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Mouche en lac de montagne : adaptez vos prospections

Les lacs de montagne constituent des parcours formidables pour pêcher à la mouche dans un environnement le plus souvent majestueux. Mais la partie n’y est pas forcément gagnée d’avance. Et ce sont les types de prospections mis en œuvre qui devront être adaptés aux conditions du moment, qui vont en grande partie conditionner une éventuelle réussite.

Parmi les options possibles du pêcheur à la mouche en été, les lacs de montagne offrent des conditions de pêche très différentes des rivières, ne serait-ce que par l’absence de courant et l’extrême limpidité des eaux. Il faut donc repenser ses approches et sa stratégie pour espérer y réussir.

Bivouaquer au bord du lac permet de profiter de superbes coups du soir et du matin, des périodes qui se révèlent très souvent rentables. 
Crédit photo : Marc Delacoste

En mouvement

En rivière, les truites choisissent une tenue et y attendent que le courant leur apporte des proies qu’elles interceptent à leur passage. En lac de montagne, il existe bien quelques courants, liés au vent ou aux tributaires, mais ils sont globalement peu importants. Les salmonidés doivent donc adopter un comportement et une stratégie alimentaire différents. Plutôt que de rester postés au même endroit, ils se mettent en recherche, parcourant le lac en quête de proies.

Dans tous les cas, il faut faire preuve d’une grande discrétion dans ses approches. L’idéal est de pêcher à vue et de ne lancer que sur des poissons repérés. 
Crédit photo : Marc Delacoste

Si certaines zones recèlent plus de proies, ce qui arrive régulièrement, alors les salmonidés peuvent s’y concentrer, ce qui fait que les densités sont très différentes d’un secteur à l’autre. Bien des paramètres peuvent influencer cette éventuelle abondance de nourriture : herbiers, hauts fonds, plus productifs que les zones profondes, arrivée d’eau. Le vent peut aussi concentrer les insectes flottants dans certains secteurs. Enfin, comme en rivière, les truites aiment s’abriter près des structures. Ces abris peuvent être des herbiers, des tombants, des bois noyés, des blocs rocheux ou des zones d’éboulis. Un secteur riche en abris présentera souvent plus d’intérêt qu’une zone plate et uniforme. On voit que ces milieux, à première vue uniformes, présentent en réalité une certaine hétérogénéité.

Il est judicieux de parcourir le plus de terrain possible le long des berges, le but étant d’identifier les zones d’intense activité
Crédit photo : Marc Delacoste

Les zones d'activité

Le décor étant planté, une des premières démarches consiste donc à prospecter différents secteurs, afin de dénicher des zones d’activités préférentielles avec concentrations de poissons. Il faut toujours bien observer sous l’eau pour rechercher ces éventuelles structures pouvant abriter ou concentrer des poissons mais aussi en surface en quête d’indices. Ce seront des gobages essentiellement, qui vont indiquer une zone préférentielle s’ils sont localisés mais aussi des insectes qui peuvent renseigner sur les proies du moment.

Les arrivées d’eau constituent des postes privilégiés. Les truites pouvant s’y installer très près de la berge, ce sont des spots forcément intéressants mais qu’il faut aborder en faisant preuve de discrétion. 
Crédit photo : Marc Delacoste

Même si elle est pratiquée dans un milieu globalement stagnant, la pêche à la mouche reste une technique de prospection. Il convient alors d’insister sur certains secteurs mieux peuplés ou présentant de meilleures potentialités d’habitat pour, à l’inverse, passer plus rapidement sur d’autres moins prometteurs. La prospection peut être insistante sur des postes typiques réguliers : arrivées et sorties d’eau qui génèrent des courants et concentrent donc toujours de la nourriture. Attention, au niveau des arrivées d’eau, les truites peuvent être postées très près du bord et il faut donc les aborder avec discrétion. Ne pas hésiter à lancer sa mouche au ras de la bordure, dans le courant. Ces postes types peuvent aussi être des anses pas trop profondes, surtout si elles recèlent quelques herbiers, toujours productifs en proies.

