Pêche du sandre en finesse

Si la pêche finesse du sandre est dans l’ère du temps et fait désormais partie du vocabulaire courant de la plupart des pêcheurs, il est toujours intéressant de s’interroger sur la définition de la pêche du sandre en finesse et de comprendre que cette méthode peut être utilisée de plusieurs manières différentes. Dans tous les cas, on peut dire que la pêche finesse est une approche qui a pour but d’optimiser la présentation d’un leurre souple ou d’un appât naturel pour provoquer des poissons peu enclins à mordre. Dans la réalité, cela se traduit souvent par une diminution de la plombée, du diamètre de la ligne et de la taille du leurre que l’on associe à une pêche tout en douceur. Cette approche n’est pas vraiment nouvelle et existe depuis très longtemps. On peut citer l’exemple du montage carolina, à la mode ces derniers temps et très efficace lorsque les sandres dédaignent les shads sur tête plombée, avec le montage « tirette » qui était la solution ultime face aux sandres saturés par les montures Drachko. Celles-ci restent d’ailleurs d’actualité et procurent toujours autant de bons résultats !

Recherche de la discrétion, une quête logique

Hormis à des endroits vierges de pression de pêche ou privilégiés par un biotope très favorable, il est évident que les cartons d’autrefois, où il suffisait de balader un shad quelconque pour provoquer la touche d’un beau sandre, sont révolus. De nos jours, affiner les montages et les techniques est devenu une quête permanente pour espérer pouvoir tirer son épingle du jeu lors de chaque sortie. Comme toujours, cela doit de se faire en tenant compte de différents paramètres tels que l’endroit, les conditions de pêche mais aussi et surtout selon le tempérament du pêcheur. Le défi, ici, consiste à trouver le meilleur rapport entre la discrétion qui permet de provoquer davantage de touches, et les risques de pertes de poissons qu’elle peut occasionner. Adopter un mode de pêche « finesse » ne se résume pas uniquement à diminuer sans limite le diamètre de la ligne, le poids du plomb ou la taille du leurre ! Il se doit d’être harmonieux et de correspondre parfaitement à la pêche du sandre. Parmi les différentes techniques propices à la pêche du sandre, il n’y en a pas une qui peut vraiment se targuer d’être la solution imparable pour la pêche finesse, car, par définition, elles peuvent toutes l’être à partir du moment où on les adapte. Si le Drop Shot et le Carolina sont prédestinés à une présentation discrète et très naturelle des leurres, ils font naturellement partie des outils de prospection « finesse ». En linéaire, troquer un shad de 6" monté sur une tête plombée de 15 g animé de manière agressive par un petit finesse de 4" sur une tête plombée de 8 g que l’on fait glisser sur le fond, tout cela s’insère également dans le programme d’une pêche finesse ; on peut faire le même rapprochement avec la pêche en verticale. Au-delà des termes, la pêche finesse est avant tout une méthode d’approche qui est la plus discrète possible.

Lignes et bas de lignes, évitez le piège des extrêmes

Le leurre souple de type finesse de forme effilée avec une queue en V (V Tail) ou pointue (Pin Tail) est évidemment une base incontournable pour ce mode de pêche. Même si ce type de leurre vous semble inerte et beaucoup moins séduisant qu’un shad, ne doutez pas un instant de son efficacité, car il s’avère réellement bien plus redoutable pour les sandres de toutes tailles. Si un modèle de 5 pouces qui représente la taille moyenne du poisson fourrage est très efficace en toutes conditions, diminuer la taille vers un 4", voire 3,5" peut s’avérer excellent sur un montage drop shot, split shot ou encore carolina rig. Pour moi, monter en taille 6" reste dans la logique de pêche finesse pour le sandre, alors que l’utilisation d’une très petite taille 2,5" n’a pas beaucoup d’intérêt à mes yeux. Contrairement au shad que j’écarte presque systématiquement pour la pêche finesse, une petite créature ou une écrevisse en 3" ou 4" peut évidemment faire partie du menu, car elles émettent de faibles vibrations très propices à l’action recherchée. Face à un pêcheur qui ne juge pas nécessaire de remplacer son bas de ligne 0,35 mm par un plus fin, ou à celui qui pense pouvoir pêcher plus de sandres en utilisant un fluoro de 0,14 mm, la sanction est généralement sévère : absence de touche pour l’un et perte de la majorité des poissons pour l’autre. Il y a une dizaine d’années, lors d’une compétition internationale sur un grand plan d’eau des Pays-Bas, j’ai pu assister à une situation incroyable où, parmi un paquet de bateaux concentrés sur un hot spot, deux pêcheurs francophones très talentueux enchaînaient les touches sans jamais pouvoir les concrétiser (casse au ferrage), alors qu’à côté d’eux le bateau hollandais faisait monter peu à peu le compteur malgré 50 % de touches en moins ! Si affiner une ligne à l’extrême peut faire partie du choix tactique de certains compétiteurs pour doper les touches ou éviter un capot, pour d’autres, prendre le risque de perdre un beau poisson n’est pas envisageable, préférant agir sur la méthode de présentation.

