1 Les balises
Installées en général au petit large, les balises sont là pour signaler la présence d’un danger (haut-fond, rocher, épave). En cela, elles révèlent une anomalie qui mérite d’être visitée. Fixes ou flottantes, elles constituent en quelque sorte des dispositifs de concentration de poissons. Une balise, reliée à un corps-mort par l’intermédiaire d’une chaîne, va être le point de départ d’une véritable chaîne alimentaire car vont s’y accrocher, petit à petit, algues et coquillages. La balise attire ainsi le menu fretin et les crustacés et, par conséquent, les prédateurs. Une balise peut aussi délimiter un chenal et dans ce cas révéler un tombant qu’affectionnent également tous les poissons. Voilà pourquoi il est judicieux de pêcher à proximité de ces balises.
2 Les courants
Même s’ils ne peuvent être considérés comme des postes à proprement parler, les courants sont forcément intéressants car ils véhiculent toujours des ressources en oxygène et, surtout, en nourriture. Les poissons chasseurs se situent le plus souvent dans le moins courant du plus courant, ne serait-ce que pour ne pas brûler inutilement leur énergie. En revanche, nez en plein courant, ils n’hésiteront pas à faire une violente incursion dans le vif pour capturer toute nourriture. L’amont de la partie mouvementée, là où le courant s’accélère et où la surface de l’eau est encore lisse, est un secteur de tout premier ordre. Gueules béantes, les prédateurs y attendent que le flot leur apporte la nourriture. Un courant n’est jamais continu et varie en intensité en fonction de l’avancement de la marée. L’apport de nourriture faiblit au fur et à mesure qu’il s’assagit à l’approche des étales. Les touches se raréfient et seuls quelques poissons de roche (vieilles, congres, juliennes) daignent alors sortir de leur cache.
3 La mousse
Les secteurs rocheux où le ressac est très bien marqué sont excellents. Cognant contre les rochers, les vagues décrochent et brisent les coquillages dont raffolent les prédateurs. Bars et sars affectionnent ces endroits riches en nourriture et très oxygénés. Cette mousse de surface forme en fait une sorte d’écran entre le pêcheur et le poisson qui est donc moins méfiant et peut s’aventurer près du bord. Ce vrai sentiment de sécurité provient également de la couleur de l’eau. Celle-ci a tendance à se troubler légèrement avec toutes ces particules tombées des rochers. Si les postes où la mer blanchit sont à privilégier, il importe toutefois d’y redoubler de prudence car ils peuvent aussi se révéler dangereux.
4 Les pointes
On est toujours attiré par les pointes qui s’avancent dans l’eau, donnant un peu le sentiment que l’on s’éloigne du bord. Précisons tout de suite qu’une anse, même coincée entre deux longues pointes rocheuses, peut être également très prometteuse. Cela étant, prospecter l’abord d’une pointe est souvent un choix plutôt judicieux. D’abord parce qu’elle continue sous l’eau, parfois sur une grande distance. On trouve donc toujours, de chaque côté d’une pointe, y compris sur sa partie immergée, un tombant qu’affectionnent les poissons et notamment les prédateurs. La partie exposée au vent, et donc celle qui blanchit en surface, sera le plus souvent celle qu’il faudra privilégier. Le ressac permanent et donc la nourriture y seront plus présents.
5 Les mouillages
Les petits ports naturels sont des coins à ne pas manquer. Il faut néanmoins s’y aventurer avec délicatesse pour ne pas gêner les plaisanciers. Comme avec les balises, tous ces petits bateaux reliés à un corps-mort retiennent pas mal de nourriture. Une chaîne alimentaire se reconstitue ainsi sur le corps-mort et parfois même sous la coque du bateau si celui-ci n’a pas vogué depuis assez longtemps. D’ailleurs, les mulets viennent brouter les algues qui s’y sont développées. En pleine période estivale, le menu fretin va s’y protéger du soleil, à l’ombre de ces embarcations. Les prédateurs le savent et rôdent bien souvent dans les parages. Attention, il convient d’être respectueux des usagers du port. La pêche en ces lieux y est souvent tolérée mais parfois interdite.
