever avant de coller vos yeux.
2. Le "Jerkfly" suspending
Au printemps, pas besoin de chercher longtemps les poissons. Il est habituel de les trouver près du bord ou sur les plateaux dans peu d’eau. Zones où ils se remettent gentiment de la fraie. Ils recherchent alors des calories avec tous types de proies qui s’activent sous la chaleur des rayons printaniers. Même si l’activité paraît importante avec des périodes de « chasses » très marquées, il faudra faire des pauses parfois longues pour transformer les touches courtes en attaques franches. J’adore cette période de l’année pour cela, des touches violentes après de longs moments de pauses. Les eaux claires et l’aspect très visuel rendent cette pêche tout aussi passionnante qu’une pêche de surface. Le mieux pour cela est d’avoir des streamers dits « suspending ». C’est-à-dire immobiles dans la couche d’eau à l’arrêt. Dans la majorité des cas, j’associe ce côté « suspending » à des streamers dits à « jerker », c’est-à-dire qui auront une action de nage de droite à gauche lors des différentes tirées de soie. C’est mon streamer par excellence pour le début de saison. Associez-le à des soies intermédiaires lentes pour une action parfaite. Pour équilibrer ce streamer, je commence par positionner un support de queue. Une « âme » relativement rigide en Bucktail sur la quelle je viens positionner mon flashabou.
Ensuite, je viens percer et coller un cylindre de mousse sur la hampe de l’hameçon. N’ayez pas peur de le faire un peu gros, nous reviendrons le tailler plus tard. Cependant, pensez à le coller de sorte à bien laisser la pointe de l’hameçon dégagée. Complétez votre queue avec des fibres flash un peu plus courtes et mobiles de type Angel Hair par exemple. Ceci afin de venir enrober votre mousse tout en la laissant accessible. Puis, finissez votre tête par deux mèches de dubbing XXL relativement épaisses. Fixez-les par le milieu des fibres, une mèche en dessous et une en dessus de la hampe. Puis rabattez-les vers l’arrière à l’aide d’un peigne ou d’une brosse. Vous obtenez ainsi une tête avec un profil relativement plat qui sera à elle seule garante de l’action de nage dit à « jerker » de votre streamer. Vient désormais le temps d’équilibrer votre mouche. Pour ce faire, remplissez un bac d’eau puis plongez-y votre streamer avec la pointe de votre bas de ligne et votre agrafe le cas échéant. Il faut bien tenir compte de ce poids supplémentaire pour ne pas venir troubler l’équilibre de la mouche une fois au bord de l’eau. S’il remonte vite à la surface, retaillez le morceau de mousse petit à petit jusqu’à ce qu’il ne remonte que très lentement dans la couche d’eau. Vous aurez ainsi un streamer parfaitement adapté à de longues pauses, idéal pour décider les poissons en ce début de saison !
3. Le Jigfly
Enfin, mon dernier montage pour le printemps sera un montage de type jig. Ce n’est pas une mouche destinée à être lancée de manière conventionnelle mais plutôt déposée dans les obstacles pour débusquer les poissons à l’affût. Vous pouvez les monter directement sur des têtes plombées de 5 à 10 grammes ou alors sur des hameçons jigs avec des lests tungstène relativement conséquents. Le plus important est de monter un anti-herbe fort. Pour ce faire, j’utilise deux morceaux de fluorocarbone en 70 centièmes que je fixe dans la courbure de part et d’autre de l’hameçon. Je fixe une attache rapide pour venir rajouter une tail ou une lanière de lapin en queue. Le fait d’avoir une tête très lestée entraînera directement le streamer dans l’obstacle, faisant travailler à merveille la tail à la descente. J’ai une préférence pour les double tails qui donneront une silhouette de grenouille, très convoitée par nos amis les carnassiers en début de saison. J’habille ensuite la hampe de l’hameçon avec une chenille à fibre longue. Je monte alors des mèches de dubbing XXL agrémenté de pattes en silicone très mobiles tout autour de l’hameçon pour former une jupe imposante qui bougera beaucoup d’eau. Finissez enfin par fixer les anti-herbes sur l’avant de l’hameçon en formant une boucle tout au long de la courbure pour contrer les obstacles. Pour utiliser ce genre de streamer, je privilégie des cannes longues de 10 pieds minimum avec des puissances importantes, une soie de 10 ou de 12 n’est pas de trop. Non pas pour lancer ces mouches, car cela est impossible, mais pour extraire les poissons une fois piqués dans les tas de branches ou autres structures dans lesquelles nous sommes allés les chercher.*