omme beaucoup, j’ai longtemps collectionné les flotteurs, et quand je suis dans une boutique, ce rayon m’attire toujours, comme celui des sucreries pour les enfants. Avec le temps et l’expérience, on apprend à aller au plus simple et au plus efficace. Je possède des casiers pleins de lignes, mais je vous dévoile les formes de flotteurs qu’il faut impérativement avoir pour tout pêcher dans tous les secteurs.
Rester classique avant tout !
J’ai eu beau essayer des formes qui sortaient un peu de l’ordinaire, céder à des modes, même si je possède beaucoup de flotteurs différents, j’en reviens toujours à mes classiques. Je suis convaincu que c’est l’équilibrage de la ligne, la qualité et l’agencement des plombs ainsi que le réglage de la profondeur qui influent sur la qualité des touches. Le flotteur doit permettre de lire ces touches en toutes circonstances. Quelles que soient les marques, hormis la partie esthétique qui diffère, on retrouve des formes de base chez tout le monde. Alors, quelles sont-elles ? Je les classifie en plusieurs familles et vous précise d’emblée que mes montages sont tous complémentaires et polyvalents, du moment qu’ils sont parfaitement équilibrés et que le poids est adapté, mes lignes sont susceptibles de pêcher tout et partout. Je ne m’interdis donc pas, si une forme est classée dans une famille, de l’employer malgré tout si elle me permet de prendre des poissons en fonction des conditions du jour. L’important est d’avoir le choix !
La forme oblongue
Tout le monde visualise cette forme oblongue rendue célèbre par le fameux Serge de la maison Sensas. Plus ou moins allongée, avec une longueur de quille adaptable, c’est selon moi un réel passe-partout, qui offre stabilité et sensibilité aussi bien en eaux calmes qu’agitées. Un courant lent à moyen ne parvient pas à « coucher » le flotteur, ce qui le rend utile lorsque le courant est changeant. Pour ma part, si je ne devais pêcher qu’avec une seule forme, ce serait celle-ci, tant j’apprécie sa polyvalence. Équipé d’une quille courte, ce modèle est idéal pour toutes les pêches rapides de petits poissons en surface ou entre deux eaux. Avec une quille de longueur moyenne (10/12 cm), il est parfait pour les pêches de bordure ou en eaux moyennement profondes (2 m max.) étangs, canaux ou rivières lentes. Fortement quillé, il fait superbement l’affaire dans les grands lacs, canaux à grand gabarit, etc.
Les carottes
La forme effilée est celle qui oppose le moins de résistance à l’enfoncement. Elle est par conséquent la plus sensible. La particularité de la carotte, qu’on surnomme aussi fléchette en raison de son aspect caractéristique, est de posséder un renflement sur la partie haute du flotteur. La partie effilée apporte la sensibilité et la partie bombée, la stabilité. Une quille métallique courte limite les risques d’emmêlements, ce qui en fait le flotteur idéal pour les pêches rapides, mais aussi pour celles où un aguichage vertical permet de déclencher des touches. La carotte détecte les plus subtiles, y compris celles qui pourraient survenir pendant la progression de l’esche. La carotte est la forme préférée de nombreux pêcheurs de renom, dont mon grand ami et partenaire de pêche de toujours Olivier Bickel : « On a tendance à croire que les flotteurs effilés sont plus sensibles, mais aussi moins stables que les modèles trapus. Pourtant, la carotte tient bien le courant aussi. Je l’utilise quasiment partout. » Il n’est évidemment pas possible de bloquer son montage dans un courant vif sans que le flotteur ne finisse par se coucher à la surface de l’eau, mais il est tout à fait envisageable de pratiquer une pêche dite « à passer » en l’absence de remous, c’est-à-dire accompagner sa ligne dans le courant en ménageant quelques arrêts courts. Ce flotteur excelle même en présence d’une brise légère, car la moindre vaguelette anime la ligne sans même avoir à y toucher. Plébiscitée par tous les pêcheurs du nord et de l’est de la France, la carotte est « le » flotteur à gardons par excellence. Il est possible de l’utiliser dans des situations très variées, sachant qu’il performera toujours davantage en étang et en canal et ce, quelle que soit la profondeur.
