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Au thon rouge, avec Patrick Guillemot : c'est du sport !

Les pêcheurs sportifs bretons se font un plaisir de délaisser un temps leurs bars, daurades et pagres habituels. Il faut dire qu’avec le thon rouge, ils découvrent un nouveau monde. 

Crédit photo Thierry Sauvin
Depuis quelques années, le thon rouge revient en force sur la façade atlantique, semblant remonter toujours plus haut vers le nord. Les côtes bretonnes accueillent désormais ce géant des mers au plus grand plaisir des pêcheurs. Thierry Sauvin a suivi l’un d’eux, Patrick Guillemot, grand amateur de cette pêche éminemment sportive, lors d’une belle sortie automnale.

C’est au port du Belon (29), entre Lorient et Concarneau, que j’ai rendez-vous avec Patrick Guillemot. Pêcheur de truite à la mouche expérimenté, Patrick s’est découvert depuis deux ans une passion pour le rouge, le plus gros de tous les thons. Les sujets les plus imposants peuvent en effet atteindre les 300 kg pour une longueur de 3m. Ce pélagique grégaire, toujours en mouvement, est revenu en force depuis quatre ou cinq ans grâce à de sévères mais efficaces mesures de protection.

Sans aller très loin au large, c’est inutile à cette époque, Patrick cherche une chasse. L’attente ne sera pas longue. 
Crédit photo : Thierry Sauvin

Premières chasses

La météo annonce une mer calme, propice pour repérer les chasses. « Je préfère débuter tôt le matin car le poisson, moins dérangé, vient près de la côte, explique Patrick. Les chasses sont plus fréquentes et durent plus longtemps ! » Afin de mettre toutes les chances de notre côté, deux bateaux «amis» nous accompagnent. Nous gagnons vite le large, d’autant qu’il est inutile d’aller loin en cette belle saison automnale. Et à moins de deux milles, en effet, nous repérons déjà les premières chasses. Sous un véritable ballet d’oiseaux, les thons, alliés aux dauphins, n’hésitent pas à sauter entièrement hors de l’eau, soulevant d’impressionnantes gerbes. Un carnage fascinant, thons et dauphins se jetant sur tout ce qui bouge, les goélands récupérant en surface le menu fretin étourdi. Parfois, rien n’est visible, les chasses se déroulent en profondeur. Il arrive aussi que l’on n’observe que quelques oiseaux et remous discrets. Des oiseaux simplement posés sur l’eau sont également intéressants. Ils peuvent être là après qu’un carnage vient de s’achever ou, au contraire, parce qu’ils anticipent une chasse imminente. On comprend que la paire de jumelles est indispensable. Quoi qu’il en soit, la méfiance naturelle de ces grands pélagiques laisse peu de temps pour réagir et lancer. Ils peuvent nager à plus de 70 km/h et la réactivité est essentielle. « Une chasse peut disparaître aussi vite qu’elle est apparue, confirme Patrick. Il faut anticiper, plus vite on est sur zone, plus vite on peut lancer ! »

Patrick a vite touché un premier thon qui, d’entrée, fait parler la poudre. Sur un rush rageur, il se décrochera.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Aux leurres

Si les deux autres bateaux adoptent une stratégie mixte –dérive au vif (chinchard, maquereau) et leurres en cas de chasse – Patrick choisit lui de ne pêcher qu’au leurre. Il me fait remarquer que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le thon prend des leurres de taille modeste, entre 10 et 14cm en rapport avec la taille de ses proies habituelles, sardines, anchois, sprats. Les leurres souples, type shad ou imitations de lançon, sont les plus utilisés mais quelques casting jigs et poppers bruyants fonctionnent bien aussi.

Indiquant sans coup férir les chasses passées ou à venir, les oiseaux marins sont les meilleurs alliés des pêcheurs. 
Crédit photo : Thierry Sauvin

Ça part bien

Avec ces forces de la nature, il faut surtout s’assurer de la qualité des hameçons et des anneaux brisés. « Je relie mon bas de ligne à la tresse par le fameux nœud FG, me précise Patrick. C’est le seul qui passe bien dans les anneaux et tient le choc face à ces mastodontes ! » Patrick positionne son bateau avec discrétion et précision et le résultat ne se fait pas attendre. Après trois ou quatre lancers, il est attelé. Le thon, après un démarrage en trombe, fait subitement demi-tour, fonçant vers le bateau. On pense un instant qu’il s’est décroché, en fait, il n’en est rien. Mais à 15m du bateau, la tresse fend l’eau dans un bruit de papier déchiré. Le poisson repart vers le large, le moulinet hurle… et puis plus rien ! Cette fois, le thon s’est bel et bien décroché.

