Cela faisait des jours, des semaines, voire des mois que les poissons l’attendaient, tout comme les pêcheurs d’ailleurs. La crue vient redonner vie à nos cours d’eau. Les longues périodes d’étiage sont souvent difficiles pour le passionné. Le poisson bouge peu et son activité est principalement nocturne. Mais lorsque ce monde aquatique est plongé dans l’obscurité, les carnassiers continuent alors à s’alimenter toute la journée. La crue est donc une aubaine pour les passionnés de traque du silure.
Quel est le bon moment dans la crue ?
Lorsque l’on veut réussir une partie de pêche en eau trouble, il y a deux facteurs à prendre en compte, la température de l’eau et son niveau. La température va directement influencer l’activité des poissons. Il ne faut pas oublier que ces derniers sont des animaux à sang froid. En cas de brusque baisse de température, les poissons se figent. Il leur faut alors plusieurs jours avant de s’acclimater au changement de leur environnement. C’est notamment le cas lorsque l’eau provient de fonte de neige. Cette eau particulière à la couleur grise n’est jamais de bonne augure pour la pêche. Mais lorsque celle-ci est marron et qu’elle provient de pluies abondantes, ce qui est le cas à l’automne, le poisson entre en activité. Le niveau du cours d’eau va influencer le positionnement des carnassiers. Si le fleuve ou la rivière se teintent fortement mais ne gonflent pas, les poissons gardent sensiblement leurs tenues habituelles.
Lorsque les débits sont en forte augmentation, alors tout est différent ! Les petits poissons et leurs prédateurs viennent se protéger contre les bordures du courant principal, et parfois, dans seulement quelques centimètres d’eau ! Il faut alors revoir toute notre stratégie et nos zones de prospection de pêche. Généralement, les premiers jours de la crue sont les plus productifs. Les glanes viennent en maraude sur les bordures à la recherche de proies faciles. Comme ils perçoivent la moindre vibration dans l’eau turbide, ils attaquent alors facilement ce qui se présente devant leur gueule. Mais n’allez pas croire que les silures mangent tout et n’importe quoi. Cette curée ne dure que très peu de temps et, après quelques heures, voire quelques jours de chasses intensives, les silures sont repus et entrent en léthargie digestive. Si un silure de 2 m est capable d’avaler plus de 3 kg de poissons en quelques heures, il peut aussi ne plus s’alimenter durant plusieurs semaines, ou même plusieurs mois. L’eau froide ralentissant considérablement leur vitesse de digestion, ces poissons peuvent rester inactifs durant de très longues périodes à l’issue d’une crue. Il ne faut donc pas manquer ce rendez-vous.
Comment pêcher dans les eaux troubles ?
En période de crue, les techniques de pêche aux leurres et aux vifs fonctionnent, à condition de trouver les poissons. Comme nous l’avons vu, les silures sont actifs dans les premiers jours. Il faut alors parfaitement localiser ces carnassiers avant de vouloir s’installer de façon hasardeuse. Là où sont les proies, les prédateurs rodent toujours ! Cherchez de ce fait les gardons, les brèmes ou d’autres poissons qui trahissent leur présence par des sauts ou des mouvements d’eau. Pour localiser rapidement les silures, il est intéressant de prospecter les bordures aux leurres. Généralement, les carnassiers aiment se positionner dans deux zones bien précises. La première est celle formée par le retour du courant principal. C’est souvent une partie plus profonde, et surtout l’endroit où les proies sont poussées par le courant contre la berge. Cet amorti est visible car de gros tourbillons se forment en surface. Le silure attend alors que le poisson fourrage dévale le courant et lui passe devant la gueule. La seconde zone à prospecter est la bordure au calme. Là, le prédateur vient prospecter dans moins d’un mètre d’eau, à la recherche de proies venues se mettre à l’abri dans les obstacles de la berge. Vous comprenez alors pourquoi un leurre légèrement plombé peut faire des miracles dans ces conditions. Pour traquer les silures aux leurres, le grand favori reste le leurre souple. Un « LS », de type shad ou grub, est vraiment le mieux adapté pour ce type de pêche en milieu encombré. Monté sur une tête plombée spécifique au silure, un leurre d’une douzaine de centimètres fait parfaitement l’affaire.
N’allez pas croire qu’il faut lancer systématiquement de gros « LS » pour prendre de gros silures ! C’est généralement sur des tailles allant de 4 à 6 pouces que les résultats seront les meilleurs. S’agissant du poids de la tête plombée, les lests les mieux adaptés à cette traque en eaux troubles vont de 10 à 30 g. Tout est fonction de la profondeur et de la force du courant sur le poste. Privilégiez toujours de pêcher léger et le plus planant possible. Une animation linéaire donne toujours de bons résultats. Lorsque l’on traque les silures, il convient de battre du terrain, afin de les trouver le plus rapidement possible. Une fois que vous avez localisé les glanes, la pêche au vif est envisageable. Il convient alors d’employer les bons montages pour pêcher efficacement.
Des montages simples mais toujours aussi efficaces !
Deux possibilités s’offrent à vous, le montage au flotteur sous-marin ou le bouchon coulissant. Le montage au flotteur coulissant sera préféré pour une prospection dynamique le long de la bordure. À l’inverse, le flotteur sous-marin est plus dédié pour une pêche statique à poste fixe. Ce dernier est constitué d’une tresse de corps de ligne en 40/100 sur laquelle est enfilé un plomb coulissant de 200 à 300 g. Celui-ci est suivi par une perle d’amorti en caoutchouc. Elle préserve le nœud qui raccorde le corps de ligne à un émerillon baril de 80 lbs de résistance. Sur le second œillet de ce baril, un bas de ligne long d’environ 80 cm est raccordé. Il est réalisé en tresse de combat de 100 à 150 kg de résistance. Sur celui-ci, on enfile le flotteur sous-marin d’au minimum 50 g de portance. Il est immobilisé sur le bas de ligne par deux nœuds simples. Le flotteur sous-marin sert à décoller le vif du fond et ainsi à le rendre plus détectable par le silure. Pour une question pratique, une boucle est réalisée à chaque extrémité du bas de ligne. Ces dernières permettent de rendre démontable tout le bas de ligne. Positionné à environ 15 cm derrière le flotteur sous-marin, un premier hameçon simple de 1/0 à 4/0 est raccordé par un nœud dit « boucle dans boucle ». Des tours morts sont réalisés autour de la hampe de l’hameçon. Cette opération permet de positionner l’hameçon simple dans l’axe de la ligne, de l’immobiliser et d’adapter l’écartement du triple par rapport à la taille du vif. Également raccordé par un nœud boucle dans boucle, le triple vient terminer l’armement du vif. Ce dernier est piqué par le nez sur l’hameçon simple, le triple est placé au niveau de la nageoire dorsale du vif.
L’avantage de raccorder ses hameçons en boucle dans boucle, c’est que le montage est entièrement démontable. Les hameçons et le bas de ligne peuvent ainsi être changés rapidement et facilement. Le bouchon coulissant est calqué sur la même idée. Il suffit de le réaliser en respectant la logique de montage : bouchon, plomb, perle caoutchouc, baril, bas de ligne et hameçons. Une différence importante se fait sur l’eschage du vif qui est piqué tête en bas. Pour ce faire, il convient de piquer l’hameçon simple sous la nageoire dorsale et le triple dans une pectorale ou l’anale. Restez simple dans vos montages ! Ne vous compliquez pas la vie avec des nœuds que vous ne maîtrisez pas. En revanche, soyez attentif à la présentation du vif et veillez à adapter la taille des hameçons par rapport au poisson utilisé.