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Gros brochets en fleuve : une dose de stratégie et de savoir-faire avec Nicolas Doudeuil

Traquer le brochet spécimen en fleuve requiert une approche spécifique qui va parfois à l’encontre de nos connaissances et de nos habitudes quant à son comportement dans d’autres milieux. C’est la « leçon de pêche » que j’ai pu vivre lors d’une sortie sur la Seine, en compagnie de Nicolas Doudeuil, qui a creusé la question à sa manière !

Les sandres, ce matin, sont sur « off ». Deux heures de gratouilles en linéaire, de mode texan dans les bordures encombrées et d’autres figures imposées au drop shot sur des postes habituellement chauds, rien n’y fait. Le petit coup de froid qui sévit depuis 48 heures, la légère baisse de pression et du niveau d’eau marquent la transition avec cette période de frénésie que Nicolas a connue la semaine passée. Même les belles perches boudent, deux ou trois tapes tout au plus…

Malgré une recherche intensive, les sandres se laissent désirer.
Crédit photo : David Gauduchon

Objectif « big pike »

Si l’une des qualités premières d’un guide, outre la parfaite connaissance du milieu sur lequel il opère, est de savoir s’adapter, alors la réputation de Nicolas Doudeuil n’a rien d’usurpé. Une petite poussée sur la poignée des gaz, la tête dans les épaules, cap sur un changement de scénario. « On ne va pas s’échiner pour trouver quelques percidés, je te propose d’essayer les grands brochets de Seine », s’exclame Nicolas avec son sourire de jeune premier, un brin provocateur, mais l’homme est apparemment sûr de son coup. Précisons que, depuis quelques années, Nicolas enregistre des résultats très réguliers sur les « big pikes » de son secteur, là où auparavant il en prenait un de temps en temps, je n’oserais pas dire accidentellement… Une explication dans le texte s’impose. Après dix minutes de navigation vers l’amont, nous arrivons au niveau d’un de ces grands ponts qui enjambent la Seine. À vitesse réduite, Nicolas passe le secteur au peigne fin à l’aide de son sondeur entre la première et la deuxième pile, puis la troisième en plein milieu du fleuve. Le courant pousse assez fort en aval de chacune et je m’étonne de son choix, pas vraiment typé poste à brochet…

Dans les grands fleuves, l’utilisation de l’électronique permet de gagner un temps précieux, notamment en matière de détection.
Crédit photo : David Gauduchon

En action avec de gros leurres souples

À l’aplomb de la première arche, l’écran en mode structure scan, s’anime nettement sur la remontée d’une cassure. Un épais banc de poisson fourrage y a trouvé refuge à près de 6 m du fond. Mon guide réduit sa vitesse et se laisse glisser sur la zone. Posté derrière quelques échos intéressants de sandres qui attendent leur heure. Une configuration classique en somme, mais, à vrai dire, je ne décrypte pas bien l’intention de Nicolas. Une fois le bateau stationné à l’aide de l’i-Pilot, il sort deux cannes casting et différentes boîtes de leurres souples, classées par type de nage, grubs et shads en taille XL pour l’essentiel. Il opte pour un T-Bone shad de 18 cm pour la première canne, en coloris blanc nacré, et pour un Dexter shad fire tiger de 25 cm pour la plus puissante des deux. Face à mon air circonspect, Nicolas me propose une petite analyse de la situation : « En fait, derrière les sandres, à une vingtaine de mètres, sur l’extérieur de la veine d’eau, là où le courant légèrement moins puissant marque la remontée de la cassure du plateau, aiment se tenir les grands brochets que je recherche spécifiquement. Ils ne se tiennent pas là pour le poisson fourrage, mais bien pour les sandres qui, à leur tour, font office de casse-croûte. »

Quelques unes des belles bouchées utilisées par Nicolas (voir encadré pour les références)
Crédit photo : David Gauduchon

