A u printemps, les silures s’alimentent plus régulièrement avec l’augmentation de la température de l’eau. C’est une chance pour le passionné, car la pêche devient plus facile, à condition de bien connaître ce poisson. Les mois de mai et début juin donnent lieu à des spectacles exceptionnels sur les bordures et les zones d’herbiers. La fraie des poissons blancs pousse les silures à venir chasser près du bord. Le premier signe que le pêcheur doit remarquer, c’est la présence importante de poissons blancs dans les herbiers. Ils viennent en masse pour se reproduire et manger les œufs de leurs congénères. Ils vont s’agiter dans les algues et provoquer d’importantes vibrations dans l’eau. De plus, ils libèrent une énorme quantité d’effluves olfactives. La laitance, les œufs et les phéromones vont conduire les silures jusqu’au lieu de la ponte. Dans ces conditions de pêche exceptionnelles, le pêcheur devra bien choisir sa technique pour augmenter le nombre de captures.
Du comportement dépend la technique…
La plupart du temps nous traquons les silures aux abords des fosses, mais lorsque le fourrage entre en période de reproduction, il nous faut alors changer notre angle d’attaque pour rester efficace. Les carnassiers répondant à l’appel d’une nourriture facile et abondante, ils n’hésitent pas à rester en bordure. C’est au lever du soleil que les cyprinidés vont réellement s’activer dans les herbiers. L’arrivée de la lumière provoque un pic d’activité chez les poissons blancs. De manière frénétique, Ils vont se poursuivre au milieu des algues. Ces bruits perceptibles à plusieurs dizaines de mètres et les mouvements d’eau doivent alerter le pêcheur. Les silures seront également présents, mais il va falloir rester discret dans votre approche pour arriver à les leurrer.
Des leurres qui font du bruit !
En bateau, attention à ne pas utiliser votre moteur électrique en permanence. Le bruit, même léger, des pales met en alerte les carnassiers. Pour aborder un poste, regardez le sens du vent et jouez avec le courant. Essayez toujours d’arriver en dérivant naturellement sur la zone. N’hésitez pas à couper vos matériels électroniques embarqués. L’échosondeur, qui n’a aucune utilité dans cette approche, doit être coupé. Une fois sur place et muni d’une paire de lunettes polarisantes, vous allez pouvoir pêcher à vue. C’est l’une des traques les plus excitantes qui soit ! Placé à l’avant du bateau, le pêcheur doit prospecter les deux mètres du côté chenal de l’herbier, car c’est là que les silures sont positionnés. Souvent une partie du corps du glane est visible. Il ne faut alors pas hésiter à employer des leurres émettant des fortes vibrations. Si toutefois les carnassiers n’étaient pas visibles, privilégiez les pêches en bordures car les silures ont quitté les fosses et restent non loin de la berge, à l’affût. Pour ce type de prospection en bordure, n’hésitez pas à utiliser des leurres qui brassent de l’eau et qui émettent énormément de vibrations. Les leurres à palettes sont nos meilleures armes pour traquer les silures dans ces conditions. Les cuillers tournantes, les spinnerbaits et les chatterbaits sont excellents dans cette pêche en bordure. Les palettes additionnelles vissées dans les leurres souples (LS) sont également une bonne alternative. La combinaison LS et palette fait toujours des merveilles !
Le poisson-nageur de type crankbait est redoutable. Sa nage agressive et sa bavette relativement longue lui permettent de pêcher le long des berges abruptes. Les silures réagissent très bien à sa nage erratique. Le plus important dans cette traque au leurre c’est de pêcher sur les poissons. Car vous pouvez avoir le meilleur leurre du monde, si les silures ne sont pas là, ce dernier ne vaudra rien ! J’entends souvent les pêcheurs rêver de capturer un silure avec un leurre de surface. C’est exactement lors de ces chasses en bordure que les poppers et les stickbaits sont les plus efficaces. C’est en faisant popper et nager votre leurre de surface au ras des herbiers que vous pourrez déclencher de belles attaques.
