Posons-nous tout d’abord la question de ce qu’est un bon montage, en précisant que je parle ici du « system rig », compris entre le corps de ligne et le bas de ligne, et non bas du seul bas de ligne, lequel peut être modulable et sur lequel nous reviendrons plus loin. Pour moi, comme pour beaucoup de pêcheur de carpe, les critères objectifs et fonctionnels sont les suivants :
-solidité et fiabilité à toute épreuve : beaucoup sinon tous les montages répondent aujourd’hui à ce critère, mais il est tout de même bon de le rappeler !
-aérodynamisme : indispensable pour propulser le montage suffisamment loin lorsque c’est nécessaire. Pêchant de plus en plus souvent du bord et sans embarcation, j’attache de l’importance à ce critère. Quelques mètres gagnés peuvent parfois changer la physionomie d’une partie de pêche.
-efficacité dans le pré-piquage et le piquage : ce point s’effectue conjointement avec l’efficacité du bas de ligne. Certains montages sont bien plus efficaces que d’autres, et pas du tout ceux que l’on pourrait croire !
-modularité : c’est là que beaucoup de montages perdent de leurs qualités, car ils sont souvent bridés par leur conception intrinsèque dans certaines situations, selon le type et la nature du fond et parfois le type de bas de ligne que l’on peut ou non leur associer.
-sécurité absolue : j’ai gardé ce point en dernier car c’est à mon sens le plus important. Il est en effet VITAL, c’est le cas de le dire concernant la survie et la santé des poissons, qu’un montage soit totalement sûr pour permette au poisson de ne pas se blesser (ou pire) en cas de casse.
Comme beaucoup de pêcheurs d’eaux sauvages, il m’arrive de placer les montages dans des zones un peu minées, où les carpes peuvent se prendre dans un obstacle. Certains pêcheurs se vantent d’ailleurs de n’avoir perdu « que » 4 ou 5 poissons sur une session lors de casses… Quand je vois les montages inadaptés parfois utilisés, j’imagine très bien ce qui se passe pour les victimes de ces « bouchers » : des poissons aux bouches défoncées à force d’essayer de se libérer. Et même les montages qui éjectent rapidement le plomb peuvent se révéler très dangereux si le poisson traine derrière lui l’intégralité du montage avec une tête de ligne (ça casse souvent au nœud de raccord…) et pas uniquement le bas de ligne. Nous y reviendrons plus loin…
Sur la base de ces critères, j’ai donc analysé mes contraintes et mes situations de pêche. Je pratique dans des lieux très variés, je fais souvent le grand écart entre des pêches en lac de barrage en milieu plutôt hostile (pour les montages et parfois pour le pêcheur !) et des plans d’eau de taille moyenne, plus dégagés, nécessitant des approches plus « light ». Je jongle également entre deux jeux de cannes selon la distance et les situations : des 13 pieds de 3 ,5lbs lorsque je dois pêcher très loin (en lançant ou en déposant) et des 11 pieds de 2,75lbs pour la plupart du temps.
Je souhaitais donc ne plus avoir à changer tout le temps les montages en fonction des situations, et n’adapter au final que le bas de ligne et le plomb lorsque je déplie n’importe laquelle de mes cannes, n’importe où. Pour cela il me fallait un montage capable de s’adapter parfaitement à tous les types de fonds, donc totalement modulable sans changer aucun des éléments qui le composent. J’ai longtemps utilisé les clips plombs « hybrid » moulés sur l’émerillon, avec du leadcore ou directement sur la tête de ligne, associés à des agrafes « kwik link » permettant de changer le bas de ligne rapidement.
Mais même s’ils libèrent le plomb facilement pendant le combat et semblent garantir la sécurité du poisson, en réalité en cas de casse c’est tout le système qui reste accroché au poisson jusqu’à la hauteur où il a cédé : le bas de ligne (qui casse rarement vu les matériaux actuels), le montage, la tête de ligne et parfois même une partie du corps de ligne (qu’il soit en nylon ou en tresse). Avec les conséquences que l’on imagine pour une carpe trainant cette laisse qui s’accrochera partout : une « gueule » déchirée assurée ! Prôner le « no-kill » et utiliser des montages ravageurs n’a aucun sens. Et pourtant c’est le cas de beaucoup de carpistes… C’est en pratiquant en été sur un plan d’eau herbeux que j’ai finalement trouvé mon bonheur avec les systèmes sécurisés utilisés pour pêcher au chod-rig. Sur le papier, le système de base n’est rien d’autre qu’un Montage de type hélicoptère : le plomb est en tête du montage, et le bas de ligne est fixé à un émerillon qui coulisse sur le corps de ligne (ou un « leader » en matériaux divers), rendu plus ou moins libre en entourant l’émerillon d’un système de blocage réglable.
J’avais utilisé il y a longtemps des montages de type hélicoptère qui ne m’avait pas séduit plus que ça, si ce n’est par leur capacité à se lancer loin. Ce qui me plut immédiatement dans le système mis au point par une marque anglaise « à lunettes » résidait dans le système dit « safe », c’est-à-dire permettant au bas de ligne de se libérer en cas de casse, grâce à une perle intelligente (du moins sa conception !) s’éjectant facilement. Comme souvent, une petite idée géniale à laquelle personne n’avait pensé avant, et qui pourtant semble tellement simple et évidente ! L’émerillon à gros anneau sur lequel est fixé le bas de ligne peut alors passer sur tout type de nœud de raccord. Ainsi, la carpe ne se retrouve au pire qu’avec le bas de ligne de quelques centimètres, dont elle se libère naturellement assez rapidement. On ne peut pas faire mieux en terme de sécurité.