Je me demande un instant si Nicolas n’a pas mis un peu trop de calvados dans sa Thermos. Des brochets qui tapent dans les sandres ? Et mon guide d’ajouter : « Je m’en suis rendu compte par le plus grand des hasards, en me faisant croquer des sandres de taille modeste que je remontais en fin de combat. Je sais, c’est dur à croire, mais ce cas de figure m’a interpellé. D’autant qu’il est suffisamment répétitif pour pousser plus loin l’investigation, ce que j’ai fait, en tâtonnant au début. Mais force est de constater que ce menu n’a rien d’inhabituel, de plus, les gros brochets du fleuve aiment se tenir en pleine eau. Inutile de les chercher sur les bordures, sur des postes traditionnels, où la chance de les rencontrer reste finalement assez faible. » Ce retour d’expérience à peine esquissé, Nicolas propulse son Dexter doublement armé et lesté en 40 g à 25 m trois quarts aval, dans l’alignement de la cassure supposée, là où le courant pousse un peu moins donc. Il le laisse couler puis le ramène en linéaire, à vitesse modérée. À l’écouter, il semble être passé un peu haut. Même lancer, mais temps d’immersion plus long. Son leurre ne fait pas 10 m qu’il obtient une touche, suivie d’un ferrage appuyé. Le contact est établi, la canne XH accuse le coup ! Rien ne bouge. Nicolas maintient la pression. Durant de courtes secondes, le doute est permis. Ne serait-ce pas le fond ? Mais la tresse qui décrit une parabole en remontant le courant annonce le début d’un combat musclé. Tandis que la canne encaisse de sérieux coups de tête, le « client » passe devant le bateau et Nicolas s’établit sur la poupe, en veillant à ne pas perdre le contact un instant.

Encore une bien belle bête à l’actif de Nicolas
Crédit photo : David Gauduchon

Je déplie la grande épuisette tout en assistant à un véritable corps à corps. « Tu ne penses pas que c’est plutôt un glane Nico ? » Je suis incrédule, jusqu’à ce qu’un grand brochet vienne crever la surface avant de replonger en plein courant en envoyant un rush puissant. Avec son expérience, Nicolas le sait, il ne faut pas que le combat s’éternise et il doit tout faire pour que le brochet ne dévale pas aval, au risque de le décrocher par le jeu de tensions trop fortes. Dans ce cas, mieux vaut jouer du moteur électrique et le suivre. Après dix minutes d’un combat incertain, le brochet se rend. Les mensurations tombent : 117 cm. Mais plus que sa longueur, c’est le tour de taille qui impressionne…

Attelé à une locomotive

À mon tour de m’y coller. Nicolas me propose de lancer dans la même direction, mais cette fois, 5 m plus loin, avec pour point de repère un saule qui se trouve à 25 m sur la berge, à la perpendiculaire de l’axe du courant. Premier constat : pas facile de maîtriser la bonne profondeur de nage et de garder le bon axe de récupération, avec le risque de voir son leurre décoller du fond par la puissance du courant. Au troisième lancer, je sens une tape, puis une seconde, plus forte. Je ferre latéralement et le combat s’engage. Cette fois, le brochet file plein travers, au milieu du lit du fleuve. Nicolas, qui a anticipé sa trajectoire, a repositionné le bateau avec habileté de façon à ce que je puisse ralentir cette locomotive dans la zone profonde d’amortie de la troisième pile. Ce n’est plus qu’une question de minutes, et d’un peu de chance, car le brochet se décrochera dans l’épuisette. De longueur plus modeste, 108 cm, il n’a rien à envier à son colocataire en matière de proportions. « J’ai souvent remarqué que ces spécimens se tenaient en petit groupe de trois à quatre individus sur un même poste. Il faut donc insister », me confie Nicolas, qui décrochera un autre brochet dix minutes plus tard. Décidément, les sandres ont du souci à se faire en Seine !

Une remise à l’eau rapide après la traditionnelle photo.
Crédit photo : David Gauduchon

Le matériel de Nicolas

  • Bateau : Tracker Super Guide V-16
  • Motorisation : Mercury 50 CV - moteur avant Terrova BT 80 lbs i-Pilot
  • Électronique : sondeur Humminbird Helix 7 (à l’avant) et Helix 10 Mega Imaging (à la console), ce dernier étant parfait pour repérer avec une grande précision les grosses structures ainsi que les rassemblements de poisson fourrage.
  • Cannes : Shimano Technium 190 cm/28-84 g XH et 213 cm/56-170 g XXH
  • Moulinets : Shimano Curado 201 (canne XH) et Shimano Tranx 301 (canne XXH)
  • Tresse : Power Pro 25/100
  • Fluoro : Water Queen PVDF 35/100 pour le bas de ligne (environ 2 m) puis 25 cm de 80/100 en Shock Leader.
  • Leurres : (de gauche à droite) X-Rap Peto (qui nécessite l’addition d’un lest en tête pour pêcher au-delà de 2,50 m); Storm RIP T-Bone shad 18 cm; Sawamura One Up 17 et 25 cm; Svartzonker Mc Rubber 18 et 23 cm; Gunki G Bump 18 et 20 cm; Illex Dexter Shad 20 et 25 cm; Westin Shad Teez 16 et 20 cm.Coloris  : perche, pike, fire tiger, atomic chicken, blanc, ayu.

 

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Brochets, Sandres, Perches

Magazine n°116 - janvier-février 2020

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