Si articuler un streamer n’est pas spécialement nouveau, cela n’a jamais généré non plus d’expérimentations très poussées. Mais l’arrivée récente sur le marché d’éléments conçus et développés dans ce but bien spécifique a contribué au développement de ce type de montage. Le principe est très simple qui repose sur l’assemblage d’au moins deux sections métalliques formant en quelque sorte le « squelette » du streamer.
Grandes tailles
Chaque élément est ensuite garni de fibres souvent courtes qui façonneront le corps. Ces montages articulés, lorsqu’ils sont parfaitement équilibrés, nagent ensuite de manière très naturelle et, surtout, très différente des streamers traditionnels. Personnellement, je destine la quasi-totalité de ces imitations à la pêche du brochet et me concentre donc sur des créations de grande taille.
Trois longueurs
En France, sur le marché du fly tying, les petites armatures métalliques nécessaires (Fish Skull, Mouches de Charette) sont disponibles en plusieurs tailles : 25, 35 et 55 mm. Il est important de disposer de ces trois longueurs, parfaitement complémentaires, et qui permettent de multiplier les types de nage en fonction de ses besoins ou de ses envies. Élaborer cette armature de base est la première des problématiques à résoudre dans la conception d’un montage. Ainsi, quand l’association de plusieurs agrafes de 25 mm favorise une nage serpentiforme, surtout sur une récupération linéaire, les 55 mm donnent, elles, une allure plus déstructurée. De manière générale, j’opte au minimum pour trois sections (hameçon compris) mais je peux aller jusqu’à sept agrafes pour les modèles les plus articulés. Cette possibilité de maîtriser presque totalement le type de nage et d’ondes générées a contribué à une étonnante évolution de la pêche du brochet au streamer. Le montage ne doit en effet laisser que peu de place à l’approximation car cette armature métallique possède tout de même un certain poids. Il convient donc de savoir où l’on va pour être capable de déterminer la quantité et le type de fibres nécessaires pour harmoniser au mieux le corps du streamer. Pour cela, j’utilise majoritairement des matériaux synthétiques. Pour obtenir une finition optimale, je privilégie les matériaux simples à retailler qui garantissent à l’arrivée un corps parfaitement régulier.
Le montage
Comme c’est assez souvent le cas dans les protocoles de montage, j’attaque toujours par la partie arrière, sur la dernière agrafe donc. Cette étape étant finalisée, je relie la deuxième, la garnit, et ainsi de suite. Petit à petit, le corps du streamer se dévoile. La dernière articulation étant finie, je la relie à une petite boucle de câble acier (avançon carnassier) ligaturée sur la hampe de l’hameçon qui forme en fait le segment de tête. Place à la finition.
Dernière touche
Veillez à ce que rien ne contrarie chaque articulation, toutes devant jouer parfaitement leur rôle. Il ne reste plus qu’à harmoniser le streamer dans sa globalité en peignant soigneusement les fibres et en retaillant le corps avec précision.
Zoom : Quatre types d'articulation
1 Classique
Cette version à deux grandes sections de 55 mm permet de monter de très grands modèles. Si l’on ajoute la hampe de l’hameçon, le streamer, décomposé donc en trois éléments, mesure à l’arrivée une quinzaine de centimètres.
2 Naturel
Voici un profil dégressif simple qui reproduit assez fidèlement la nage d’un véritable poisson. Bien que ces modèles soient très polyvalents, leur efficacité est optimale avec des récupérations lentes et linéaires, de type roly poly.
3 Serpentiforme
Quatre agrafes de 25 mm plus une agrafe de 35 mm recevant l’hameçon donnent une incroyable souplesse permettant une nage serpentiforme plus ou moins marquée selon le type d’animation. C’est un profil vraiment polyvalent.
4 Destructuré
I.ci la partie centrale très mobile donne une nage très déstructurée (de type poisson blessé en détresse). Ce profil est bien adapté pour des montages assez légers et planants, animés par un stripping énergique entrecoupé de longues pauses.