Les températures hivernales ne pardonnent pas la moindre erreur. En canal, à quelques centaines de mètres près, l’activité peut varier du tout au tout. Il faut tenter de repérer une activité en surface : gobages, sauts, cormorans, etc. Les jours de pleine lune, les poissons sont souvent en activité très tôt, y compris avant le lever du jour. Mais dès que le soleil monte, les poissons cessent tout mouvement et se réfugient dans leurs caches respectives jusqu’au prochain événement capable de les remettre en activité (éclusée, vent, courant, etc.).
Les zones d'herbiers
L’hiver, il faut aussi éviter les postes qui restent à l’ombre trop longtemps car les poissons ne s’y tiendront pas. Si le courant est nul, l’eau aura tendance à y être plus fraîche que sur les zones ensoleillées. Les gardons adorent les zones d’herbiers nourricières situées en bordure.
Le sondage
Si aucune activité n’est détectable en surface, optez pour le sondage (électronique ou traditionnel). Un simple plomb d’Arlesey permet par exemple de trouver les secteurs les plus profonds où les poissons pourraient se regrouper. Bien installé, sondez en large, en long et en travers pour déceler cassures, zones profondes, obstacles éventuels.
Deux coups
Les poissons peuvent bouger dans la journée et il peut être intéressant de prévoir deux distances de pêche, avec une seule ou, mieux, deux cannes (voir encadré). C’est impressionnant, mais à quelques mètres près, on peut passer à côté des poissons. L’idéal est d’attaquer la zone la plus profonde la plus proche ainsi que votre bordure ou celle d’en face, au ras des herbes, des obstacles, ou sur le haut d’une éventuelle cassure. Prenez garde de bien espacer vos deux coups pour ne pas éparpiller les poissons. Il est important d’utiliser une amorce capable d’attirer les poissons de loin, de les maintenir en activité sur le coup mais de ne pas les gaver. Granulométrie fine donc ! Beaucoup de pêcheurs ne jurent que par les amorces noires en eaux froides et claires. Personnellement, j’aime autant adapter celle-ci à la couleur du fond. Il n’y a pas d’intérêt à réaliser une amorce noire sur un fond argileux (jaune) ou limoneux (crème). Lorsque l’eau est mâchée, pas de souci, le brun classique est passe-partout, le but étant de se rapprocher au maximum de la couleur naturelle du fond. En eau froide, il est intéressant de disposer d’un mélange qui pétille et qui diffuse bien à distance afin d’aller chercher les poissons relativement loin (voir encadré).
Les esches
On le sait bien, plus les conditions sont difficiles, plus chaque détail compte. Il est important de disposer d’esches de belles couleurs, bien triées et bien préparées. Qui dit gardons, dit gozzers rubis (rouge très foncé), de véritables aimants à beaux gardons. Indispensables à l’hameçon, ils sont hélas compliqués à conserver longtemps en vie à cause du colorant utilisé, assez agressif. Le mieux est donc de préparer de petites quantités de ces gozzers, réservés à l’hameçon, en les noyant dans de l’eau fraîche et propre à défaut d’en trouver des vivants le jour J. Ayez toujours avec vous aussi des pinkies (rubis ou rouges), l’arme ultime pour toutes les pêches et peut-être plus encore sur les gardons qui les adorent. À défaut de fouillis, ils peuvent être introduits dans l’amorce, vivants ou morts au choix, dans des quantités raisonnables, au fur et à mesure.
