Lors d’une compétition de pêche retransmise sur YouTube l’an passé, tu as utilisé presque exclusivement des bladed jigs, appelés également Chatterbaits. C’est ce qui m’a donné l’idée de cette interview. Pourquoi ce choix ?
Tanguy Marlin : En effet, juste avant ce concours, j’avais fait rapidement le tour du plan d’eau à pied et j’avais vu plusieurs brochets postés vraiment très au bord, dans 20-30 cm d’eau. Ces carnassiers étaient potentiellement en chasse d’écrevisses, bien présentes sur ce site, c’est ce qui m’a guidé dans ce choix, qui fut gagnant ! J’ai sélectionné des modèles de bladed jigs sombres, qui ressemblent plus à ces crustacés, voire avec des palettes métalliques peintes en noir pour offrir un contraste plus important avec l’eau qui était claire et leur proposer quelque chose qu’ils ne devaient pas connaître.
De façon générale, quelles sont les espèces de carnassiers que tu recherches avec les bladed jigs, et y a-t-il des saisons plus propices à l’utilisation de ce leurre ?
T. M. : C’est un leurre qui s’utilise toute l’année, à condition de varier les poids et les vitesses de récupération. Durant la période estivale on pêche vite et un peu plus haut dans la couche d’eau. En automne et en hiver, on ralentit la vitesse et on prospecte plus profondément. C’est propre au comportement du poisson et aux secteurs où il se tient. En ce qui concerne les espèces ciblées, comme pour beaucoup de leurres, le bladed jig a été mis au point pour la traque du black-bass, poisson que je pêche beaucoup. J’ai donc débuté avec cette espèce mais en adaptant un peu la taille et le poids, on peut capturer des perches, des sandres et des silures notamment. Il faut ajuster les trailers, les poids et les vitesses de récupération. C’est également très efficace sur le brochet !
Quels sont les types de milieux et de postes qui sont les plus recommandés pour ces leurres ?
T. M. : C’est un leurre de prospection, comme les crankbaits et les spinnerbaits. Ils ont tous les trois une action assez mécanique. On lance et on ramène… Pour casser cette routine, le pêcheur doit chercher à « casser » la nage du leurre. Pour le crankbait, on essaye de le faire rebondir sur des cailloux lorsque la bavette touche le fond. Pour les spinnerbaits, l’idéal, c’est de toucher du bois mort, des troncs immergés. Le spinner, c’est un vrai 4x4 ! Son armature offre un squelette qui va protéger l’hameçon des accrocs dans les bois. Ce n’est pas le cas avec le bladed jig dont la palette sert un peu de déflecteur, mais l’hameçon est moins protégé. Rares sont les modèles avec une brosse protégeant la pointe du simple. On va donc cantonner ce leurre métallique aux zones d’herbiers, potamots et nénuphars. La nage sera heurtée à chaque fois que le leurre touche une tige ou ressort d’un herbier. C’est plutôt un leurre d’eau calme, lacs, rivières lentes… Il nage mal dans le courant, il va se déplacer, beaucoup tirer dans la canne et remonter rapidement en surface.
Quels sont les poids que tu utilises le plus ?
T. M. : Je pêche rarement profond avec ce leurre, à l’inverse du crank qui plonge, le chatter a plus tendance à remonter. J’utilise le plus souvent des modèles de 10, 14 et 21 g qui permettent de couvrir de la surface jusqu’à 3-4 mètres de profondeur environ. De 0,50 à 1 mètre pour le premier, 1 à 1,50 pour le deuxième et de 1,50 à 2,50 mètres avec le 21 g. C’est idéal sur les grands plateaux couverts d’herbiers, les zones de nénuphars et les pêches de bordure.
Comment choisis-tu les couleurs en fonction des couleurs d’eau et des types de postes.
T. M. : J’ai plusieurs approches ! Tout d’abord, il y a la saison. De mars à mai, je choisis des couleurs foncées pour les perches, brochets et black-bass. Petit aparté, en mars, avant la fraie, la palette orange sombre ou rouge est idéale pour chercher les blacks en bordure ! À bon entendeur… Sinon, à cette période, j’opte pour les coloris de jupe noir ou pumpkin foncé. Et souvent avec une palette noire pour augmenter cet effet recherché et ressembler à une écrevisse. Elles viennent de ressortir de leur cachette et les poissons sont eux aussi sur les bordures après la fraie ou juste avant. Passé le mois de juin, je choisis des couleurs plus naturelles ou blanches parce que les poissons sont plus focalisés sur les alevins et le fourrage. Je sélectionne des palettes blanche ou argent en eau claire et dorée en eau un peu piquée ou teintée.
Existe-t-il des différences de vibrations entre les différentes marques de bladed jig ?
T. M. : Oui clairement ! Plus la palette est large, plus ça vibre fort, comme un crankbait avec une bavette large et longue, mais plus le nombre d’oscillations est faible et plus le bladed jig remonte vite. Il faut avoir des palettes différentes dans sa boîte de pêche car ce détail peut avoir une incidence importante sur le nombre de touches. Nous travaillons sur un nouveau modèle avec une palette plus fine, ce qui permettra de pêcher plus creux avec un leurre plus léger et une vitesse d’oscillation plus importante.
Quels trailers fixes-tu à l’arrière de tes bladed jig et pourquoi ? Y a-t-il des modèles spécifiques à choisir suivant les carnassiers visés ?
T. M. : J’installe toujours un trailer. En début de saison, des coloris sombres voire noir et des formes de type écrevisse, pour être cohérent avec ce que j’ai dit précédemment. En milieu de saison, je choisis des formes « poisson » plus fines et longues. Je mets rarement de shad ou de virgules car cela ajoute de la vibration à un leurre qui en offre déjà beaucoup. Certains le font et ça marche très bien, mais ce n’est pas mon choix. La forme influe sur la profondeur de nage du leurre, plus il vibre, plus il remonte. Le trailer offre une silhouette bien visible lors de l’attaque du carnassier. Tout comme les palettes d’un spinnerbait, la lame vibrante ne se voit pas dans l’eau. Elle sert à produire des vibrations pour alerter le poisson. Un trailer permet de focaliser l’attaque. Ce leurre souple augmente le poids du leurre, ce qui peut être intéressant pour lancer plus loin ou contre le vent. Souvenez-vous en !