Un nouveau virus !
Nous venons de passer une période de turbulence dans le monde carpiste qui est passée quasi inaperçue. De nombreux lieux de pêche ont été touchés par la CEV, plus connue comme la maladie du sommeil. Cette maladie touche toutes les carpes, qu’elles soient de type koï, commune, miroir, aussi bien les petits que les grands gabarits, contrairement à la virémie printanière qui ne touche généralement qu’une partie du cheptel. Il est primordial que nous réagissions très rapidement fasse à ce fléau qui prend de l’ampleur !
Début mai 2023, plusieurs lecteurs prennent contact avec la revue, très inquiets par le comportement de certaines carpes ou pire encore, constatant une mortalité pouvant aller jusqu’à décimer toute une population en quelques jours seulement. Ce fut le cas sur plusieurs lacs et plans d’eau vendéens, mais également dans le Calvados ou d’autres départements français. Nous avions publié il y a un an de cela un excellent article de Romain PROUILLAC intitulé « la maladie du sommeil, menace éveillée pour la carpe au printemps ». Je ne peux que vous inviter à le relire. Cette maladie a été constatée la première fois en France en 2013 et chaque année, ce virus encore mal connu du grand public prend de l’ampleur. Pêcheurs, nous nous devons de réagir collectivement et d’avoir une fois de plus un rôle de sentinelle !
Inquiétude
En effet, vu les réactions de certains professionnels ou particuliers, gérants de plan d’eau, probablement plus par méconnaissance que par cupidité, nous ne pouvons qu’être inquiets. Malgré le constat de cette épizootie sur certaines eaux closes, la pêche y est restée ouverte. Pourtant c’est bien là la meilleure façon de propager rapidement le virus d’un lieu à un autre, via le matériel utilisé par les pêcheurs que ce soient les sacs de conservation, les tapis de réception, les épuisettes, les bateaux… Sur le domaine public (au sens large), plusieurs fédérations de pêche ont réalisé la gravité du phénomène et ont fermé les eaux contaminées. Le retour d’expérience mené auprès de nombreux professionnels montre que la CEV a été observée suite à des empoisonnements. Certaines fédérations et associations de pêche ayant constaté la présence du virus l’an passé ont pris la décision de ne pas réaliser d’alevinage de carpes en 2023 afin d’y voir plus clair.
Que faire ?
Il n’est pas toujours simple de bien diagnostiquer cette maladie. Cependant plusieurs symptômes doivent nous alerter. Si vous remarquez des carpes en léthargie, ou encore une perte d’appétit chez ces cyprins, avec des yeux parfois rentrés dans les orbites, des hypersécrétions, ou encore des sujets qui ont des pertes d’équilibre, il se peut que ce soit la CEV. Si c’est sur le domaine public, nous vous conseillons de vous rapprocher de la fédération de pêche du département ou de l’AAPPMA qui gère les baux de pêche et (deux précautions valant mieux qu’une) de faire également un signalement à l’OFB (Office Français de la Biodiversité). Si le lieu contaminé est géré par une commune ou encore un propriétaire privé, il faudra également faire remonter au plus vite l’information toute en les aiguillant sur cette maladie.
Gestes barrières !
Suite à toute sortie pêche, qui plus est si vous avez le moindre doute quant à la présence du virus, il est vivement conseillé de « désinfecter » votre matériel (sacs d’épuisette et du matelas de réception compris). Sachant que les UV sont excellents pour cela, rincez votre matériel à grande eau (du robinet) puis faites-le sécher au moins 12h en l’exposant si possible au soleil. Sans vouloir être alarmiste, les gestionnaires des plans d’eau privés pourraient avoir intérêt à fournir dans leur prestation tapis, épuisettes etc. et de s’assurer de leur désinfection pour ne pas introduire le virus dans leur domaine (ou l’exporter).
On pourrait se dire qu’à la saison où nous arrivons le virus se propage moins. Oui, en théorie, mais plusieurs cas ont tout de même été signalés l’été dernier ! Carpiste, au moindre doute sur une eau, vous gagnerez votre temps à laisser les poissons tranquilles (de toute façon ils n’auront pas d’appétit) et vous éviterez ainsi de propager le virus. Avec la virémie printanière et l’herpès de la carpe koï (KHV), c’est un nouveau fléau auquel les carpes et les carpistes (même si le virus ne se transmet pas à l’homme) doivent faire face Espérons qu’un remède puisse un jour mettre fin à ce foutu virus même si, en attendant, nous devons une nouvelle fois apprendre à vivre avec.