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Pêche du brochet : quand utiliser un gros leurre (big bait) ? L'avis des spécialistes !

Cette question revient souvent dans les discussions ! Quelle taille de leurre utiliser pour pêcher efficacement le brochet, sans tomber dans le snobisme ou suivre une mode. J’ai demandé leur avis à des pêcheurs passionnés par l’espèce et renommés pour leurs belles captures. Les avis divergent.

Ludovic Pinchède : une question de timing

Je me base uniquement sur mes constats, sur mon expérience. J’utilise à 90 % des gros leurres, on va dire entre 23 et 35 cm. Je n’emploie que des leurres souples. Je trouve que les résultats avec les leurres durs sur les gros poissons sont plus irréguliers. Je pêche dans de vastes milieux, grands lacs de la forêt d’Orient ou en Hollande, il y a de très gros brochets ! Il y a des moments de l’année, en juin ou juillet, même les sujets entre 70 et 80 attaquent ces belles bouchées. Je n’hésite pas à pêcher très haut dans la couche d’eau, 2 m sous la surface, même dans 8 à 10 m d’eau. On voit les poissons monter tout droit depuis le fond, ça les déclenche bien. Néanmoins, j’utilise parfois des leurres plus petits, entre 14 et 18 cm, notamment en hiver, en décembre, quand ils sont posés sur le fond, un peu apathiques. Il faut alors pêcher plus près des poissons, car ils ne font pas l’effort de monter vers la surface. Je pêche plus brutalement, soit en traction, soit en faisant des accélérations avec le moulinet. De même, en septembre, les poissons blancs se regroupent aux premiers froids. Les perches concentrent les bancs de fourrage et les brochets ne sont pas loin. Il est plus dur à cette période de les faire mordre sur de gros leurres. Je descends alors pour déclencher des touches dans ces moments où la pêche est plus compliquée. Je me souviens qu’à l’ouverture, cette année, les eaux étaient encore froides. J’ai eu du mal à toucher des brochets avec mes gros leurres souples, je suis alors descendu en gabarit et ça a marché. Les eaux n’étaient qu’à 12-13 °C seulement. À partir de 14-15 °C, les brochets se sont vraiment réveillés.

Arnaud Brière : big bait forever ?

Quand Lyonel m’a posé cette question, je me suis immédiatement dit : « Eh bien, en fait, je pêche tout le temps avec un big bait ! » Mais en y réfléchissant un peu, je me suis aperçu que ce n’était pas aussi simple et pas vrai du tout. En fait, je cherche plus les gros poissons que le nombre de touches et je suis formaté à l’abnégation que nécessitent les longues séances de recherche d’un spécimen. Mais j’aime quand même bien les résultats et ma conclusion serait la suivante : dans tous les grands milieux, ou en tout cas ceux avec un vrai potentiel de gros poissons, j’utilise des leurres qui les sélectionnent, en jouant souvent sur l’agressivité. Ainsi, Mustache Rig, Miuras, gros swimbaits et leurres souples composent souvent le menu. Mais la saisonnalité, le poste et l’activité peuvent changer la donne. De fait, en début et en fin de saison, quand les eaux sont froides, je pêche énormément au jerkbait. Dans les petits milieux davantage propices à un grand nombre de touches, je joue la légèreté et j’aime descendre en taille pour les leurres comme pour les cannes. Jerkbaits minnow ou chatter sont alors super ludiques et efficaces. Enfin, quand la pêche est dure et que les poissons ne réagissent pas aux big baits, je descends en tailles de leurres (downsizing) pour capturer des poissons. Il arrive enfin parfois que les brochets soient focalisés sur une petite taille de proie, perchette par exemple, et il n’y a alors pas d’autre solution que de choisir un leurre imitatif en taille et coloris.