Le matériel de Patrick

  • Bateau : Outrage 190 (Boston Whaler)
  • Moteur : Verado (Mercury) 135CV
  • Canne : Red Fight (Tenryu) 150lbs
  • Moulinets : Slammer III 8500 HS (Penn), Saragosa 25000 SW (Shimano)
  • Tresse : KG Strong (WFT) 32/100
  • Bas de ligne : Ocean Record (Varivas) 130 à 180lbs
  • Pince à thon : Seanox (Amiaud) 1,30m
  • Leurres : Sandeel (Savage Gear), Natural Sardine (Bertox), Sandy Andy (Westin), Feed Popper 175 (Tackle House)
  • Têtes plombées : Crazy Sand Eel Strong 70 et 100g (Fiiish)

Attention à la qualité du moulinet. Un modèle trop bas de gamme ne passerait pas la journée. 
Crédit photo : Thierry Sauvin

Trop gros !

Dans ce type de combat, il faut faire en sorte que la ligne reste bien perpendiculaire au bateau pour éviter qu’elle frotte sur l’étrave et la casse, inévitable. La manœuvre est d’autant plus délicate que le poisson se rapproche du bateau. Le problème, c’est que les thons bretons sont trop gros ! « L’idéal serait de lutter contre des spécimens jusqu’à 80kg, pas plus, m’indique Patrick. Au-delà, c’est un combat de titan et à l’arrivée, le thon peut être grillé ! » Il constate toutefois que, depuis deux ou trois ans, davantage de «petits » remontent du golfe de Gascogne. Cette pêche suppose d’être au moins deux sur le bateau, trois étant l’idéal. Patrick me raconte qu’un jour, vers 16h00, il croise un pêcheur seul sur son bateau attelé à un thon. Il ne semble pas inquiet, indiquant qu’il suit le poisson au moteur. Patrick a surveillé le manège jusqu’à 19h00, le gars se faisant balader sur plus de 5 milles. On apprendra plus tard que ce pêcheur avait coupé sa ligne à 22h00…

Quand les combats traînent un peu trop en longueur, il peut être utile de refroidir le moulinet à l’eau douce. 
Crédit photo : Thierry Sauvin

Le paradis et l'enfer

Patrick rappelle qu’au tout début d’un combat, tout va bien, on est un peu comme au paradis. Mais au bout d’une heure, la fatigue et le doute s’installent, tant cet incroyable poisson semble ne jamais devoir capituler. C’est à ce moment qu’un compagnon de pêche doit impérativement prendre le relais. Il faut pomper avec un frein serré à 12kg environ et récupérer un peu de fil, mètre par mètre.

Les éléments du montage doivent être d’une résistance à toute épreuve, la moindre faiblesse serait fatale.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Ça chauffe...

Dans cette épreuve, le moulinet est mis à contribution et il peut même être nécessaire de le rafraîchir en l’aspergeant d’eau douce. De leur côté, après avoir enregistré une casse en pêchant au vif, nos voisins, au leurre souple cette fois ont ferré un thon particulièrement retors puisqu’il va les obliger à un long combat de plus de deux heures. Patrick va même leur donner un coup de main, le temps de souffler un peu. Et il faut en effet refroidir le moulinet car les départs successifs du thon mettent dangereusement le galet à rude épreuve… Vous avez dit «pêche sportive ?»

Patrick n’a pas hésité à rejoindre le bateau de ses deux amis exténués pour leur donner un coup de main. C’est que ce petit manège va durer plus de deux heures. 
Crédit photo : Thierry Sauvin

Deux heures de lutte

La fin du combat est imminente. Pêcheurs et thon sont exténués. Le grand poisson, vaincu, vient se coller au bateau. Il aura fallu plus de deux heures de combat pour qu’il capitule. Il mesure 1,80m pour un poids estimé à 140kg. Il est d’abord immobilisé avec une pince spéciale aux mâchoires puissantes et ce n’est qu’ensuite, qu’avec une pince classique, on décroche le leurre, pris au bord de la gueule. Après quelques photos, le trophée est réoxygéné puis tracté le long du bateau, à une vitesse de 2km/h, le temps de reprendre ses esprits avant d’être enfin libéré. Entre-temps, sur le troisième bateau, les deux pêcheurs ont pris un thon de 60kg en quarante minutes de combat. Un spécimen qui peut ainsi être très vite relâché en pleine forme !

Après un très long combat, le thon n’est pas monté à bord. Il est d’abord décroché puis maintenu et baladé le long du bateau. Il n’est relâché qu’après avoir parfaitement récupéré.
Crédit photo : Thierry Sauvin

La réglementation

Pour pêcher le thon rouge, il faut disposer d’une autorisation administrative délivrée par les directions interrégionales de la mer (DIRM). C’est le bateau qui est déclaré. En 2022, on peut pêcher le thon en no-kill du 1er juin au 15 novembre avec deux périodes où il est possible, pour ceux qui ont une bague, de garder un poisson (22/07 au 08/08 et 12 au 30/09). En no-kill, le poisson doit être relâché vivant immédiatement après la capture, la détention à bord est interdite. Seul un thon par bateau peut donc être conservé avec mise en place immédiate d’une bague.

 

 

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Magazine n°928 - Septembre 2022

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