Absents des bordures, où sont les silures ?
Au printemps, les glanes se déplacent. Ils sortent alors des fosses profondes où ils ont passé l’hiver et ils viennent dans des zones de faible profondeur (3 à 6 m). Ils cherchent dans ces parties où le courant est important des proies qui nagent en banc serré, avant et après la fraie. Les carnassiers nagent alors au ras du fond. De ce fait, ils sont difficilement détectables sur nos échosondeurs classiques. En bateau, il ne faut donc pas hésiter à effectuer des dérives à quelques mètres du bord dans 4 à 6 m de profondeur. Si vous tentez de pêcher au vif, inutile d’employer de gros poissons, comme de grosses tanches ou de gros barbeaux de 2 kg. Les silures sont focalisés sur des cibles plus petites, par exemple les gardons et les petites brèmes. Des vifs d’une vingtaine de centimètres feront parfaitement l’affaire dans cette approche. Il faudra cependant effectuer de longues dérives pour arriver à détecter les zones où sont localisés les silures. Avec les changements de température et les variations du niveau d’eau, l’ensemble de la chaîne alimentaire se déplace. Il n’est donc pas rare de parcourir plusieurs kilomètres sur un cours d’eau et de ne pas croiser la moindre écaille. Mais lorsque les premiers gardons et petites ablettes sont repérés, il y a fort à parier que l’ensemble des carnassiers sont présents sur la zone.
Puissance, résistance et équilibre, un gage de réussite !
Que ce soit du bord ou en bateau, si vous décidez de partir pêcher au leurre, je vous conseille de bien prospecter les bordures en vous appliquant et en suivant nos conseils. Si vous décidez de traquer les silures au vif, alors il vous faudra bien adapter vos montages. Trop de passionnés pêchent les glanes de façon grossière. J’observe souvent des montages inappropriés ou déséquilibrés. Des plombs de 300 g avec de gros émerillons à agrafe de 200 lbs, des fireballs de 200 g pour des gardons de 15 cm, des tresses de 60/100 pour la pêche en verticale, autant d’exemples qui me prouvent que des détails techniques ont échappé à certains de mes confrères. Revenons sur les bases de l’équilibre d’une ligne et de sa canne. Tout d’abord, il est inutile d’employer une tresse de 60 ou même de 40/100, si votre canne à une puissance de 150 g. Cette équivalence de puissance a son importance. En effet, cela vous évitera tout simplement de casser votre canne lors d’un combat.
Pour vous aider à choisir votre tresse, essayez toujours de respecter la résistance de votre canne. Pour 150 g de puissance, une tresse de 20 à 30/100, pour 200 g, il faut un corps de ligne de 35 à 40/100, pour 300 g de 45 à 50/100, et 400 g de puissance équivaut à une tresse de 60/100 et plus. Pour vous rappeler de cette équivalence, il suffit de garder les deux premiers chiffres de la puissance de la canne (la centaine et de la dizaine) et de le multiplier par deux pour obtenir le diamètre de tresse à utiliser. Prenons l’exemple d’une canne de 180 g de puissance. 18 est le chiffre à garder, soit 18x2 = 36. Une tresse d’environ 35 à 36/100 sera adaptée à la puissance de la canne. Attention toutefois cette règle ne s’applique que sur des cannes dont la puissance est supérieure à 100 g. En fonction des cannes que vous aurez sélectionnées, vous choisirez donc votre tresse. Il convient également d’adapter les caractéristiques de votre canne à la technique pratiquée. Au silure, les tresses les plus fines commencent autour des 20/100, soit pour une canne de 80 à 100g de puissance. Ces ensembles sont parfaits pour traquer les glanes en pêche dite « light » au leurre ou au poisson-mort. De 30 à 40/100, ce sont les diamètres de tresse les plus polyvalents. Ils sont utilisés pour la pêche verticale de type Fireball, mais également aux leurres depuis la berge ou en bateau. Le 45 et 50/100 sont adaptés aux traques puissantes en milieu encombré ou dans le cas de la recherche de spécimens de plus de 100 kg. Ces diamètres de tresse sont adaptés pour des techniques comme la bouée, le cassant et la verticale avec gros vifs de plus d’un kilo.