6 Les plages sales
Entre une plage bien propre et une autre parsemée de rochers et dont le cordon de galets retient des paquets d’algues en décomposition abandonnés lors de la dernière marée de vive-eau, il n’y a vraiment pas à hésiter une seconde. À l’inverse des baigneurs, il faut évidemment choisir la plus sale ! La présence d’une laisse de mer révèle l’existence au petit large de jolis jardins de laminaires appréciés de tous les poissons. Le bar, entre autres espèces, n’hésitera pas à s’en écarter pour aller musarder sur le bas de plage, voire au niveau du cordon de galets à l’approche de l’étale de haute mer pour déguster goulûment asticots et autres puces de mer aux abords des laisses en pleine décomposition. Toujours dans le même esprit, la présence de rochers sur une étendue de sable peut retenir un temps quelques très beaux poissons.
7 Les couleurs
La mer offre un beau camaïeu de couleurs qui renseigne sur la profondeur et la nature d’un fond. Le bleu clair (pouvant tirer sur le vert clair) révèle la présence de sable sous une faible profondeur. Des taches marron y indiquent l’existence de rochers. Riches en nourriture, ces postes tachetés sont en général excellents. Le passage au bleu foncé, signe d’une zone profonde, laisse apparaître clairement un tombant toujours prometteur. Le marron clair signale des algues sur les rochers. Enfin, une zone marron foncé, voire quasiment noire, trahit sans aucun doute la présence de rochers recouverts de moules ou bien davantage de profondeur encore.
8 Les ouvrages d'art
Les abords des ouvrages d’art (jetées, cales, quais) sont régulièrement visités par le bar, le mulet et les sparidés. Ouvrages portuaires à claire-voie, les estacades sont des nids à poissons. Le long des piliers prospère là aussi une chaîne alimentaire. On y trouve des coquillages, des algues et des crevettes, un menu varié qu’apprécient toutes les espèces de poissons. En été, les sprats et les éperlans s’installent sous les jetées, à l’abri du soleil et des prédateurs. Constituées de gros blocs de pierre, les jetées en enrochement sont également des postes de premier ordre. Entre les roches vivent crabes verts, crevettes et petits poissons de roche (gobies, petites vieilles). Les pontons isolés souvent réservés aux écoles de voile, situés à la sortie des ports de plaisance, sont également d’excellents supports de nourriture. Ici, les pêcheurs en kayak pourront venir prospecter en toute discrétion.
9 Le bas de plage
Si on l’observe bien, une plage n’est pas homogène et s’étale sur trois niveaux : bas de plage, haut de plage et cordon de galets. C’est le bas qu’il faut privilégier. Contrairement à celle du haut de plage, sa pente en fait est assez faible. Le sédiment a conservé son eau interstitielle pendant la basse mer. Compte tenu d’une humidification importante, vers, coquillages et crustacés y gravitent. C’est sur cette zone, relativement plane, que l’on trouve les parcs ostréicoles dont le mérite est d’héberger une belle population de crevettes, véritables friandises pour le bar. Les lançons fréquentent certains secteurs du bas de plage notamment là où le sable est à forte granulométrie. Bref, le bas de plage, c’est le garde-manger. Le poisson y viendra nécessairement.
10 Les chasses
N’oubliez pas, de temps à autre, de lever la tête car l’information peut en quelque sorte tomber du ciel ! La présence d’oiseaux, sternes et autres goélands notamment, est de bon augure. S’ils survolent d’assez haut un secteur ou bien, au contraire, se reposent tout simplement sur l’eau, ce n’est pas par hasard. Dans le premier cas, ils ont probablement repéré quelque chose en profondeur, pour le moment inaccessible. Dans le second cas, ils peuvent attendre tout simplement le bon moment et la bonne heure. Cela signifie qu’une chasse s’y est déjà produite ou bien ils sentent que quelque chose va se produire sous peu. Alors pêchez ces lieux ou notez le point GPS et revenez un peu plus tard !