Le magnifique Fishpro X5 Volzhanka, et ses 115 chevaux, est posé sur le sable et nous attend. Lionel, tout sourire comme à son habitude, nous accueille au bord de l’eau et nous invite à mettre nos affaires dans ce superbe walleye boat de cinq mètres de long. Cette embarcation laisse beaucoup de place au pêcheur et, grâce à ses francs-bords plutôt hauts, sécurise bien les passagers, même en cas de vent. Lionel, également guide sur le Léman, avoue qu’une telle embarcation lui est devenue indispensable. Son importante surface de pont permet de pêcher à trois sans se gêner. L’électronique au top des dernières technologies n’est pas forcément très utile dans la pratique de pêche du brochet en powerfishing mais les progrès faits par la cartographie sur le combiné affinent les approches et les dérives afin d’optimiser les chances de se placer sur une zone favorable.
Un équipement adapté aux gros leurres
Ce type de pêche demande des cannes longues, d’au moins 220 à 250 cm, avec une poignée elle aussi conséquente, de façon à disposer d’un grand bras de levier pour propulser ces gros leurres à bonne distance et sans fatigue. Une action rapide est nécessaire pour bien ferrer à distance et planter la pointe des hameçons dans la gueule dure des brochets. La puissance de ces cannes varie entre les modèles H, capables de lancer jusqu’à 60 g, XH jusqu’à 100 g, et XXH pour les plus gros leurres allant jusqu’à 200 g. Pour une raison de confort, ce sont les cannes casting qui sont privilégiées avec des moulinets en taille 300, garnis de tresse d’un diamètre minimum de 26/100 (PE 2.5) autant pour la résistance face à un gros brochet que pour la portance dans l’eau qui évitera au leurre de trop couler. Un bas de ligne d’un mètre en gros fluorocarbone termine le montage afin de donner un peu de discrétion devant le leurre tout en se préservant des coupes. Les leurres mis en œuvre étaient pour la plupart des gros swimbaits souples tels le Dexter Jerk ou le Dunkle d’iIllex, que Lionel aime customiser, mais aussi des swimbaits durs comme le Gantia ou le Dowz Swimmer.
Gros leurres, gros poissons ?
Lionel vient de passer de nombreuses journées sur l’eau et nous annonce tout de suite la couleur : « La journée risque d’être difficile, le niveau du lac a beaucoup baissé et les eaux sont chaudes. Mais nous devrions pouvoir piquer quelques brochets. La stratégie consistera à longer un long plateau et à pêcher avec des leurres de belle taille pour sélectionner les beaux poissons. » Le lac de la Liez sera notre terrain de jeu pour une journée complète destinée à la traque des brochets, si possible grands car ce plan d’eau héberge quelques très beaux spécimens qui font sa renommée... La Liez est l’un des quatre grands lacs de Haute Marne, des réservoirs qui servent à l’alimentation du canal entre la Champagne et la Bourgogne. Les trois autres, Charmes, la Mouche et de Vingeanne sont plus petits mais tout aussi charmants.
Lancer, lancer, et lancer encore
Ce barrage de la Liez ne comporte pas un relief très marqué. La pêche est plutôt simple, en longeant le bord à diverses profondeurs, elle se pratique en powerfishing. C’est la multiplication des lancers, pour une exploration tous azimuts, qui est ici de mise, plus que l’exploration méticuleuse de postes précis. Les brochets peuvent suivre les bancs de gardons ou de brèmes, mais quelquefois, les gros sujets sont totalement isolés. Il faut un mental d’acier pour lancer, lancer et relancer encore jusqu’à enregistrer une touche. La hauteur d’évolution des leurres est un autre paramètre à prendre en compte selon Lionel, qui change régulièrement soit le grammage du lest additionnel, soit de leurre pour explorer toutes les couches d’eau. Cette journée de pêche au gros swimbait se pratique de manière identique à ce que l’on peut faire sur les très grands lacs alpins, tout en restant sur un plan d’eau à taille plus humaine. Une simple journée suffit à pêcher presque totalement ce lac langrois avec cette technique de déplacement rapide.
Un bon début
Chacun installe son leurre favori et c’est parti pour plusieurs heures de cranking lent afin de mettre en mouvement les fortes caudales des gros leurres souples. Un premier poisson arrive au bateau. C’est un brochet nerveux, de près de 70 cm, qui a coffré proprement le leurre souple. Notre guide se serait-il trompé, la chance sera-t-elle en définitive avec nous ? La matinée se poursuit, lancer après lancer, tout en changeant régulièrement de leurres et de coloris afin de trouver ce qui plaît au brochet. Les leurres durs succèdent aux souples, puis les leurres métalliques sont testés sans que le carnassier montre plus d’intérêt pour l’un ou pour l’autre. Pour autant, une stratégie se dessine quand même, puisque les leurres souples segmentés sans battoir semblent plaire aux brochets. Lionel reste optimiste et me confie que, depuis un mois, 141 brochets sont entrés dans sa grande épuisette.
La grosse touche de la journée
Heureusement, juste avant midi un autre brochet d’une grosse soixantaine de centimètre se jette sur le leurre de Lionel et vient poser pour la photo avant de rejoindre son élément. Le reste de la journée sera ponctué de quelques touches rapides impossibles à ferrer jusqu’à ce que l’équipier de Lionel annonce un joli poisson. Malheur, il se décroche durant le combat. Le pêcheur et le guide se regardent, dépités. Nous nous imaginions déjà en train d’immortaliser ce moment qui lui donna du fil à retordre dès les secondes qui suivirent la touche ! C’est donc un peu tristes que nous retournons à la mise à l’eau en fin d’après-midi. Les conditions météorologiques ne sont pas bonnes certes, mais le site est superbe et la population de carnassiers nous donne très envie de revenir à l’automne prochain !
Renseignements pratiques
Inauguré en mai 1895, ce lac situé au pied de la ville de Langres est resté longtemps le plus grand réservoir de France avant d’être détrôné par ceux servant à écrêter les crues de la Seine. Sa superficie est de 285 ha pour une contenance de 16 millions de mètres cubes. Peuplé de gros brochets et de belles perches, il est classé en seconde catégorie domaine public, il est géré par l’AAPPMA l’Épinoche Langroise. La navigation au moteur thermique est autorisée et gratuite. Pour les plus de 6 CV, une autorisation de VNF est requise.
- AAPPMA l’Épinoche Langroise - 06 78 66 77 10 - lapoire.patrice@orange.fr
- Lionel Fumagalli – 06 74 48 16 29 - votreguidedepeche.com