Du bord ou en bateau, des techniques spécifiques
Si vous pêchez du bord, de manière dynamique et en prospectant les berges, deux techniques s’offrent à vous. Le lancer aux leurres et le vif à la rodée sont deux méthodes efficaces et assez simples à mettre en œuvre. N’oubliez pas de porter une attention particulière à vos bas de ligne. En prospectant les bordures, les risques de casse et d’accrochages sont plus fréquents. Le fil fluorocarbone est une bonne solution pour diminuer les dommages. D’un diamètre de 90 à 120/100, le fil pourra être monté avec des sleeves ou noué. Le nœud Albright permet de raccorder la tresse du corps de ligne au fluorocarbone. Un nœud cuiller permet en seulement 3-4tours de solidement raccorder le leurre. Mais pour raccorder ce dernier, n’utilisez pas l’émerillon à agrafe ! Tôt ou tard, ces dernières vont s’ouvrir lors d’un combat. Et rien n’est plus rageant que de perdre un gros silure sur une agrafe qui s’est ouverte. Pour éviter cette mésaventure, utilisez un anneau brisé et un émerillon rolling de 80lbs de résistance. Pour la pêche à la rodée au vif, n’hésitez pas à utiliser un montage simple. La pêche au bouchon reste la valeur sûre. Ainsi le montage se compose d’un bouchon et d’une olive de 100 g sur une tresse de 40 à 45/100. Ils sont suivis par une perle amortisseur en caoutchouc, un émerillon baril de 80lbs et un bas de ligne d’une longueur d’au moins un mètre. Le vif sera piqué par le dos soit par un hameçon triple de taille 1 à 2/0, soit par un simple de taille 2/0 à 4/0. Les hameçons seront toujours adaptés à la taille des vifs. En bateau, la verticale en « petite fireball » est beaucoup plus efficace qu’avec des montages lourds aux gros vifs. C’est sur des têtes légères de 30 à 60g que les beaux gardons et les petites brèmes donnent les meilleurs résultats. Monté sur une tresse de corps de ligne de 30 à 35/100, le bas de ligne long d’environ 50 cm est réalisé en tresse de 100 kg. C’est en faisant évoluer le montage au ras du fond, dans la zone d’ombre de l’échosondeur (zone indétectable dès 30cm au ras du fond), que les silures s’emparent plus facilement des vifs.
Des ensembles adaptés
Pour les pêches du bord, préférez toujours des cannes longues de 2,80 m minimum. Vous gagnerez ainsi en distance de lancer et en confort lors des combats. S’agissant de la puissance, deux plages sont à distinguer. Les 150 à 180 g sont adaptées aux pêches aux leurres. Plus puissantes et donc plus lourdes de 200 à 300 g, elles se destinent davantage aux pêches aux vifs. En bateau, des cannes plus courtes sont à privilégier. Aussi pour la pêche en verticale au leurre et fireball, les tailles de 1,80 à 2,10 m sont cohérentes. La puissance dépend donc du type de pêche pratiquée. Pour les pêches aux vifs en dérive ou calé, les cannes plus longues de 2,40 à 2,60 m sont préférées pour améliorer la présentation des lignes et les éloigner de la coque du bateau. S’agissant des moulinets, privilégiez toujours des modèles spécifiques au silure. Les tailles 4000 à 6000 sont préférées sur des pêches itinérantes canne en main (fireball, leurre, rodée). Avec des modèles de plus grande taille, vous allez perdre en confort de pêche. Les tailles 6000 se destinent donc plutôt aux pêches à longue distance, canne posée dans un support (cassant, pellets, appât, bouée).