La pêche du sandre entre mai et juin est souvent un sujet de dispute entre passionnés. Certaines années les sandres sont encore bien positionnés sur leurs frayères et la pêche n’a alors aucun intérêt. Les carnassiers, poussés par leur instinct de protection, attaquent tout ce qui passe à proximité de leurs nids et il n’y a aucune gloire, bien au contraire, à leur capture. Mais alors comment traquer ces poissons sans déranger ceux toujours placés sur les nids ? Tout simplement en évitant de pêcher les bordures du cours d’eau. C’est dans les parties peu profondes du fleuve ou du plan d’eau que les carnassiers établissent leurs nids entre 1 et 3 mètres de profondeur. Pour avoir souvent observé ces poissons dans leur élément à cette période de l’année, j’ai pu remarquer que ces prédateurs n’établissent pas de nid sous la barre des 4 mètres d’eau. C’est tout simplement pour une question de température et de luminosité, afin de favoriser l’éclosion des alevins. Plus l’eau est claire, plus les nids sont profonds, sous 3-4 mètres d’eau. En revanche, si l’eau est trouble, il est fréquent d’observer des sandres dans moins d’un mètre d’eau, en bordure. Vous l’aurez compris, afin de préserver cette espèce, il est préférable de la traquer sur des profondeurs plus importantes. Je précise même que le jeu peut vraiment commencer à partir de 6 mètres de profondeur minimum.
Battez du terrain en linéaire !
Le lancer-ramener aux leurres souples (LS) donne de bons résultats en cette fin de printemps. La pêche en linéaire consiste à récupérer un leurre à une vitesse constante et sans pause. Cette technique permet de prospecter rapidement une zone, afin de trouver la tenue des carnassiers. Une fois la fraie terminée, les sandres vont quitter leurs zones de nidification et retourner dans les profondeurs. Lorsque les eaux sont claires, ces poissons aiment descendre sous la barre des 10 mètres d’eau. En revanche, si le cours d’eau est régulier sans cassure, ils aiment se dissimuler dans les obstacles comme les arbres morts, les racines et autres blocs rocheux. Ils vont alors occuper des postes où la luminosité est plus faible, afin de chasser plus facilement. C’est sur ces zones que nous allons les rechercher en priorité. Si, en hiver, il est préférable de pêcher lentement et de revenir se poser sur le fond, au printemps, battez du terrain en faisant évoluer votre LS plus rapidement. Il faut comprendre que la température du milieu influence directement l’activité alimentaire mais également les mouvements des carnassiers. Les sandres réagissent donc plus facilement sur des leurres qui nagent vite. Il faudra cependant chercher la bonne vitesse de récupération en rapport à l’activité journalière des carnassiers.
En eaux froides, les sandres restent souvent au ras du fond, immobiles près des structures. Mais lorsque les eaux montent au-dessus de 15 °C, ils se déplacent fréquemment et n’hésitent pas à suivre et à attaquer leurs proies, même en pleine eau. Pêcher trop lentement est une erreur que commettent trop de pêcheurs. Les sandres étant plus réactifs, ils observent et se méfient de leurres lents. Alors, n’hésitez pas à battre du terrain en faisant évoluer votre leurre à différentes vitesses et hauteurs d’eau. Que vos leurres souples soient montés sur une simple tête plombée ou sur une monture, vous allez devoir trouver la vitesse et la bonne profondeur de nage pour arriver à déclencher des touches. Plus vous pêchez lourd avec des poids de 15 à 30 g, plus vous devrez accélérer la récupération pour ne pas faire taper le leurre sur le fond. Sur des profondeurs allant de 8 à 10 m, un plomb de 8 et 12 g reste adapté à une pêche relativement lente en linéaire. Mais pour pouvoir accélérer la vitesse de déplacement du leurre, vous devrez passer sur des poids allant de 15 à 20 g. Ainsi vous pourrez accélérer tout en restant proche du fond. Pour prospecter entre deux eaux, il convient alors de descendre le poids du montage, afin d’être plus planant à vitesse égale. Mais pour prospecter rapidement les différentes couches d’eau avec précision, l’alternative d’un poisson-nageur peut être une bonne solution.
