Fini le temps des épines de fibre de verre plantées dans les mains, remisées les cannes en bambou trop lourdes, vive le carbone et le modernisme ! Finie aussi cette époque où l’on n’avait pas d’autre choix qu’entre un modèle ou deux de cannes ou de moulinets et de prendre son mal en patience. Qui se souvient en effet des délais pour obtenir les produits ? Il fallait attendre parfois plusieurs semaines voire des mois ! Quand je passais commande auprès de mon détaillant d’articles de pêche afin d’avoir un arôme spécifique, un attractant ou encore certaines farines, il fallait anticiper longtemps à l’avance et croiser les doigts pour qu’il soit disponible ! Le matériel était rare et cher, il n’y avait pas des centaines de références en rayon, le nombre de marques pouvait se compter sur les doigts des deux mains. L’apprentissage de la patience commençait bien avant de poser nos montages et le système D était souvent de mise.
Immédiateté
Aujourd’hui, à peine le produit commandé, le livreur sonne à la porte. Un débutant qui souhaite se mettre à la pêche de la carpe peut s’équiper facilement et à moindre coût. Je ne dis pas que cela est mal, mais est-ce que le tout, tout de suite, procure le même plaisir ? Attendre sa commande comme au petit matin de Noël, un poisson le jour de l’ouverture avait son charme… Nous devons vivre avec notre temps et changer de matériel pour profiter du meilleur de la technologie. Peut-être un mal pour un bien ? La technologie va toujours plus vite, de l’échosondeur dernière génération aux caméras subaquatiques en live, ce qui n’était qu’utopie il y a encore quelques années et bel et bien devenu réalité… Qu’en sera-t-il demain ? C’est difficile de se l’imaginer. Peut-être des drones échosondeur avec un système de repérage des carpes, ou encore des bateaux amorceurs avec recherche automatique des gros poissons ! Plus rien ne me surprendrait…
Patience
Le pêcheur de carpe est réputé patient, posté derrière ses cannes pendant des heures, voire des jours et des nuits. Il l’est beaucoup moins quand il attend du matériel dernier cri.
Pour répondre à la demande, un très gros business s’est développé depuis plusieurs années. Le nombre de sites en ligne ne cesse de grandir avec des listes de références toujours plus longues. Et que dire de la multitude de marques de billes qui inondent le marché. Il suffit de taper sur un moteur de recherche le mot « bouillette » pour découvrir une quantité interminable de sites. Des bouillettes, il y en a de toutes les couleurs, de tous les parfums, de tous les diamètres, de toutes les formes, qui flottent, qui coulent ou déjà équilibrées afin de satisfaire au mieux les carpes… ou peut-être les pêcheurs ?
Madeleine
Il y a aussi ce bon vieux parfum chocolat malt additionné de quelques gouttes d’huile essentielle d’orange, les TS 5000 ou autres SS 3000 que les youngtimers ne pouvaient pas s’offrir minots et qu’ils s’arrachent désormais à prix d’or… Alors qu’au même prix il y a désormais tout aussi bien, sinon mieux en termes de technologie et avec des pièces détachées disponibles ! A croire que la passion est aussi peu rationnelle que la mode est cyclique.
L’année prochaine, il y aura surement la possibilité de retrouver encore plein de nouveautés et de partager notre passion en présentiel sur les salons, comme lors de l’incontournable rendez-vous de Montluçon. Ce sera aussi l’occasion de se faire plaisir.
D’ici là, rêvons et conservons notre âme d’enfant…
Bonne déroule !
Christophe Courtois
Rédacteur en chef