Avec une carte à l’année ou journalière, on pratique la pêche au coup avec un plaisir presque garanti, dans un confort non moins appréciable dans ces étangs. Si on les appelle carpodrome pour les belles carpes, on les qualifie plutôt de fishery lorsque la population piscicole est mixte.
Un fort potentiel reconnu
Le territoire pullule de pièces d’eau. Dans mon département, chaque ville, village ou presque possède son AAPPMA et par conséquent son ou ses étangs. D’autres sont privatifs. Publics ou privés, ils sont ouverts aux détenteurs d’une carte locale, soumis à un permis particulier, ou simplement ouverts à la pratique journalière, mais ils ont tous des points communs qui font leur succès : ils sont poissonneux, parfois très, et facilement accessibles au niveau des berges. Pour illustrer nos propos, rendez-vous avait été pris sur la fishery du domaine de Chassemy dans l’Aisne avec un jeune pêcheur, Lucas Panizzut, qui vit sa passion à une époque où le paysage halieutique subit quelques bouleversements. Nous notons une lente, mais certaine, désaffection des canaux, rivières, lacs au profit de ces nouveaux concepts. Que l’on aime ou pas, les fisheries continuent de drainer continuellement du monde au bord de l’eau. On y croise des jeunes avides de belles bourriches, des moins jeunes, exaspérés par le manque de poissons de certaines eaux publiques ou encore d’autres pour qui l’accès à un parcours de pêche est devenu problématique.
Une approche différente
Si on s’adresse aux mêmes espèces qu’en milieu naturel, sur ce type de plans d’eau, l’approche doit être différente. En effet, s’y côtoient gardons, brèmes, tanches, ou encore carassins, mais aussi des espèces plus inhabituelles tels qu’ides ou encore F1 (un hybride carpe/carassin) aux côtés de carpes de toutes proportions. Selon l’âge, le cheptel du lieu et la pression de pêche, les touches peuvent être plus ou moins nombreuses, mais toujours est-il qu’il convient d’aborder la pêche avec un œil nouveau, ou en tout cas différent. Je confirme, toutes proportions gardées, que la pêche est plus « facile » en fishery qu’en milieu naturel.
Des lignes sensibles, mais plus grossières !
Le flotteur doit pouvoir accepter une grande variété d’esches sans avoir à changer de montage à tout bout de champ. L’offre est aujourd’hui adaptée et vous trouverez des modèles autorisant aussi bien la pêche à l’asticot qu’au maïs. Ils possèdent une antenne plus épaisse et une solidité accrue. En effet, greffé sur un Nylon d’un diamètre lui aussi plus imposant, son vernis doit être plus résistant, tout comme l’œillet et la quille. Le Nylon justement doit permettre de pêcher aussi bien le gardon que des poissons plus combatifs. Un 0,14 mm durant les mois les plus frais est suffisant, mais je grimpe sans complexe jusqu’au 0,16, voire 0,18 mm, aux beaux jours, alors qu’il ne me viendrait pas à l’idée de taquiner les gardons ou brèmes en canal avec un tel montage. Mes pérégrinations anglaises ont modifié mes habitudes et même s’il n’est pas toujours obligatoire, je me fais un principe de ne recourir qu’à des hameçons sans ardillon. On trouve aujourd’hui des modèles de cet acabit d’une qualité extraordinaire, solides et fins à la fois. Leur légèreté compense même l’apparente grossièreté de l’ensemble par rapport à un montage conventionnel. Esches animales ou végétales, ils acceptent tout sans nuire à l’intégrité de l’appât.
Variez les esches
Vivantes, végétales ou artificielles, il n’y a pas de différence notable avec les esches qui fonctionnent en milieu naturel. Sur ce dernier, les vers de vase et fouillis sont parfois indispensables pour espérer quelques touches ; en fishery, on peut s’économiser cette dépense. En étang aménagé, ce qui compte c’est la variété ! Même si, dans la grande majorité des cas, des asticots peuvent suffire, je vous encourage à prévoir un peu de tout dans l’optique de déclencher des touches fréquentes et/ ou sélectionner les prises. Vers de terreau ou plus gros lombrics, casters, pinkies ne sont pas à négliger. L’incontournable maïs, le chènevis en grain ou le petit pois fonctionnent à merveille. Le pain produit d’excellents résultats, surtout en début et fin de saison, quand les poissons ne sont pas encore en pleine activité alimentaire ou que les eaux sont claires. Il est bon d’évoquer aussi les pellets mous d’eschage (ou expansés) auxquels les poissons sont très habitués, puisque nourris avec des granulés de pisciculture dès le berceau.
