Il suffit de retourner quelques cailloux pour s’apercevoir de la richesse discrète de nombreux cours d’eau. Si en premier lieu notre attention se porte sur les familles d’insectes phares de la pêche à la mouche, les fonds sont très souvent colonisés par d’autres invertébrés, tout aussi abondants. À l’instar des limnées ou des larves de simulies, les vers plats représentent des proies de substitutions que les poissons n’hésitent pas à manger durant certaines périodes.
Uniques
Ces vers plats sont des petits animaux totalement incroyables, puisqu’ils sont considérés comme « immortels », en se positionnant comme les champions toutes catégories de la régénération cellulaire. Ainsi, lorsque l’on coupe ce petit ver plat long de quelques centimètres en deux, une tête va se reformer sur la partie décapitée et un corps sur l’autre en l’espace d’une quinzaine de jours ! Ces fascinantes capacités régénératrices font que ce petit ver aquatique est très largement étudié par les scientifiques du monde entier. Les planaires ont même eu droit à leur voyage expérimental dans l’espace !
Cycle
Le monde des planaires est particulièrement vaste et riche. Si certains sont rampants d’autres sont nageurs. De nombreuses espèces de ces vers sont même des parasites de poissons. Le planaire sombre est une espèce abondante chez nous, qui fréquente des milieux variés comme les ruisseaux, les rivières, les lacs et les étangs. Adulte, il mesure un peu plus de deux centimètres de long et arbore une teinte variable entre le beige et le marron foncé. La journée, il reste discret, caché l’abri des pierres du fond. Son activité est principalement nocturne, et c’est à ce moment-là que le ver planaire part en quête de nourriture. Il est essentiellement carnivore, s’alimentant de petites proies mais aussi de charognes. Sa résistance est telle que cet invertébré peut se passer de nourriture durant des mois. Suivant les espèces, la reproduction a lieu tout au long de l’année. Ces vers sont des hermaphrodites. Une fois l’accouplement terminé, plusieurs œufs vont être pondus puis enfermés dans un cocon qui sera ensuite fixé à l’abri des pierres et des végétaux. Le stade larvaire est inexistant chez ces invertébrés et ce sont des juvéniles parfaitement formés qui sortent de leur œuf. La croissance est assez rapide pour les planaires qui dépasseront le centimètre au bout de deux mois et auront déjà la capacité de se reproduire…
En langage moucheur, ça donne quoi ?
On sous-estime bien souvent la largeur du régime alimentaire des poissons… Les vers planaires sombres représentent des petites bouchées très intéressantes à exploiter durant l’arrière-saison, période durant laquelle l’opportunisme des poissons tend à s’accentuer. Dans un registre assez équivalent, nous aurions pu aussi évoquer le cas des sangsues, plus grandes, qui elles aussi semblent être appréciées des salmonidés. L’utilisation d’imitations de vers plats s’accorde parfaitement à la saison hivernale, lorsque les pêches se font en seconde catégorie mais aussi en réservoir. J’ai noté un véritable intérêt des poissons de déversement pour les imitations de planaire.
Fiche montage
- Hameçon : TMC 206BL H 14
- Corps : fil de plomb fin/ polyfloss Camel/ vernis UV
- Queue : cou de poule marron
Le montage de ces petits vers est extrêmement simple de réalisation. Cette artificielle habituellement réalisée en polyfloss pourra être aussi montée en San juan body marron et casquée d’une bille chocolat. C’est une mouche très efficace en réservoir.