Les anses avec des pentes douces et des herbiers sont également des zones d’alimentation privilégiées par tous les salmonidés qui vivent dans les lacs d’altitude.
Crédit photo : Marc Delacoste

La bordure aussi

On testera aussi les bordures des tombants, le long desquelles patrouillent les truites, à l’abri sous deux mètres d’eau mais qui montent dès qu’elles repèrent un insecte en surface. Les pointes constituent aussi des passages obligés où il peut être judicieux d’insister. Enfin, il ne faut jamais négliger la bordure, surtout si elle est un peu verticale, avec une végétation retombante, comme des rhododendrons par exemple. Cette végétation attire souvent des insectes et les truites peuvent y patrouiller très près, tôt le matin notamment. Une approche trop rapide et des lancers trop longs au lieu d’attaquer au bord… et tout le monde s’enfuit ! Enfin, la berge battue par le vent mérite qu’on y insiste un peu plus, car elle concentre souvent les proies poussées par le vent. Là aussi, l’approche doit être la plus discrète possible car les truites peuvent marauder au plus près de la bordure.

Sens horaire

Lorsque l’on prospecte un lac à la mouche, si on est droitier, on a tout intérêt à en faire le tour dans le sens des aiguilles d’une montre. Cela offre en effet plus de dégagement sur l’arrière et facilite les lancers longs. Dans le sens antihoraire, la soie sera plus rapidement en contact avec la berge, surtout si celle-ci est un peu abrupte, ce qui fait perdre pas mal de mouches. Nos amis gauchers feront l’inverse bien sûr.

Sur le pourtour du lac, les pointes sont d’office des passages obligés sur lesquels il ne sera jamais vain d’insister. 
Crédit photo : Marc Delacoste

Difficile

Le vent est l’un des points essentiels qui va dicter notre façon de prospecter. S’il ne souffle pas et que la surface du lac est lisse, les truites seront très farouches et la pêche difficile. Il ne faut donc pas pêcher en aveugle et risquer d’effrayer un poisson au premier posé. Au contraire, il faut parcourir lentement la berge et tenter de repérer les poissons avant de leur proposer une mouche. Les lunettes polarisantes et une bonne visière protégeant les yeux des rayons du soleil sont indispensables. Longer la berge un peu en hauteur facilite cette traque en ouvrant le champ de vision.

Sans le moindre souffle de vent et avec un lac d’huile, la pêche peut hélas devenir de plus en plus difficile car les truites méfiantes vont être rapidement effrayées par des posés répétés. Là encore, la pêche à vue s’impose. 
Crédit photo : Marc Delacoste

Parfois, ce n’est pas une truite qu’on repère mais son ombre portée. Qu’importe, il faut anticiper sa trajectoire et poser sa mouche à bonne distance, c’est-à-dire ni trop près pour ne pas l’effrayer ni trop loin pour ne pas risquer un changement de direction. S’il n’y a pas de vent, il faut utiliser des bas de ligne longs et assez fins (12 voire 10/100 en pointe) et de très petites mouches flottant bas sur l’eau. Les seuls lancers que l’on peut se permettre en aveugle concerneront les structures (herbier, rocher) où un poisson peut être embusqué. Sinon, on ne lance que sur des poissons dûment repérés. Enfin, il ne faut jamais hésiter à troquer sa sèche contre une petite nymphe légère, surtout en cas de refus répétés.

