En France, les années 1970 annoncent le début des études et diagnostics des milieux à l’aide d’indices de référence comprenant des invertébrés benthiques (évoluant sur le fond). En 1992, avec la loi sur l’eau qui impose le maintien et l’amélioration de la qualité écologique des eaux de surface, l’étude d’impact des milieux aquatiques, grâce aux bio-indicateurs, connaît un véritable essor... Il existe deux modèles d’exploitation des bio-indicateurs. L’un fait état du degré de « polluo-sensibilité » des espèces étudiées. La tolérance, la diversité et l’abondance permettront alors de tirer des conclusions fiables sur l’état de santé du cours d’eau étudié. L’autre modèle est quant à lui basé sur l’étude d’un écosystème dans son ensemble. Cette technique plus moderne nécessite une base de données importante. Elle est aussi très utilisée pour comparer des communautés et l’organisation spatiale des populations de poissons.
Quels bio-indicateurs ?
Les diatomées
Le milieu aquatique est un monde invisible à l’œil nu, incroyablement riche, abritant par exemple de microscopiques algues unicellulaires au squelette siliceux : les diatomées. Cette communauté de phyto-benthos, mal connue du grand public faisant état d’une famille largement étendue, est particulièrement esthétique. Les formes, les couleurs, les motifs géométriques sont uniques ! L’utilisation de ces algues unicellulaires comme bio-indicateurs de référence date du début des années 2000 : leurs qualités sont utilisées comme bio-indicateurs sur presque l’intégralité du réseau hydrographique mondial.
Les macro-invertébrés
Ils sont nos fameux indicateurs pionniers, ceux qui ont permis de tirer les premiers diagnostics sur l’état de nos cours d’eau. Ils sont le plus souvent utilisés pour estimer la qualité d’une eau, mais aussi une modification de l’habitat. Des dizaines d’espèces sentinelles d’invertébrés aquatiques présentent le statut de bio-indicateurs. Parmi eux, nous retrouvons des éphémères, des trichoptères, des plécoptères, des mollusques, des crustacés, etc. Bien que des inventaires précis soient nécessaires pour connaître le degré d’abondance et la diversité, il est tout de même possible en un coup d’œil d’avoir déjà une petite idée sur la question. La tolérance et la faible élasticité de certaines espèces sont telles que leur présence nous livre déjà des éléments de réponses. C’est par exemple le cas des perles (plécoptères), qui ont forcément besoin d’eaux pures, bien oxygénées et exemptes de toute pollution pour pouvoir prospérer. À un autre extrême, les chironomes sont à l’âge adulte des petits insectes ailés ressemblant à des moustiques. Leurs larves, plus connues sous l’appellation « vers de vase », sont extrêmement résistantes aux agressions et arrivent même à vivre dans des zones à très faible teneur en oxygène, au même titre que la sangsue.
Les macrophytes
Les végétaux sont eux aussi des bio-indicateurs renseignant sur certains éléments importants, comme la mise en évidence de certains éléments chimiques issus de l’homme et présents en excès dans le milieu. C’est le cas de certaines formes azotées principalement issues de l’agriculture ou de rejets directs. Elles seront un bon indice de l’eutrophisation. Une communauté végétale renseigne aussi sur l’impact de la modification du milieu comme la chenalisation, l’endigage ou autre action menant à l’artificialisation des berges. Cette modification de l’habitat bouleverse l’équilibre naturel de la rivière. Certaines espèces ne trouvant plus la surface adéquate à leur fixation se retrouveront dans l’incapacité de s’enraciner, laissant ainsi le champ libre à d’autres types de végétaux, plus adaptés, qui proliféreront !
Les poissons
Les communautés piscicoles sont des outils de référence qui, à la différence des autres, permettent d’intégrer une échelle de temps plus importante grâce à leur longévité. Chaque espèce réagit bien différemment face aux pressions. Par exemple, les espèces comme la truite ou le saumon de fontaine seront extrêmement sensibles à la baisse de la qualité d’eau, comparées au black-bass, qui est une espèce bien plus robuste. Lorsque l’on change d’angle et que l’on se réfère à la dégradation de l’habitat, parmi les espèces les plus touchées on retrouve cette fois-ci le barbeau ou le brochet. Le chabot est représenté comme étant l’espèce de poisson la plus fragile, dont les populations seront impactées au moindre bouleversement.