Vitesse ou agressivité, il faut choisir…
Comme nous l’avons évoqué précédemment, la pêche des bordures est à éviter en début de saison. Même s’ils sont redoutables sur les sandres, les poissons-nageurs (PN) pêchent assez difficilement sous la barre des 6 mètres d’eau. Parmi les PN, les lipless et les crankbaits peuvent cependant nous intéresser. Ces derniers sont conçus pour prospecter les parties profondes d’un cours d’eau. Mais comment choisir entre un LS et un PN ? Tout d’abord, il faut comprendre que ces deux types de leurres ont des utilisations bien spécifiques. Les leurres souples de type shad et grub sont particulièrement efficaces sur des pêches au ras du fond. Mais pour arriver à faire évoluer un LS dans une couche d’eau précise en linéaire, la mission s’avère assez hasardeuse. Il est donc préférable d’utiliser un PN pour battre du terrain et cibler une couche d’eau précise. Les crankbaits sont excellents pour prospecter les zones de cassures, là où le fond passe brutalement de 5 à 12 mètres. Certains modèles, ceux qui peuvent descendre sous la barre des 4 mètres sont parfaitement adaptés à cette traque. Ainsi, avec ce type de leurre, vous allez pouvoir peigner votre secteur dans des hauteurs d’eau bien précises. En choisissant des leurres dont les bavettes sont plus ou moins longues, vous déterminerez la zone prospectée. Il n’est pas ridicule d’avoir plusieurs cannes équipées de différents modèles de PN et LS montés. Ainsi vous pourrez rapidement changer de profondeur et de vitesse de prospection.
Pour parcourir les profondeurs, un lipless, ou même une lame vibrante, peut également être une bonne alternative au LS. Les lipless ont un petit avantage sur les LS. Leur nage erratique et, pour certains modèles, le bruit des rattles déclenchent très fréquemment des attaques. Il est alors intéressant pour pêcher les fosses de les utiliser soit en récupération linéaire, soit par animation en dents de scie. Pour l’avoir observé en plongée, j’ai pu constater que les sandres suivent régulièrement les leurres sans les attaquer. Ces derniers observent et suivent le leurre sans agressivité. Deux paramètres nous ont permis de déclencher des attaques, la vitesse de déplacement du leurre et l’agressivité de la nage. Comme évoqué plus haut, un leurre souple donne de bons résultats à cette période de l’année s’il est récupéré sans temps de pause ni « stop and go ». Le fait de passer rapidement sur la tête des sandres déclenche leur agressivité. Le second paramètre c’est la nage du leurre. Lorsque l’on récupère un LS, seule la caudale du shad ou la virgule du grub bouge. Les vibrations sont alors bien perceptibles par les sandres mais, certains jours, cela ne suffit pas pour déclencher une attaque. C’est dans ce cas de figure que le lipless sort du lot. Grâce à sa nage agressive et le bruit des rattles embarqués, il est possible de capturer de jolis carnassiers.
Le diamètre de la tresse peut également influencer les résultats de votre pêche. Plus cette dernière sera épaisse, plus elle aura de portance et d’inertie dans l’eau. Il faut comprendre que, lorsque vous allez récupérer votre leurre, la tresse va appuyer sur l’eau. N’utilisez donc pas de tresse au-dessus de 17/100 de diamètre pour traquer les sandres. Pour cette pêche, une tresse de 14/100 est donc parfaitement adaptée à la pêche au LS comme au PN.
Des postes de chasse spécifiques…
À cette période de l’année sur les grands cours d’eau, les sandres focalisent leur alimentation sur les ablettes. Ces petits poissons blancs se positionnent essentiellement dans les courants lorsque les eaux montent en température. Les carnassiers n’hésitent donc pas à monter entre deux eaux pour les chasser. Le linéaire est donc une technique adaptée pour parcourir ces différentes hauteurs d’eau. En bateau, aidé par votre échosondeur et votre moteur électrique, il est intéressant de positionner votre embarcation juste au-dessus de la cassure. De cette manière, en lançant le leurre parallèlement à la berge et à la même distance du bord que votre bateau, le leurre évolue dans la profondeur détectée. Les sandres adorent venir se positionner le nez face à la berge en limite de cassure. Ainsi placés, ils attendent le passage d’une proie. Vous comprenez alors l’intérêt de faire évoluer votre leurre à une profondeur précise. Lorsque les carnassiers ne se trouvent pas sur le haut de la fosse, il faut changer d’angle d’attaque et prospecter les grands fonds.
À cette période de l’année, ces carnassiers n’hésitent pas à monter dans les différentes couches d’eau même dans les fosses. Aussi, il n’est pas rare d’observer sur nos écrans d’échosondeurs des poissons positionnés entre 6 et 8 mètres alors que le fond se trouve à 15 mètres. Ces bancs de sandres restent suspendus dans le lit du fleuve, sous les bancs d’ablettes nageant en surface. Il est alors possible de traquer ces poissons soit en verticale avec une lame vibrante ou un lipless. Mais également au crankbait en lançant en plein milieu du cours d’eau. Vous l’avez compris, c’est en pêchant à différentes vitesses et en prospectant les différentes couches d’eau que nous arrivons à leurrer ces magnifiques poissons que sont les sandres. C’est en changeant nos paramètres de pêche hivernale que nous pouvons enfin renouer avec le succès et capturer de jolis sandres de printemps et d’été.