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Pêche à Djibouti, le show des carangues GT

Djibouti : ce nom à lui seul provoque l’émoi des pêcheurs passionnés par les spécimens exotiques. C’est un paradis où sont présents les poissons les plus puissants, dont la fameuse carangue GT. Accrochez-vous !

Au cœur de la corne de l’Afrique, le Gouffre des démons (Ghoubbet Al Kharab) est un des spots de pêche les plus réputés de Djibouti. Ses profondeurs, ses courants forts avec sa passe étroite, ses îles volcaniques en font un garde-manger qui attire de très nombreux poissons et requins. Nous sommes surtout venus pour traquer la carangue à grosse tête, ou ignobilis, également appelée GT en raison de son nom anglais : Giant Trevally. Pour être au plus près de la nature et des poissons, c’est un bivouac sur la plage que notre hôte, JeanMichel Sy, nous a concocté. Autant dire que c’est « sommaire », mais fonctionnel et paradisiaque. Une tente principale pour les repas et les moments de détente, les douches et les toilettes en pleine nature et les nuits à la belle étoile, des centaines d’étoiles ! 

Feu d'artifice initial

Après un vol de sept heures, deux heures de voiture et 35 minutes de bateau, nous voilà tous les six au campement, et une seule envie nous anime : lancer du leurre ! L’attente est longue et il fait encore trop chaud pour prendre la mer, c’est donc de la plage qu’Étienne touchera ses premiers petits poissons. Je le rejoins et mon Asturie 110 intéresse très vite les carangues à points jaunes, les petites GT et autres poissons de récifs. C’est très amusant, mais il est maintenant 15 h et nous prenons enfin les bateaux. Premiers réglages de frein, premiers lancers : pour certains, c’est le baptême du feu avec des poppers de 150 grammes et plus. Les bras doivent s’adapter ! Il est tôt, il fait chaud, très chaud et les poissons se font attendre, on s’impatiente plus de deux heures, le moral est au plus mal sur le bateau quand, tout à coup, une énorme explosion en surface nous rappelle que nos poppers sont bien des proies. J’ouvre le bal avec une GT de 7 ou 8 kg. On se souvient vite combien ce poisson, même dans des tailles modestes, est violent !

Les leurres comme ce popper Orion sont vraiment mis à mal lors de ce type de séjour de pêche aux poissons exotiques !
Crédit photo : Eric Gracia

On y est, Gabarou, le skipper, décide de nous placer dans la passe. La marée est montante, ça bouge beaucoup, mais on sait que les poissons sont guidés par ce courant fort. Garder l’équilibre est difficile, nous lançons nos trois poppers et la surface explose en trois endroits, c’est le triplé ! Les GT font de 15 à 20 kg, les combats en plein courant sont durs, les coraux très proches et nos freins hurlent ! La nuit commence à tomber, nous décrochons rapidement les poissons afin de refaire une dérive. Chaque lancer est sanctionné par une attaque. C’est la cinquième fois que je viens à Djibouti et je n’ai jamais vécu un moment de frénésie comme celui-ci. Un autre triplé, puis des doublés, des attaques leurres arrêtés au bateau. Éric exulte et lâche au bout de trois heures de pêche seulement : « Le séjour est déjà réussi ! » Il a raison. En définitive, nous capturons 21 GT et un Queen Fish à trois pêcheurs sur notre bateau, lors de cette première soirée : le rêve !

La violence des carangues

De toutes les espèces de carangues, la plus féroce est sans nul doute la GT, la plus grosse. Taillée pour la chasse, elle peut faire des pointes de vitesse à 60 km/h et frappe vite et fort dans les bancs de poissons fourrages. La violence de son attaque en surface est impressionnante et les premiers rushs mettent très vite à l’épreuve le matériel et le pêcheur. Nicolas découvre la pêche Exo. Après plusieurs casses retentissantes la veille, il n’a toujours pas mis une GT au sec. Il doute face à ce monstre de puissance où la moindre hésitation se transforme en déconvenue. Il lui faudra de bons conseils et des encouragements pour, enfin, qu’il prenne la mesure de ce fabuleux poisson. Sa première ignobilis est à bord, il hurle de joie et, malgré la fatigue, son visage s’illumine enfin. La violence, c’est ce que l’on retient d’une expérience GT !

