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La pêche du gardon en automne avec Alexandre Caudin

Dans le port de plaisance de Mâcon, les beaux gardons se regroupent en bancs compacts, à l’abri des forts courants, conséquence des crues automnales de la Saône toute proche. Olivier Wimmer y a donné rendez-vous à Alexandre Caudin. Ce jeune champion n’a pas son pareil pour y maintenir en effet, des heures durant, un rythme de captures très impressionnant.

Les poissons blancs faisant le plein de réserves pour passer l’hiver, l’automne est l’époque des grosses bourriches ! Ils fuient les courants pour se regrouper au calme, comme dans le port de plaisance de Mâcon (71), par exemple. J’y ai rendez-vous ce mois-ci avec le pêcheur sans doute le plus talentueux de sa génération. Alexandre Caudin maîtrise toutes les techniques mais je lui ai demandé de nous montrer sa grande spécialité : dérouler sur une pêche de gardons.

Alex dispose d’asticots et de vers de vase, mais utilise en priorité les asticots morts. Il les conserve dans l’eau pour garder leur consistance un peu caoutchouteuse. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Au niveau de l'eau

Le port communique directement avec la Saône, très poissonneuse. « Lors des concours d’hiver, en cinq heures de pêche, il faut en général une bourriche de 50 à 70 kg de gardons pour espérer l’emporter ! », précise Alexandre. Si prendre des poissons difficiles dans un petit canal est un art, capturer un gardon à la minute dans 5 m d’eau ne l’est pas moins. Que ce soit l’installation, le montage et le réglage de la ligne ou l’amorçage, tout doit être millimétré et orchestré pour que le flotteur soit en place aussi souvent que possible. Et en effet, je peux témoigner combien notre champion soigne son installation. « C’est fondamental, confirme Alex. Le siège doit être stable, aussi proche que possible du niveau de l’eau pour ne pas avoir à soulever les poissons trop haut car j’y vais avec force. On ne doit pas non plus se fatiguer pour atteindre le rouleau à déboîter, fortement sollicité ! » En raison de la crue de la Saône – bienvenue par ailleurs car les poissons se réfugient en nombre dans le port –, Alexandre installe sa station au ras de l’eau et n’hésite pas à se mouiller pour positionner ses dessertes, tout devant être à portée de main.

Alexandre n’hésite pas à amorcer lourd pour fixer d’entrée, et le plus longtemps possible, les poissons sur son coup. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Pas d'effort inutile

Pour cette pêche rapide, hors de question de perdre un temps précieux à récupérer un dégorgeoir ou d’éparpiller esches et amorce. Gaucher, Alexandre saisit ses appâts de la main droite, la gauche tenant la canne. Il amorce également avec la droite. Les gestes, répétés des milliers de fois, sont fluides, Alexandre faisant en sorte de ne pas avoir à fournir d’effort inutile. C’est important lorsqu’il faut parfois pratiquer des heures durant sous la pluie ! Préparant son amorce, Alex remarque mon étonnement. « Oublie que nous sommes presqu’en hiver, s’amuse-t-il. Quand les gardons arrivent, ils dévorent tout, il faut leur préparer une bonne tablée ! » Alexandre prévoit un gros bac (voir encadré), pas moins de 6 kg de farines sèches, soit plus de 20 l d’amorce humidifiée pour 5 h de pêche.

L'amorce d'Alex

  • 2 kg de 3000 Étang (Sensas)
  • 2 kg d’Attractive Gros Gardons (Sensas)
  • 2 kg de Gros Gardons Fine Mouture (Sensas)
  • 3 kg de terre de rivière
  • 2 boîtes de chènevis cuit Super Hemp

La manière dont les gardons sont piqués systématiquement dans la lèvre supérieure est révélatrice d’un réglage parfait de la ligne, ce qui permet un décrochage extrêmement rapide. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Un amorçage lourd

Son mélange est de mouture fine. L’amorce est ainsi plus digeste et plus collante, ne libérant son contenu qu’une fois sur le fond. La profondeur du port de Mâcon avoisinant les 5 m, Alexandre l’alourdit en rajoutant 3 kg de terre grasse qui vont accélérer sa descente. « Je dois concentrer les poissons en un endroit précis, explique Alex. Je ne dois pas avoir à réfléchir où poser ma ligne ! » Terre et amorce fine se lient facilement pour parvenir à un mélange compact, capable d’intégrer une bonne proportion de graines et d’appâts vivants. D’entrée, Alexandre dépose une vingtaine de boules sur son coup pour retarder au maximum le moment où il faudra redistribuer de l’amorce. Lorsque cela s’avère nécessaire, dès que les touches ralentissent en fait, il rappelle en rafales, c’est-à-dire qu’il relance alors 5 à 6 boules de la taille d’un œuf, de manière à recentrer les poissons sur son coup.

