Ces trichoptères regroupent pour moi quelques-uns des plus beaux représentants dont certaines espèces sont un gracieux mélange d’allure et d’esthétisme. Cette famille affectionne en règle générale les cours d’eau supérieurs et courants, au milieu oxygéné et exempt de toute pollution. En Europe, les philopothamidés comptent près de 30 espèces, réparties en trois genres : philopothamus, wormaldia et chimarra. Néanmoins, tous ces trichoptères ne sont pas forcément intéressants pour les pêcheurs à la mouche, surtout en début de saison. Les philopothamus sont les plus précoces avec des émergences marquées dès le mois de février suivant les départements. En France, trois espèces de philopothamus se dégagent du lot grâce à leur abondance et à l’étendue de leur aire de répartition : Ph. montanus, Ph. ludificatus et Ph. variegatus. À eux trois, ils occupent presque l’intégralité du territoire français. Si l’identification du genre est très aisée, en ce qui concerne l’espèce, c’est une autre histoire que nous laisserons à l’œil aguerri.
Cycle
Cette catégorie de trichoptère ne possède pas d’étui protecteur. Elle est dite « campodéiforme ». Elle est assez facilement reconnaissable grâce à son corps très clair de couleur crème. Sa tête allongée de couleur brune/ orangée est garnie de deux pièces buccales massives. Tout comme la tête, les premiers segments thoraciques sont recouverts de chitine. Les larves de philopothamus disposent d’une stratégie alimentaire très particulière : elles tissent un filet de soie leur servant de « collecteur » de nourriture. Leur vie est discrète et ces invertébrés se cantonnent le plus souvent sous les cailloux des veines d’eau riches en oxygène. À l’issue de leur croissance dans la sphère du monde aquatique, les larves flirtent avec les 2/100 de long. La larve se tisse une sorte de cocon afin d’accomplir sa nymphose, à l’abri des pierres. L’émergence est particulière puisqu’elle ne s’accomplit non pas en dérive, mais sur la terre ferme. Ce phénomène se déroule essentiellement durant la nuit. La nymphe va accomplir une véritable prouesse en nageant en direction de la berge. Une fois sortie de l’eau, il ne reste plus qu’au futur imago à s’extraire de son enveloppe nymphale pour accomplir définitivement sa métamorphose. L’insecte parfait arbore alors une parure très esthétique avec de larges ailes comprises entre 10 et 13 mm, bien nervurées. Il est de couleur foncée à presque noire, parsemé de taches et de marbrures presque jaunes dorées. Ce sedge de belle taille est donc assez facilement reconnaissable. Bien que les émergences massives soient rares, ces philopothamidés volent toute la journée, toujours à proximité des rivières et ruisseaux en quête de reproduction. Les femelles fécondées assurent la ponte en déposant les œufs directement sous l’eau, une tâche qui leur sera fatale…
En langage moucheur, ça donne quoi ?
Sedge, début de saison, eaux rapides… Philopothamus nous offre une belle mise en bouche et une conjugaison classique découlant sur la création d’une sèche haute flottaison très fournie qui marquera par sa polyvalence. Elle pourra être utilisée toute la journée : spécifiquement en période d’émergence durant les pêches de prospection ou elle pourra être associée à une nymphe pour une pêche à dropper. Ici le chevreuil domine ! Néanmoins, avec l’avancée de la saison, des imitations de philopothamus plus légères peuvent être réalisées. Il sera alors possible de remplacer le chevreuil matérialisant les ailes, par de la queue de faisan dorée ou de la queue de faisane…