En France, de façon globale, l’ordre des mégaloptères est un groupe restreint à peine représenté par quelques espèces, dont la majorité sont des sialis. Trois représentants se partagent le territoire. Le sialis de vase (Sialis lut aria), aussi appelé mouche de l’aulne, est de loin le plus répandu. Il fait son apparition dès le printemps pour une période de vol qui s’étale jusqu’en milieu d’été. Le Sialis lut aria apprécie les eaux closes mais fréquente aussi les parties lentes des rivières aux abords des secteurs sablonneux et vaseux. Les deux autres espèces sont, à l’inverse, inféodées aux milieux plus rapides et torrentueux, en peuplant même certaines têtes de bassins d’altitude.
Le cycle
La larve de sialis sait se faire discrète en évoluant principalement sous les matières organiques en décomposition (feuilles), mais aussi à l’abri du sédiment. Sa couleur varie entre le brun et le jaune. Son abdomen, qui se termine par un unique cerque, est aussi parcouru latéralement par sept paires de longues branchies plumeuses. La larve s’identifie facilement par la dimension importante de sa tête ronde et large. Au vu de ses puissantes mandibules, il ne fait aucun doute qu’elle est à ce stade carnassière. La larve prédatrice qui se déplace tantôt en rampant, tantôt à la nage, est une opportuniste qui apprécie de dénicher d’autres invertébrés comme les larves de chironomes. Après neuf mues et deux ans de vie aquatique, le sialis, qui mesure à présent près de deux centimètres, est prêt pour sa métamorphose. Il est temps de sortir de l’eau pour les berges humides où il s’enfoncera et deviendra nymphe. Il faudra attendre près d’une semaine pour y voir s’extraire l’imago. L’insecte parfait mélangeant les nuances de gris et de noir est un mélange de plécoptère et de sedge, aussi bien dans sa morphologie que dans son comportement. Comme le plécoptère, ses deux paires d’ailes bien nervurées le contraignent à un vol lourd en hélicoptère et comme le tricoptère, il apprécie de retrouver la face cachée de la végétation rivulaire. Après avoir suivi et trouvé sa femelle, le mâle s’adonne à quelques positions pour le moins originales en jouant avec la souplesse de son abdomen. Tout le processus se passe dans la végétation environnante, en sachant qu’une femelle peut se reproduire avec plusieurs mâles. Une fois fécondée, elle rejoint les végétaux terrestres surplombant pour y déposer à l’air libre plusieurs centaines d’œufs. Après quelques jours, les larves à peine écloses tomberont à leur tour dans l’eau pour y grandir !
En langage moucheur, ça donne quoi ?
Voici le type d’invertébrés qui mettent du beurre dans les épinards en venant se greffer aux émergences d’invertébrés plus conventionnels. Leur élasticité permet aux sialis de peupler des secteurs divers et variés. Leur présence ravira aussi bien les pêcheurs de rivières que ceux des réservoirs, surtout lorsque le vent souffle et rabat ces piètres voleurs sur la surface de l’eau. Les sialis sont toujours à l’origine des quelques gobages bien francs des poissons. Bien qu’ils puissent être confondus avec les sedges et les perles, les sialis et leur couleur grise et noire nécessitent des montages spécifiques pour créer au mieux l’illusion. Pour les non-monteurs, le ZC13 noir taille 12 fera des merveilles !