Une grosse sonde conique permet à Alex de dénicher un fond plat et bien régulier.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Des esches mortes

Dans l’amorce et sur l’hameçon, Alexandre utilise exclusivement des larves mortes. Ses asticots, célèbres par leur couleur rouge rubis, résistent bien et permettent de capturer plusieurs poissons sansqu’il faille les remplacer. En outre, à la différence des vivants, il n’y a aucun risque de les voir remonter sur la hampe ou de se repiquer sur la pointe évitant tout décrochage. Pêche rapide et grosse densité de poissons ne signifient pas qu’ils vont se précipiter bêtement sur l’hameçon.

Le montage de la ligne (voir dessin), très soigné, est adapté à la situation. Corps et bas de ligne plus forts que pour une pêche classique en canal permettent de mener les poissons avec autorité jusqu’à lui et de monter au tablier des gardons de 100 g, sans recourir à l'épuisette pour gagner du temps. Il ne s’agit pas non plus de blesser les poissons par des acrobaties. L’hameçon est volontairement choisi fort de fer pour éviter tout dégât et décrochage intempestif. Le flotteur, en forme de crayon, est pourvu d’une longue quille métallique. Ce grand classique apporte la stabilité et diminue également les risques d’emmêlements qu’il faut bien sûr éviter à tout prix quand les prises s’enchaînent.

Soigner l’installation est une des clefs de la réussite pour parvenir à enchaîner les captures et limiter au maximum les décrochages. Alexandre montant chaque gardon au tablier, il n’hésite pas à s’installer le plus bas possible par rapport au niveau de l’eau. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Pile poil

L’antenne en plastique creux est, elle, d’une visibilité exceptionnelle, garantissant à Alexandre de ferrer uniquement les véritables touches et non au moindre passage accidentel dans le nylon, incident fréquent quand une masse de poissons circule sur le coup. Pour n’obtenir justement que de belles et bonnes touches, Alexandre insiste sur le sondage et la nécessité de dénicher un fond le plus plat possible. Il passe ainsi de longues minutes à balader sa grosse sonde pyramidale sur son coup pour trouver le terrain propice. La ligne est alors réglée à ras du fond, de manière à ce que l’esche soit vite accessible et que la touche soit détectée le plus rapidement possible. La longueur de la bannière est également optimisée, moins de 80 cm, pour que le flotteur se pose bien à l’aplomb du scion, dans le périmètre de la zone amorcée.

Les gardons de la Saône sont de belle taille et Alexandre prévoit des montages de ligne en conséquence, très solides certes mais calibrés au millimètre.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Toujours dans cette recherche systématique de rendement – n’oublions pas que nous sommes en présence d’un compétiteur de niveau mondial – Alexandre a également beaucoup réfléchi au choix de ses élastiques. Il utilise ainsi des modèles creux, offrant un excellent compromis puissance-souplesse. Ayant monté deux lignes aujourd’hui, elles sont équipées d’un élastique de 1,65 mm pour la plus légère et de 1,75 pour la seconde. Ce diamètre, plutôt important pour une pêche de gardons, donne la puissance nécessaire pour soulever ses prises. Le côté creux diminue les risques de décrochage au ferrage ou lorsque la canne est ramenée prestement vers l’arrière puis déboîtée dans la foulée.

C’est grâce à une accumulation de détails techniques et de gestes mécaniques mille fois répétés qu’Alexandre parvient à maintenir son rythme infernal. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Un rythme d'enfer

Alexandre gère cette manœuvre, sans même avoir à se retourner pour viser son rouleau à déboîter, avec une confiance totale dans cet élastique qui s’expulse ni trop ni trop peu, juste ce qu’il faut. « Décrocher le moins de prises en maintenant ce rythme d’un poisson à la minute environ, c’est ultra-important ! », rappelle le champion. Et en effet, le calcul est vite fait. Dix poissons décrochés à l’heure, ce sont cinquante en moins dans la bourriche cinq heures plus tard. À 80-100 g de moyenne, c’est 4 ou 5 kg de perdus au final… et une sacrée dégringolade au classement. Et ça, avec un pêcheur de la trempe d’Alexandre Caudin, fils de Gilles, il n’en est évidemment pas question !

Une démonstration de haut vol pour ce champion qui n’a pas fini de nous surprendre.
Crédit photo : Olivier Wimmer

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Magazine n°906 - novembre 2020

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