Sélectionner
À l’hameçon, ils permettent aussi de duper les poissons les plus tatillons. Si les populations de gardons sont importantes, on peut toujours essayer de sélectionner les plus beaux. Maïs et vers de terre sont alors indispensables dans l’amorce et à l’hameçon. Il arrive même que, boudant les asticots, ils n’hésitent pas à s’emparer au contraire d’un grain de maïs ou d’un tronçon de ver de terreau sur un hameçon grossier n° 16 ou 14. Attention tout de même, les brèmes, elles aussi très fans de ces esches, pourraient bien envahir le coup. En réponse au bruit de l’impact du feeder en surface, les gardons adoptent parfois des attitudes contradictoires. Curiosité ou fuite, seuls les premiers lancers l’indiqueront. S’il y a du courant ou que les poissons ont du mal à s’installer sur le coup, qu’ils ne restent pas en place, tentez d’obtenir un bruit un petit peu plus prononcé en utilisant un feeder de type pole feeder avec plombée terminale circulaire. Cette forme permet en effet d’obtenir un petit ploc caractéristique qui souvent attise la curiosité et maintient les poissons en activité. À l’inverse, si les gardons sont bien installés sur le coup et n’en bougent pas, apportez esches et amorce avec le plus de discrétion possible pour ne pas les effrayer. Cela évite en outre d’attirer l’attention d’éventuels carnassiers. Optez alors pour des cages plus petites et légères, bien plus discrètes.
Donner de l'élasticité
Quand ils sont en appétit, les gardons sont de gros gloutons qui se décrochent rarement sauf si on leur oppose trop de résistance en les ramenant. Même s’ils ne sont pas énormes, ils provoquent des touches franches, parfois violentes pour leur taille, et surtout très rapides. Cela a parfois pour conséquence d’arracher carrément l’hameçon de leur bouche si on ferre et qu’on les ramène trop brusquement. Pour contourner cette difficulté, le mieux est de pêcher en nylon plutôt qu’en tresse. Exception faite pour les tout petits poissons (moins de 20 g) et les pêches à plus de 50 m pour lesquelles, sans tresse, vous ne verriez aucune touche ! Pour les pêches classiques en revanche, n’hésitez pas à utiliser une canne courte (3 à 3,50 m), fine et souple, pour augmenter la fluidité et l’efficacité au ferrage.
Le matériel
PÊCHE JUSQU’À 40 M
- Canne : 3 à 3,50 m light
- Scion : 1 oz fin, carbone plein
- Moulinet : taille 3000 à 4000
- Nylon : 22/100
- Bas de ligne : 70 cm de 10/100
- Hameçon : n° 20 à 18
- Montage : à plat
- Feeder : feeder pole (bruit), micro-feeder ou feeder pointe (discrétion)
PÊCHE À 40 M ET PLUS
- Canne : 3,50 à 3,80 m medium
- Scion : 1,5 oz fin, carbone plein
- Moulinet : taille 4000
- Nylon : 22 à 24/100 sur poissons très mordeurs
- Tresse : 8/100
- Tête de ligne : 1 à 1,50 m de 24/100
- Bas de ligne : 70 cm en 10/100
- Hameçon : n° 18 à 16
- Montage : à plat ou hélicoptère (eau calme)
- Feeder : pole feeder (bruit) et pointe (précision, distance)
Une vraie stratégie d'amorçage
Rigueur et concentration sont de mise pour gérer parfaitement deux coups. Réaliser la même stratégie d’amorçage à deux endroits différents n’a pas d’intérêt. Mieux vaut préparer deux coups de manière différente.
1. COUP PRINCIPAL (AU PLUS PROFOND)
- Réaliser une dizaine de petites boulettes d’amorce à la main avec des vers, du maïs ou des pinkies.
- Installer ces boulettes dans une grosse cage d’amorçage entre deux bouchons d’amorce pure.
- Les déposer avec précision sur le coup principal.
- Laisser reposer ce coup de 30 à 45 minutes environ, le temps d’amorcer et de pêcher le coup numéro deux.
- Les bouchons d’amorce souple travaillent et attirent les poissons rapidement tandis que les boulettes, plus lentes à se déliter, vont les fixer.
2. COUP SECONDAIRE (EN BORDURE)
- Pendant que le premier coup attire et fixe les gardons, on pêche directement un second coup, dès le premier lancer.
- Quelques gardons pourraient mordre directement.
- Le cas échéant, relancer en rythme la première demi-heure, afin de déposer une certaine quantité d’esches et d’amorce.
- Au bout de 30 à 45 minutes, tester le coup principal.
- Alterner ensuite les deux coups en fonction des résultats.
Un article publié dans le n°910 de La Pêche et les poissons, mars 2021.