Souplesse, toujours une question de poids

Sur une zone parfaitement dégagée, si on peut confirmer qu’un fluorocarbone de 0,20 mm peut être capable d’assumer sans soucis la prise d’un beau sandre, descendre en dessous de ce diamètre est une prise de risque non négligeable qui s’avère décuplée lorsqu’on utilise une canne trop puissante. En fonction du milieu, un ajustement entre 0,20 mm et 0,25 mm représente habituellement un très bon compromis. Concernant la ligne, une bonne tresse 8 brins de 0,08 mm à 0,10 mm est de loin le choix idéal, car descendre vers des diamètres plus fins (0,06 mm) n’apporte franchement aucun avantage. Le choix de la plombée est le paramètre sur lequel on peut agir pour améliorer la souplesse du montage afin d’avoir une présentation la plus naturelle possible. En linéaire, passer d’une tête plombée de 6 g à une de 3 g, voire moins, peut être un réel plus pour prospecter doucement une petite plage ou une pente douce peu profonde le long d’un cassant. En prospection verticale dans quinze mètres, une diminution progressive de la plombée de 21 g à 14 g aura l’avantage d’alléger le montage et de lui permettre d’évoluer sur un plan plus horizontal au ras du fond sans devoir augmenter la vitesse de déplacement du bateau. Utiliser une plombée plus légère n’aura pas beaucoup de sens, car elle fera immanquablement décrocher le montage et vous imposera de pêcher de manière totalement statique pour espérer maintenir la proximité du fond, ce qui est évidemment tout le contraire de ce que l’on recherche en verticale.

Ne perdez jamais le contact

Lorsque l’on prospecte une petite veine de courant avec un montage carolina, la plombée différée du montage offre l’avantage de pouvoir présenter un leurre de manière ultra-naturelle capable de provoquer la touche des sandres les plus têtus. Dans ce cas, l’excès de légèreté qui ne permet plus de maintenir ce petit contact juste à la limite du décrochage devient un inconvénient majeur. En drop shot, la plombée parfaite sera celle qui vous permettra de maintenir votre montage à la distance voulue malgré un petit vent latéral. Pour rester en cohérence avec l’objectif recherché, il est très important de choisir un armement adapté au leurre utilisé. Pour ce faire, privilégiez toujours des têtes plombées avec des hameçons courts sans utiliser de stinger pour conserver toute la souplesse du leurre. Optez surtout pour des hameçons extrêmement piquants qui pourront assurer un ferrage moins énergique qu’en pêche classique. Évitez les hameçons forts de fer au profit d’un modèle 1X, voire light de bonne facture, ils permettront une meilleure pénétration en conservant une résistance largement suffisante pour faire face à de beaux poissons. La pêche finesse n’a vraiment de sens que si elle se pratique avec du matériel adapté à la technique utilisée. Inutile de dire qu’une canne verticale 10/30 g d’action extra fast ne sera pas le meilleur choix pour présenter une petite créature en drop shot. Au sein d’une même technique, il est tout à fait possible de trouver des actions et des puissances différentes pour coller au mieux à la pêche réalisée. Si le choix approprié de la canne vous permettra de réaliser une animation parfaite, elle vous procurera surtout la garantie de pouvoir réaliser un ferrage efficace sans risque de casse systématique.

Évitez de reproduire un schéma type

Trouver la bonne combinaison ne se résume pas à un modèle type que l’on peut reproduire sans se poser de questions, ce serait trop beau, et cela ferait perdre par la même occasion tout le charme de la pêche du sandre. Des paramètres tels que la turbidité de l’eau et le vent sont des éléments à prendre absolument en considération. Une eau claire par temps calme imposera une discrétion maximale avec une plombée légère, alors que par vent moyen et eau légèrement teintée, on pourra envisager une ligne plus forte en augmentant la plombée afin de maintenir le contact en toutes conditions. La pêche finesse a forcément ses limites face à une rivière en crue ou à un grand lac battu par un vent puissant. Insister en pêche finesse dans ces conditions n’a pas d’intérêt, car elle devient totalement aléatoire.

Pas dans l'extrémisme 

La pêche finesse est assurément une approche qui permet de bien aborder la pêche du sandre dans les conditions les plus difficiles. Très efficace, elle permet souvent de faire basculer la tendance d’une journée en permettant la prise de quelques poissons. Pour ma part, si l’absence de touche est une source de réflexion et de remise en question permanente pour trouver une solution, elle ne justifie en aucun cas de basculer vers des choix extrêmes qui ne sont pas vraiment en phase avec la pêche. À quoi bon provoquer la touche d’un sandre si dans la quasi-totalité du temps celui-ci est perdu avec un petit souvenir pendu au bout de la gueule !