Fish meal de rigueur !
En France, nous possédons une culture de l’amorce très ancrée. Tout le monde a à l’esprit l’image de ces bassines d’amorce remplies à ras bord, de ces bombardements qui retentissent quand sonne le départ d’un concours. En loisir ou en dilettante, il en va de même. En fishery, c’est une pratique à proscrire la plupart du temps et ce n’est pas un hasard si l’amorçage lourd est souvent banni. Ni la quantité, ni le vacarme occasionné ne joueront en votre faveur ! La coupelle d’amorçage est de rigueur pour déposer à peu près tout et n’importe quoi. Cette forme d’amorçage confère une précision et une discrétion ultime, une maîtrise parfaite des quantités, ce qui n’est pas sans incidence sur le coût d’une partie de pêche. Si les amorces à base de farines et chapelure sont efficaces, impossible de passer sous silence l’efficacité des granulés. Ô combien efficaces sur les carpes, ils ne le sont pas moins sur les beaux cyprins en fishery. Ils existent dans de petits diamètres (1, 2 et 3 mm) et il ne faut pas se priver de ces appâts révolutionnaires. Plus ou moins riches selon leur teneur en protéines, comme les amorces, il est facile de les adapter à la saisonnalité. Des amorces contenant des pellets broyés ou plus généralement le précieux fish meal (farine de poisson), donc plus riches, sont aussi très efficaces. Un tout petit kilo d’amorce suffit à pêcher de longues heures.
L'élastique intérieur
Comme beaucoup, je pratique habituellement la pêche des poissons blancs avec un élastique intérieur plein de moins de 1 mm. C’est le « passe-partout » en milieu naturel. En fishery, une plus grande polyvalence est de rigueur, car on ne sait pas ce que l’on va ferrer. L’élastique intérieur, logé impérativement dans deux éléments de votre grande canne, représente un véritable bouclier. Il donne de la souplesse pour les captures modestes et offre une bonne réserve de puissance pour les plus grosses.
Plusieurs coups
Comme toujours, une observation et exploration minutieuses du coup à l’aide de la sonde sont obligatoires. Elles servent à dénicher les éventuels obstacles immergés, moins fréquents qu’en eaux libres, et les différences de profondeur. Le but n’est pas de définir un ou deux coups principaux comme c’est la coutume, mais bien davantage. Il faut pouvoir jongler entre tous, car le comportement des poissons est souvent imprévisible. Ils peuvent déserter un secteur en raison d’une trop grande concentration de gros poissons ou si trop de nourriture a été déposée. Je m’astreins à essayer de trouver des profondeurs régulières, m’autorisant à utiliser la même ligne pour passer de l’un à l’autre. Il n’est pas rare que je construise jusqu’à 10 coups différents lors d’une partie de pêche. C’est tout à fait possible, à condition de ne pas exagérer en quantité d’amorce, j’insiste sur ce point. J’ai justement appris à utiliser moins d’amorce et d’appâts afin que les poissons se focalisent davantage sur l’esche-cible fixée à mon hameçon. Agir avec parcimonie a un double effet : la compétition alimentaire est élevée et durable avec des touches plus franches et cela laisse l’opportunité de reconstruire un autre coup si besoin. Qui plus est, cela maintient les sens en éveil !
Quelques bonnes adresses
Quelques bonnes adresses Cette liste est non exhaustive, mais j’ai eu l’opportunité de tremper du fil dans de très beaux plans d’eau que je partage avec vous :
- Domaine de Chassemy, notre reportage – Chassemy (02)
- Domaine multipêche de la Sablonneuse – Wahagnies (59)
- Les étangs de Tof et Daniel – Hergnies (59)
- Les étangs de l’AAPPMA d’Eckbolsheim (67)
- Les étangs de Strépy – La Louvière (Belgique)