Les bouteilles
Bouteille, ou encore crayon, dont la pointe serait orientée vers le haut, il s’agit d’une forme apparue voici quelques années sous l’impulsion des pêcheurs du nord, spécialistes des canaux. Sa quille est d’un diamètre plutôt fort, ce qui lui confère une stature intéressante. L’ensemble de ses caractéristiques fait que ce type de flotteur est reconnu pour sa résistance aux mouvements d’eau latéraux et verticaux, aussi éphémères que fréquents lors des passages répétés des péniches. Sa forme permet de garder le contrôle de la ligne, de la « tenir » tout en en offrant une stabilité suffisante. Plus sa quille est courte, plus rapide est la mise en place et inversement, sachant qu’une quille plus longue offre encore davantage de stabilité. Je côtoie de grands champions qui n’hésitent pas à bricoler euxmêmes cette forme, comme Alain Dewimille, qui utilise des quilles très courtes pour une mise en place dont il a le secret. C’est le flotteur à gardons à avoir dans ses casiers pour la pêche en canal peu ou très profond.
Les boules
La forme boule est une des plus conventionnelle qui existe. Elle oppose le plus de résistance à l’enfoncement lorsque le vent malmène la surface et aux mouvements latéraux, empêchant le flotteur de se coucher. La boule se destine donc à toutes les pêches en eaux courantes ou lorsque la surface de l’eau est agitée par le vent. La forme arrondie empêche que le flotteur ne soit aspiré par les remous ou par d’importants mouvements verticaux causés par des vagues, surtout sur les grandes étendues. Un bon flotteur boule se reconnaît par le positionnement de l’œillet qui doit se trouver à la base de l’antenne afin que, lors des manœuvres d’aguichage, le corps du flotteur ne vienne pas poindre à la surface. Un flotteur boule peut facilement être guidé dans le courant. À condition que le poids soit adapté, il est possible de complètement le bloquer, mais aussi de l’accompagner dans la coulée de manière très précise. La boule peut être plus ou moins ronde, plus elle est circulaire, plus le flotteur est stable. En forme de ballon de rugby, elle offre le maximum de polyvalence.
Les poids
Il est inutile de posséder toute la panoplie de poids proposée dans une gamme de flotteurs. Les poids des modèles que vous possédez doivent couvrir les scénarios les plus fréquemment rencontrés. Il n’est pas non plus utile de créer des doublons. Je m’explique : un modèle oblong de 0,8 g tiendra aussi bien qu’une boule d’un poids équivalent, je ne possède donc pas les deux. Voici un exemple de ce que vous pourriez trouver dans mes casiers en sachant que je pratique essentiellement en canal et en étang, de peu à très profond, sur des poissons petits à moyens, rarement en rivière puissante, mais avec des conditions climatiques souvent changeantes dans les lieux que j’affectionne.
Et la bonne antenne ?
Vous pouvez vous contenter d’un nombre de formes de flotteur réduit, mais toujours réfléchi par rapport aux conditions que vous rencontrez le plus fréquemment. Néanmoins, il est important de disposer, dans une même gamme de flotteurs, d’antennes de nature et de couleurs différentes, rouge, jaune et noir. Ainsi, la fibre de verre peinte est fine et plus sensible. Elle est à privilégier pour les pêches de petits et moyens poissons et lorsque la visibilité est correcte. Le plastique résiste davantage à l’enfoncement selon son diamètre, mais laisse passer la lumière. C’est la matière la plus visible en toutes circonstances, elle peut être creuse ou pleine. Pour finir, l’antenne métallique est à réserver aux pêches très difficiles, proche du bord ou lorsque la visibilité est excellente ou le soleil de dos. C’est une matière opaque et même recouverte de plusieurs couches de peinture, elle restera peu visible si l’orientation de la lumière n’est pas bonne. Dans tous les cas, il faut utiliser une antenne bien visible, adaptée aux conditions, mais aussi à votre vue et, condition primordiale, toujours parfaitement équilibrée.