En adaptant légèrement cette base, j’ai décliné un montage qui permet de changer le bas de ligne rapidement sans rien avoir à couper (gain de temps !), grâce à un émerillon spécial appelé « QC Ring Swivel », proposé par plusieurs marques sous différents noms, et à l’utilisation d’un morceau de leadcore assez long (80 cm minimum). Je peux ainsi passer en quelques secondes d’un bas de ligne classique en fluorocarbone ou en tresse de mon choix, à un petit « chod rig » de quelque centimètre. En plaçant les perles à différentes distances du plomb situé en tête de montage, je peux adapter le système au type de fond.
Par exemple, en les collant presque au plomb j’obtiens un montage très proche dans son effet mécanique d’un système classique à clip-plomb, avec tous ses avantages d’inertie quasi-immédiate du lest lorsque le poisson engame l’esche. Il est également possible de réaliser le même montage directement sur une tête de ligne de nylon de gros diamètre, sans utiliser de leadcore. Je peux évidemment changer la forme et le grammage du plomb à loisir, et même le remplacer par un caillou monté sur cassant lorsque je dépose loin dans des berges pentues.
Autre situation, autre approche, mais même montage : je peux également pêcher sur des fonds très mous et/ou très sales ou herbeux : je monte alors un plomb assez léger de 50 ou 60g, je remonte les perles plus ou moins loin du plomb et j’utilise un bas de ligne rigide et court de type « chod » avec une bouillette flottante. Celui-ci reposera délicatement au-dessus du limon ou des herbes, juste à la hauteur souhaitée et selon la longueur du bas de ligne, sans être mal présentée comme ce serait le cas avec un clip plombs, qui s’enfoncerait dans le fond mou et créerait un angle en raison de la proximité immédiate du bas de ligne rigide.
Au final, ce montage peut donc équiper toutes mes cannes, couvrir toutes mes pêches, s’adapter simplement et être opérationnel très rapidement en choisissant simplement le bon plomb et le bon bas de ligne. Mais les images d’illustration et le guide photographique de réalisation seront sûrement plus explicites que des mots. En tout cas, pour moi, s’il ne doit en rester qu’un, ce sera celui-là ! Serait-ce le montage « Highlander » ? …
Step by step :
01 : le matériel nécessaire au montage
02 : coupez environ 80cm de leadcore, puis dégagez 4 à 5cm de l’âme en plomb
03 : pour réaliser l’épissure, insérez une aiguille fine dans le leadcore sur la moitié de la longueur dont vous avez enlevé le plomb, puis passez l’agrafe
04 : avec le chas de l’aiguille, saisissez l’extrémité du leadcore
05 : faites passer cette extrémité à l’intérieur du leadcore…
06 : … jusqu’à ce qu’elle ressorte
07 : coupez l’excédent presque à ras puis brulez avec un briquet
08 : enfilez un manchon en caoutchouc « helicopter sleeve » et fixez le plomb de votre choix sur l’agrafe après avoir coupé son émerillon
09 : glissez le sleeve sur l’agrafe contre le plomb.
10 : enfilez la perle « barrel bead » en caoutchouc lesté sur une aiguille fine
11 : saisissez l’autre extrémité du leadcore et passez la dans la perle
12 : répétez la même opération avec la perle allongée « chod sleeve » en mettant la partie la plus fine vers l’autre perle.
13 : enfilez l’émerillon à attache rapide entre les deux perles.
14 : la perle fendue en plastique peut maintenant être positionnée comme ceci. Elle s’éjectera et libèrera le bas de ligne en cas de casse.
15 : réalisez une nouvelle épissure en formant une petite boucle sur laquelle vous fixerez votre corps de ligne ou tête de ligne. Les épissures sont extrêmement solides et je n’en ai jamais vu lâcher !
16 : en plaçant les perles près du plomb, le système a les même propriété d’inertie qu’un montage classique avec clip-plomb…
17 : … en plaçant les perle plus haut, vous pouvez pêchez sur un fond mou ou herbeux avec un chod-rig et une esche flottante
18 : pour utiliser un chod rig, réalisez le bas de ligne avec une boucle, puis passez la dans l’attache rapide
19 : positionnez un peu de pâte plombée sur l’attache, elle équilibrera la pop-up
20 : le montage est prêt à être lancé, garanti 100% sans emmêlement et ultra efficace !
21 : vous pouvez également utiliser un bas de ligne classique pour des appâts denses (bouillettes, graines…), ici en fluorocarbone sur lequel un nœud classique est ensuite recouvert d’un « anti-angle sleeve » en caoutchouc qui vient recouvrir l’attache-rapide
22 : un bas de ligne en tresse est également utilisable sans problème. Polyvalence totale !
23 : en cas de casse, l’émerillon vient buter contre la perle fendue en plastique …
24 : … qui s’éjecte et libère le pas de ligne. Sécurité maximale !
Zoom : " Bien escher une pop up en Chod Rig"
01 : enfilez votre pop-up sur une aiguille, passez un brin de fil dentaire de 10 cm dans l’anneau, prenez les deux brins du fil et passez-les à travers la pop-up
02 : mettez la pop-up en butée contre l’anneau
03 : baite un nœud simple avec le fil dentaire
04 : positionnez un stop-bouillette, refaites deux nœuds simples
05 : coupez presque à pas
06 : brulez l’excédent au briquet.
