1. Veillez aux contre-courants
Les eaux closes sont calmes en apparence. Dès que le vent monte et quelle que soit la taille de la pièce d’eau, se forment des courants et contre-courants aussi inattendus qu’intenses. Ainsi un vent latéral continu poussera bien la surface dans sa direction, mais la réaction sous l’eau est inversée car la masse est renvoyée lorsqu’elle heurte la berge. Évidemment, plus le vent est fort, plus les dérives contraires sont importantes. Le danger est que si vous utilisez un flotteur trop léger, il va être emporté par le courant de surface alors que votre amorce sur le fond sera emportée avec les poissons dans son sillage, dans le sens opposé. Ajustez le poids du flotteur pour sentir et tenir le courant et adaptez la zone d’amorçage et la densité du mélange.
2. Soignez votre installation
Mon siège est parfaitement posé au sol afin de me garantir une stature impeccable. Je recours systématiquement à une barre d’amorçage qui va m’aider dans la tâche parfois délicate de présentation idéale de mon montage. Cet accessoire est particulièrement utile en eau courante. En effet, si le vent peut parfois se montrer « aidant » lorsqu’il souffle à l’inverse du sens du courant en retenant la progression du flotteur, c’est tout l’inverse lorsqu’il le pousse dans le sens de la coulée. L’esche dérive trop rapidement et peut passer sous le nez des poissons. Bloquer sa canne dans les crans de la barre d’amorçage servant de soutien et s’aider de ses deux bras et de ses cuisses pour la maintenir est parfois nécessaire et très efficace, d’où l’utilité de soigner la position de son séant.
3. Sélectionnez le bon flotteur
Lorsque le vent souffle, même la plus petite pièce d’eau, et a fortiori les grandes étendues, peut se transformer en petite mer. Vaguelettes, voire vagues plus prononcées, peuvent entraîner le flotteur dans des va-et-vient incessants, le rendant peu ou plus visible ou induisant des « fausses touches ». Pour obtenir la présentation optimale et que votre esche tienne sur le fond, mais aussi que le flotteur vous permette de percevoir toutes les touches, renversez vos habitudes! Forcez le poids du flotteur (doublez ou triplez la norme) et le diamètre de l’antenne. Il vaut mieux utiliser une antenne de fort diamètre bien équilibrée et offrant peu de résistance lorsqu’elle est à moitié coulée, qu’une antenne fine qui ressort complètement de l’eau. Augmenter la longueur et la matière de la quille (métallique de rigueur) et adoptez une forme de flotteur plus trapue car plus résistante. Un flotteur qui danse à la surface ou qui tangue, vous donne un peu l’idée de ce qui se passe au bout de la ligne, impossible donc pour les poissons de se saisir de l’appât. Une forme adaptée selon l’importance des mouvements, s’expose moins au chavirage qu’un modèle plus effilé.
4. Protégez-vous du vent
Si à la belle saison, une petite ou plus importante brise n’est pas déplaisante, lorsque le froid sévit, elle peut rapidement faire chuter la température ressentie. Se protéger soimême du vent avec une tenue adaptée est de rigueur! Ne multipliez pas les couches qui vous feraient transpirer et accentuer la sensation de froid. Optez pour des vêtements de qualité. N’oubliez pas que le froid entre toujours par les pieds et s’échappe par la tête, donc bottes et bonnet obligatoires. Le vent profite de tous les interstices, veillez à hermétiser votre tenue aux endroits sensibles: chevilles, poignets et cou. En complément et si le terrain s’y prête, formez un paravent avec un parapluie bien orienté, qui vous protège et facilite la tenue de la canne.