Une légère brise qui n’empêche pas de repérer les poissons, voilà qui est parfait
Crédit photo : Marc Delacoste

Vive le vent

Si en revanche le vent souffle jusqu’à bien agiter la surface, la pêche à vue devient quasiment impossible. Dans ces conditions, il faut prospecter en aveugle et se concentrer sur les postes, particulièrement ceux listés précédemment. Un bas de ligne trop long n’est pas nécessaire ici et devient même un handicap, en empêchant d’être précis. Il faut donc le raccourcir (1 à 1,5 fois la longueur de la canne), selon la force du vent. Lorsque la surface est très agitée, les salmonidés ont du mal à voir les petites mouches. Des artificielles assez grosses (n°12 à 14) se repèrent mieux, à la fois par les truites et par nous, et sont souvent attractives sur une surface agitée. Ces grosses  mouches peuvent être des sedges foncés qui imitent des sialis, insecte fréquent en altitude, ou une mouche en poil de chevreuil, qui flotte bas sur l’eau et se voit très bien, imitant toutes sortes d’insectes, notamment des sauterelles. En cas de refus, on peut également pêcher avec deux mouches: une assez volumineuse, sorte de teaser toujours visible, et une plus petite 50 ou 60cm derrière, qui sera souvent gobée par une truite attirée d’abord par la première.

Le sialis est un insecte toujours très présent sur les bordures bien végétalisées des lacs de montagne. Quelques sedges foncés dans la boîte feront l’affaire. 
Crédit photo : Marc Delacoste

Quels lacs ?

Avec ses prospections lentes et son faible rayon d’action, la pêche à la mouche n’est sans doute pas la mieux adaptée aux grands lacs de barrages, même si elle peut y rapporter quelques belles truites en insistant sur des zones localisées. À l’inverse, les lacs de petites ou moyennes dimensions sont idéals et la belle discrétion du bon moucheur y fera merveille.

Être réactif

Cette petite mouche étant la plus souvent difficile à discerner, il ne faut pas hésiter à ferrer au moindre signe suspect à proximité de la plus grosse. Après le posé, on laisse dériver l’imitation, poussée par le vent, pour qu’elle passe au-dessus des zones que l’on veut prospecter. Sinon, on peut aussi la faire draguer doucement, un léger sillage pouvant faciliter sa perception par les truites et les exciter un peu. Enfin, le vent peut être présent mais de faible intensité. Une petite brise qui ride la surface tout en laissant la possibilité d’apercevoir les salmonidés est le cas de figure le plus favorable. Cela permet de pêcher à vue, tout en rendant les truites moins farouches qu’avec une surface lisse. Le bas de ligne ne doit cependant pas être trop court, 1,5 à 2 fois la longueur de la canne environ. Des mouches en taille n°14 à 16 fonctionnent en général bien.

Par souci de visibilité, en cas de surface très agitée par le vent, il faut se décider à utiliser des mouches volumineuses. 
Crédit photo : Marc Delacoste

Affiner

Sinon, il faut descendre en taille, voire pêcher avec une petite nymphe légère si on enregistre trop de refus. Savoir s’adapter aux conditions du moment, qui peuvent être très changeantes d’une journée à l’autre, est essentiel pour réussir dans ces parcours souvent extraordinaires que sont les beaux lacs de montagne.

Lorsque la surface est agitée par le vent, une grosse mouche est mieux perçue par le pêcheur mais aussi par les truites. Les montages à base de poils de chevreuil apporteront le volume nécessaire.
Crédit photo : Marc Delacoste

Quelle espèce ?

La truite fario, espèce la plus présente en lac de montagne, répond très bien à la mouche. Mais l’omble de fontaine et la truite arc-en-ciel, souvent très actifs près de la surface, sont aussi des cibles de choix pour le moucheur d’altitude. Le premier navigue en général tranquillement auprès des bordures, alors que la seconde nage souvent plus rapidement et plutôt loin du bord. Quant aux ombles chevaliers et au cristivomer, ils se tiennent souvent trop en profondeur pour être pêchables à la mouche. Mais certains jours, ils maraudent près du bord et sont alors prenables, en sèche ou en nymphe.

 

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Magazine n°927 - Août 2022

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