Le vivaneau campèche, souvent appelé Red Snapper, est également un magnifique combattant. Tout comme le mérou, il est sédentaire et territorial et vit dans les fonds rocheux.
Crédit photo : Eric Gracia

Souvenir gravé à jamais

Il est 19 h, la nuit est tombée, mais la luminosité est bonne. Cédric voit une trace blanche suivre son popper et passer sous le bateau. J’aperçois aussi cette brillance et vu la taille, je pense tout de suite à un requin ou à un gros dauphin. C’est beaucoup trop gros pour une GT ! Ma dérive est finie, mon leurre est posé sur l’eau devant moi. Soudain, la lueur blanche revient des profondeurs et se dirige vers mon popper, à 1 m de la coque. Par réflexe, incrédule, persuadé que ce poisson trop gros n’est pas le bon client, je soulève mon leurre et là, une énorme GT crève la surface, aussi surprise que moi de ne plus trouver sa proie. Elle est gigantesque, peut-être 40 ou 50 kg, son attaque et son coup de queue dans l’eau nous trempent des pieds à la tête tous les quatre. Quelle scène ! Elle restera gravée à jamais. La magie des poissons non pris… Cette passe mythique nous offrira plusieurs poissons, dont un très beau mâle dans le courant qui me prendra de la tresse à plusieurs reprises, persuadé de sa force. Heureusement, j’ai opté pour un fluorocarbone en 130 livres et malgré les rochers, je parviens à le hisser jusqu’à mes genoux. Quel combat, c’est magique !

Le retour des carpes rouges

Nous avons vite compris, comme souvent, qu’il faudrait composer avec les marées et nous avions pris soin en France d’imprimer les horaires. Aux premières lueurs du jour (5 h), nous retournons sur les lieux du festival. Certains optent pour des poissons nageurs, d’autres pour des stickbaits, mais encore une fois ce sont les poppers qui feront monter le plus de poissons. Les barracudas, mérous et carpes rouges s’invitent à la fête, il faut brider fort pour ne pas être emmené au trou et voir sa tresse cisaillée en quelques secondes par ces magnifiques spécimens de lutjan. Nous avions vu la population de carpes rouges décliner sur les dix dernières années, sans doute à cause des requins omniprésents dans ce secteur. Relation de cause à effet, nous avons vu moins de requins et touché beaucoup plus de lutjans et autres mérous. C’est pour cette diversité de poissons que nous avions opté pour le Goubet, notre choix était le bon.

Mérous, rainbow tubber, barras

Si les quatre premiers jours sont excellents pour les carangues, le changement de marée les rendra plus discrètes sur la fin de semaine. Il faut donc alterner avec des pêches de platiers durant les creux de la journée. Les mérous sont finalement de la partie. Ici, plusieurs espèces cohabitent, mais la plus présente est le mérou « malabar » – ou, comme l’appellent les Djiboutiens, le mérou « militaire ». Lui aussi est un vaillant combattant, nous le cherchons sur les platiers, dans 4 à 6 m d’eau, autant dire qu’il faut resserrer les freins et brider fort à la touche. La pression de sa mâchoire est énorme, attention aux mains! Sur ces platiers, il n’est pas rare de toucher des becs de cane au milieu des centaines de tortues marines. Le spectacle est grandiose ! 

Infos pratiques

COMMENT S’Y RENDRE ?

ACCÈS

  • Vol hebdomadaire avec Air France, Paris-Djibouti
  • Vol avec Ethiopian Airlines
  • Transfert vers le bivouac en voiture et bateau (décalage horaire: + 1 h).

LE CAMP

  • L’accueil des Djiboutiens est top. Houssein dirige l’organisation d’une main de maître, son équipe est aux petits soins, même en bivouac. Nous aurons droit au traditionnel cabri à la djiboutienne, aux différents poissons grillés, et ce sans jamais manquer d’eau, de glace et de galettes et repas « maison » préparés sur une plage au bout du monde.

LE MATÉRIEL UTILISÉ

Cannes 
Pour la GT, il faut des cannes solides en 60-80 lb :

  • Fokeeto Trevally 80-6 ou 83-5  (Zenaq)
  • Voyage Expedition Trevally EP-83-6 ((Zenaq)
  • Nuba 240 (Yuki ) ;

Pour les platiers, des cannes plus légères 30-50 lb :

  • Fokeeto Twitch 70-3 (Zenaq)
  • HYMG09 Monster Game 2,45 m (Hearty Rise)
  • Offshore Stick OLPS 70 LH (Smith)

Moulinets

  • Saltiga 6500 et 4500 (Daiwa, ancienne numérotation)
  • Stella 18000 et 20000 (Shimano)
  • Bonne surprise avec les modèles BG MQ ARK en 14000 et 18000 (Daiwa) qui ont fait le job sans soucis.

Tresses

  • J-Braid 8 brins 35/100 (79 lb) (Daiwa)
  • Saltiga EX (en 55 lb et 88 lb) (Daiwa)

Bas de ligne

  • Fluoro Shock leader 100 lb (Varivas )
  • Leader supple trace 130 lb (Black Magic)

Leurres

Poppers

  • T-Rex (Orion
  • Fraser (Orion)
  • Cono Cono (Orion)
  • Roosta 0opper 160 H77 (Halco)

Stickbaits

  • Gunz Sinking 18 cm (Tailwalk)
  • Asturie 110 (Xorus)
  • Shibuki 186 (Tackle House)

Crafteur Petit Charlie

  • Popper Petit Louis 160 mm
  • Stick Olga 130 mm et 150 mm

Crafteur Ghost Lures

  • Popper Proto à l’essai à Djibouti (véritable réussite pour cette destination)

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Magazine n°940 - Septembre 2023

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