Jimmy Maistrello : en fonction du milieu

Je ne pêche pas sur le lac du Bourget, où je guide très souvent, comme dans un étang à côté de chez moi ! J’utilise différentes tailles de leurres pour le brochet en fonction du milieu et de l’époque. En début de saison, j’ai tendance à utiliser de gros leurres sur le Bourget, car les brochets frayent et les tanches et les brèmes viennent manger leurs œufs. La prédation des carnassiers porte donc sur de grosses proies sur ces secteurs. Au même moment, dans des plans d’eau moins profonds, j’utilise des petits leurres car les batraciens pondent en bordure et les brochets s’en nourrissent avidement. Crapauds et grenouilles ne sont pas très gros… Un peu plus tard, en mai-juin, il y a une explosion de vie dans le lac alpin. Gardons et petites perches sont en bordure, les brochets s’en gavent. Il est plus facile d’attraper dix petits gardons qu’un gros lavaret ! J’utilise alors de petits leurres, qui déclenchent plus de touches. La majorité de mes clients ne sont pas des specimen hunters, ils préfèrent avoir de nombreuses touches. Ce qui ne veut pas dire qu’avec un petit modèle, on ne peut pas prendre de gros brochets. Il est important d’analyser le milieu dans lequel on pratique et de s’adapter aux proies du moment. Au début d’une dépression météorologique, les brochets sont souvent plus actifs. Je pêche alors avec des leurres plus gros, qui bougent énormément d’eau, et plus proches de la surface, surtout s’il y a des vagues. Une proie volumineuse qui nage doucement, c’est tentant ! Concernant la taille, je me limite à 30 cm, pour une raison de matériel et de technique. Mes stagiaires et clients ne sont pas tous capables de lancer et animer correctement un gros leurre toute la journée. Un leurre souple ou dur entre 17 et 25 cm, c’est le must pour pêcher un gros poisson !

Tom Couchoud : plus simple

Je considère que l’utilisation de big bait peut être efficace toute l’année et qu’il s’agit du moyen le plus simple de déclencher un brochet de taille moyenne. Je m’explique ! J’ai longtemps pensé que l’utilisation de gros leurres réduisait le nombre de touches mais permettait de sélectionner des gros sujets. Le concept semble logique, mais plusieurs années de pratique aux quatre coins de la France m’ont montré que la réalité du terrain n’est pas aussi simple. Les premières fois où j’ai chaussé un leurre de plus de 20 cm, j’étais persuadé que si je prenais une touche, ce serait un gros poisson. Autant vous dire que j’ai été surpris de voir que je continuais à prendre régulièrement des sujets non maillés. J’ai donc augmenté la taille de mes leurres, mais force est de constater que même un leurre de 35 cm s’avère souvent efficace pour les petits comme pour les gros. Une fois ces préjugés dissipés, cela a pris du sens. Généralement, plus la taille du leurre est grande, plus les signaux visuels, sonores et les vibrations émises portent loin. On augmente donc nos chances d’être repéré et de provoquer une interaction avec les brochets. En matière de probabilité, nos chances d’avoir une touche sont donc plus grandes avec un gros leurre. Évidemment, pêcher « gros » n’est pas la solution miracle et, comme toujours, il faut combiner de nombreux paramètres (vitesse, couleur, vibration) pour que ces interactions se terminent par une attaque. Et parfois, au détriment de la portée des signaux émis par nos leurres, il est nécessaire de descendre en taille pour concrétiser les touches. Mais alors, ne serait-il pas plus judicieux de se demander quand faut-il pêcher « petit » ?

Nicolas Boldo : que des gros leurres

En général, j’aime bien rechercher les vrais gros brochets, c’est ma priorité quand je suis sur l’eau. Je ne m’attarde pas sur les petits poissons. J’ai la chance de pêcher dans les grands fleuves, lacs et deltas hollandais et la population de beaux brochets y est importante. Donc je ne pêche plus qu’aux gros big baits, entre 18 et 40 cm pour les leurres souples et entre 16 et 30 cm pour les durs, jerkbaits ou swimbaits. Cela permet de trier. J’ai moins de touches, mais je sollicite de plus gros sujets, c’est évident. Ça ne veut pas dire que les gros brochets n’attaquent pas de petits leurres ! En février et mars, il s’en prend chaque année en cherchant les plus belles perches. Le reste de la saison, ces gros leurres sont une valeur sûre pour sélectionner les plus beaux poissons. Je ne me prends pas trop la tête pour les couleurs. Je choisis des nuances imitatives lorsque la pêche est compliquée et plus agressive, orange, Fire Tiger quand les poissons sont actifs. Pour le bruit, c’est comme pour la couleur. Silencieux si les poissons sont méfiants et, au contraire, bruyants s’ils chassent vraiment. J’utilise deux combos, entre 2,20 et 2,40 m en casting. L’une a une puissance de 40 à 120 g et la seconde jusqu’à 250 g. Je ne prends plus d’action de pointe mais des semi-progressives plus confortables pour lancer de gros leurres. Elles absorbent mieux le ferrage, je n’ai presque plus aucune coupe et j’ai moins de décrochés. Le bas de ligne en fluorocarbone est en 0,90 à 1 mm et mes tresses au minimum en 0,28 mm, mais le plus souvent entre 0,30 et 0,40 mm. Il ne faut pas finasser avec ces gros brochets. Le combat doit être rapide pour les relâcher dans de bonnes conditions !

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