5. Utilisez un back shot
Certains diront « Encore un anglicisme ! », oui mais c’est toujours mieux que « plomb arrière » lorsque l’expression est traduite littéralement. Le back shot est une parade qui permet, même par vent intense, de tenir sa ligne et garder le contact avec le flotteur. En fait, il s’agit d’un plomb qui va trouver sa place entre le flotteur et le scion. Oui, vous avez bien lu, au-dessus du flotteur ! Ce plomb n’intervient, ni n’influe pas sur l’équilibrage du flotteur. Il va servir de « fusible » sur la bannière pour atténuer l’effet du vent sur la ligne. La position de ce plomb varie en fonction de l’intensité du vent. L’idée est de créer une cassure, de former un angle quasiment de 90° sur la partie située au-dessus du plomb, sur laquelle le vent va pouvoir s’engouffrer. La seconde partie, entre le plomb et le flotteur, peut être immergée et le vent ne nuira plus à la présentation. C’est un peu à l’image de ce qui se fait lorsque l’on noie la bannière en pêchant à l’Anglaise. Un plomb n° 8, cylindrique de préférence car il est plus facile à mouvoir et à retirer, est idéal. Mais vous pouvez le doubler si le vent est vraiment violent. Le bénéfice apporté est incroyable, mais requiert une bonne tenue de canne et un certain stoïcisme.
6. N'amorcez pas contre le vent
Quel que soit le lieu où vous pratiquez, rivière, étang ou canal, il ne faut jamais amorcer contre le vent. En effet, si vous devez tenir votre canne en opposition d’un élément dont on connaît très rarement l’intensité exacte à l’avance, vous prenez le risque de ne jamais pouvoir pêcher proprement sur votre amorce. Faites toujours des essais au préalable pour évaluer l’orientation de votre coup qui sera la plus confortable.
7. Adpatez la distance de pêche
Nous disposons aujourd’hui de nombreux outils modernes nous permettant d’anticiper les conditions météorologiques. Je suis plutôt prévenant et je jette toujours un œil à une application dédiée avant une partie de pêche (la météo agricole de www.pleinchamp.com est fiable). Connaître l’intensité du vent et sa direction, c’est cela aussi la préparation d’une sortie réussie. Selon la force du vent annoncée, j’adapte et j’anticipe ma distance de pêche. J’évite de prendre des risques en pêchant « pleine barre » alors que je ne serai peut-être pas capable de tenir ma canne par fortes rafales. Si un vent vraiment fort est annoncé, j’utilise du matériel plus solide et je remplace ma canne habituelle par un modèle gros poissons.
8. Ajustez la bannière
La bannière, c’est ainsi que l’on appelle le morceau de Nylon compris entre le scion et le flotteur, mérite à elle seule un gros chapitre tant sa longueur doit être optimisée. Pour un maniement idéal de la ligne en toutes circonstances, il faut garder un contact constant avec le flotteur. Selon le lieu, et en admettant des moyennes, la longueur de la bannière doit être comprise en 30 (sans vent) et 60 cm (vent modéré). Elle permet alors un ferrage réactif et des aguichages précis. En théorie, cette règle fonctionne quasiment partout. Mais lorsque le vent souffle fort, le pêcheur et sa canne sont tous deux malmenés et la tenue de ligne en souffre. Pour tenir dans ce vent, il faut s’adapter, allonger sa bannière pour éviter que le flotteur ne soit ballotté de gauche à droite en cas de vent latéral (jusqu’à 80 cm) ou la raccourcir pour que la ligne ne « rentre » pas sur le coup lorsque le souffle est frontal (jusqu’à 20 cm).
9. Préservez les esches
Les appâts vivants n’apprécient pas le vent non plus, chaud ou froid. Il dessèche en été et impacte leur mobilité l’hiver. Les précieux vers de vase sont très sensibles et doivent toujours être conservés dans l’eau. Les vers de terre le sont aussi! Afin de ne pas provoquer de choc thermique, dans un sens ou dans l’autre, protégez l’ensemble de ce que vous avez prévu pour les poissons. Si vous possédez une desserte à store, c’est un abri idéal. Il existe également de petits parapluies amovibles et orientables très pratiques. Dans tous les cas, ne disposez que ce dont vous avez besoin et gardez le reste à l’abri, limitant le risque qu’une forte rafale renverse vos boîtes.
10. Lestez votre rouleau à déboiter
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai vu des cannes à pêche cassées par un rouleau à déboîter qui s’est renversé sous l’effet d’une rafale de vent latéral. Les rouleaux actuels sont légers et pratiquent. C’est très sympa, mais cela n’arrange pas nos affaires lorsque le vent s’en mêle. Fort heureusement, ils possèdent un précieux crochet central permettant d’asseoir fermement le centre de gravité grâce à un contrepoids afin d’empêcher tout accident. Placez un seau rempli d’eau, juste par précaution.