Ingénieur en sécurité nucléaire à la retraite, sportif accompli, passionné de planche à voile et ancien arbitre de handball, Pascal est également un pêcheur très éclectique ! Il est aussi à l’aise pour débusquer gros brochets en float-tube sur le lac d’Hourtin qu’à la mouche, en Irlande, dans le Comté de Mayo, pour y capturer grosses truites et saumons. Ajoutons à cela qu’il est aussi un excellent pêcheur au coup et qu’il pratique la compétition avec succès. Mais de toutes les pêches, c’est sans conteste celle du bar du bord, aux leurres flottants, qui emporte ses faveurs. C’est une technique qu’il pratique à longueur d’année sur la côte nord-est du Cotentin, sans jamais s’en lasser.
Repérages
Les parcs à huîtres, le plus souvent implantés sur un estran peu incliné (plages diverses), génèrent d’intéressantes ruptures avec la monotonie des zones environnantes. Ils constituent donc de larges zones refuges où s’installe toute une micro-faune marine servant de base à la nourriture du bar (crabes verts, crevettes, alevins, etc.). Les bars sont donc bien présents et en nombre toujours important dans ces milieux. Ils quittent les zones profondes et investissent les parcs lorsque les eaux se réchauffent, dès le milieu du printemps, et ne vont pas les quitter jusqu’aux premiers refroidissements, en gros vers la fin du mois d’octobre. La traque de ces bars au cœur de ces concessions ostréicoles ne s’improvise pas. Elle demande en effet un long et fastidieux travail de préparation. En préalable de la partie de pêche, à marée basse, il faut effectuer un premier repérage permettant de bien visualiser la configuration de ces parcs à huîtres, noter leurs limites et bien cartographier mentalement les espaces entre les différentes implantations des tables. « Ce qui est très important, martèle Pascal, c’est de localiser les points bas sur l’estran et de repérer les zones refuges, les rochers en mer où se dirigeront les bars à marée basse et de bien comprendre où se forment les courants au reflux ! » La descente de la mer ne se fait en effet pas uniformément dans ces parcs car les tables font obstacles. Des zones de courant se forment à leurs limites, dans les larges couloirs entre concessions ostréicoles. Fort de vingt années de pratique, Pascal connaît tous ses spots comme sa poche et se déplace avec rapidité et aisance à travers un impressionnant labyrinthe. Sa Bible c’est l’annuaire des marées car dans cette traque, la hauteur de la colonne d’eau est déterminante. « L’idéal, c’est un mètre, précise Pascal. Lorsque la mer remonte et que les bars, poussés par une véritable frénésie alimentaire, regagnent les parcs, il est même possible d’en prendre dans une petite dizaine de centimètres ! »
Version light
Pour ce qui concerne son équipement, Pascal se débarrasse de tout le superflu qui pourrait l’encombrer. Pour cette exigeante pêche en wading, où il doit sans cesse se déplacer, un équipement léger est donc de rigueur. Il a opté pour un gilet de moucheur, suffisant pour disposer de tout le petit matériel nécessaire, et une épuisette-raquette, indispensable pour cette pêche les pieds dans l’eau. Autre accessoire incontournable : une paire de lunettes polarisantes de bonne qualité. Cela permet de visualiser les attaques des bars et d’observer leurs passages, parfois en bancs, au travers des tables à huîtres. Côté matériel, là aussi, tout est pensé pour être simple et efficace. Une canne de 2,70 m (puissance 10 à 30 g), d’action relativement souple. Un moulinet de taille 4000 fiable, rempli d’une tresse en 18/100. Ce diamètre peut paraître un brin grossier, mais cela évite bien des emmêlements, souvent inextricables avec une tresse trop fine. Entre la tresse et le leurre, il utilise un nylon un peu raide (entre 33 et 35/100). Pascal avoue n’avoir pas cédé à la mode du fluorocarbone car, pour l’avoir essayé, il dit n’avoir pas constaté de bénéfice notable. Un émerillon à agrafe n°2 en inox est raccordé à la tresse. Sur l’agrafe, sont raccordés un court avançon équipé d’un teaser puis le bas de ligne recevant le leurre. Ce teaser, qui semble pourchassé par le leurre lui-même, est un atout indispensable pour stimuler les attaques des prédateurs.
Il faut bouger
Une fois arrivé au cœur des tables à huîtres, Pascal manœuvre son leurre sans quitter des yeux la surface de l’eau. Une chasse repérée ou la présence d’oiseaux marins sont autant de signes qui peuvent le faire changer de direction. Le lancer est effectué trois-quarts amont, par rapport au courant. « Cette pêche est vraiment passionnante, s’enthousiasme Pascal. À chaque moment, il faut savoir changer de direction, s’adapter aux déplacements des poissons. Rester statique est une source de grosses désillusions… » En peignant la surface de l’eau à la sortie des parcs, Pascal enregistre sa première prise de la journée. Un petit bar qui s’est précipité sur son leurre. Le plus vite possible, il remet ce petit poisson dans son élément et reprend son rythme effréné de lancers en manœuvrant le leurre avec dextérité.
Météo changeante
Il capture ainsi plusieurs poissons dans la foulée, mais aucun n’atteint la taille légale requise (42 cm). Il continue son périple à travers les allées des concessions ostréicoles alors que la mer continue sa descente. Après plusieurs heures de pêche, seuls de tout petits bars ont daigné s’intéresser au leurre de notre ami. Comme c’est souvent le cas en Normandie, la météo change à l’inversion du flux.
Inversion de marée
Le soleil radieux quand la mer descendait fait place à de gros nuages noirs et plutôt menaçants. C’est le moment de l’étale et la mer ne va pas tarder à remonter. Pascal insiste avec opiniâtreté sur tous ces spots qui n’ont plus de secrets pour lui. Des rochers immergent maintenant à la sortie des parcs. « Ces rochers-là, ils sont fameux, me fait-il en clignant de l’œil. Au moment de l’étale, il y a souvent de jolis poissons embusqués qui attendent la remontée. » Quelques lancers appuyés et toujours ces manœuvres parfaites du leurre à la surface de l’eau. Soudain, une gerbe d’eau sème le trouble…
Enfin !
C’est l’attaque, foudroyante ! Avec une belle assurance, Pascal maîtrise le combat à la perfection et le poisson glisse dans l’épuisette. Un grand sourire illumine son visage. Sans être énorme, il fait bien la maille !
La bonne couleur
Un peu comme Bruno Bourrié et Mickaël Thomas, que nous suivions le mois dernier en Méditerranée, Pascal Ruel accorde beaucoup de confiance aux teintes de poissons-nageurs très claires. Surtout pour ce qui concerne les leurres de surface, il utilise principalement des modèles blanc nacré qui, selon lui, donnent des résultats constants sur l’ensemble de toute la saison. Ce n’est qu’en présence de bancs de maquereaux qu’il va consentir enfin à choisir un leurre bleuté.
Son matériel
- Canne : Wixom 9 (Caperlan) 2,70 m, 10-30 g
- Moulinet : Sahara 4000 (Shimano)
- Tresse : TX8 (Caperlan) 18/100
- Bas de ligne : Beast Master (Shimano) 35/100
- Émerillon : Rolling Snap (Caperlan) n° 2
- Teasers : Maxi Vif-Argent n° 2 (Flashmer) blanc ou bleu
- Lunettes polarisantes : JMC