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En Auvergne autrement, avec Geoffray Begard

En barque irlandaise ou en drift boat, le guide Geoffray Begard, propose une palette d’approches originales pour découvrir lacs et fleuves de cette belle région d’Auvergne. Direction Clermont-Ferrand, pour 48 heures d’un guidage pas comme les autres.

Bien connu depuis 2010 pour animer le réceptif « Voyage Pêche Irlande », Geoffray Begard est un guide entrepreneur passionné qui ne manque pas d’idées. Une famille qui s’agrandit, la situation Covid-19, l’envie de proposer une nouvelle « destination pêche » afin de promouvoir son territoire auvergnat, autant de bonnes raisons qui ont poussé notre professionnel du tourisme pêche à développer une nouvelle offre de guidage pour le moins originale : découvrir les nombreux lacs, et ce fleuve, l’Allier, en embarquant avec lui soit à bord d’une barque irlandaise traditionnelle, soit sur un drift boat piloté de main de maître au gré des courants. « J’attache beaucoup d’importance à la qualité de nos paysages et à la diversité de nos cours d’eau. Dans ce monde de vitesse, de bruit et de consommation, j’ai souhaité offrir un contre-pied à l’évolution de la pêche aujourd’hui. Revenir à certaines valeurs, prendre le temps d’observer, de s’imprégner, de vivre profondément la nature qui est le théâtre de notre passion... en un mot : ne pas confondre quantité et qualité d’approche. » Voilà pour la philosophie de Geoffray Begard, qui n’oublie pas pour autant un autre aspect de son métier de guide : mettre le pêcheur en situation de prendre du poisson, tout en lui prodiguant les bons conseils !

Geoffray dispose d’une belle barque irlandaise, parfaite pour les dérives contemplatives et efficaces.
Crédit photo : David Gauduchon

Ne pas emmener les clients au casse-pipe

Un rendez-vous fut pris à Clermont-Ferrand, base arrière de sa nouvelle organisation, Fishing in France Pro. Ce matin-là, ce n’est pas son fameux drift boat qu’il tracte derrière son 4x4, mais une belle barque irlandaise parfaitement équipée avec les dernières technologies. Face à mon étonnement, Geoffray s’explique : « Il a beaucoup plu la nuit dernière et le niveau de l’Allier a gonflé. C’est parfait pour se faire plaisir en drift, mais la pêche sera compliquée. Je préfère t’y emmener demain. Nous partons découvrir aujourd’hui le lac de barrage des Fades-Besserve, qui couvre 400 ha sur 15 km. Les sandres sont compliqués en ce moment, mais il s’est fait de beaux brochets et de grosses perches dernièrement. Tu verras, le cadre est sublime, et avec un peu de chance, nous pourrons apercevoir les milans noirs tournoyer. » En professionnel averti, Geoffray Begard a pour ligne de conduite de ne jamais emmener un client au casse-pipe. Si les conditions météo ne sont pas de la partie, il n’hésite pas à rappeler la veille pour déplacer sa prestation. Bon, évidemment, les journalistes ne sont pas traités à la même enseigne, c’est bien connu ! Blague à part, mon objectif premier est bien de découvrir son terrain de jeu et son savoir-faire... et tant mieux si quelques carnassiers sont de la partie !

Un temps que notre guide, habitué de l’Irlande, sait gérer.
Crédit photo : David Gauduchon

La mise à l’eau se trouve sur la partie médiane du lac, où celui-ci se divise en deux bras, l’un d’eux formé par la Sioule. Le temps est à l’orage, mais pas de quoi décourager notre guide irlandais, qui en a vu d’autres aux confins de sa verte Erin. Aussi à l’aise dans la pratique de la mouche que dans celle de la pêche aux leurres, Geoffray embarque les deux types de matériel, et avisera selon la tenue et le comportement du carnassier visé. « S’adapter, ne pas s’enfermer dans des a priori, des schémas tout faits ; chaque jour en guidage est pour moi différent. C’est le sel de mon métier. » C’est bien noté Geoffray Begard, c’est parti pour une mise en application. Une météo auvergnate/irlandaise Le temps est à l’instabilité. La journée se découvre au fil de la matinée au point de frôler un choc thermique ! Après avoir consciencieusement peigné les pentes douces au fil de dérives parfaitement calculées, au jerk puis au swim – à l’irlandaise en somme ! –, Geoffray s’écarte progressivement des berges, après avoir repéré quelques beaux échos de poisson fourrage. Il est vrai que la barque irlandaise se prête admirablement bien aux pêches en dérive et offre par ailleurs un charme intemporel. Certes, elle n’a pas la sophistication d’un bass boat, mais tout l’enjeu est là : se fondre naturellement dans le décor, offrir un véritable dépaysement, pêcher autrement, tout simplement !

Après s’être laissé surprendre par le vol de balbuzards, notre guide retrouve rapidement son efficacité.
Crédit photo : David Gauduchon

« Regarde là-haut David, ce sont trois balbuzards qui tournoient », s’exclame Geoffray qui, à cet instant précis, prend une bonne tape dans sa canne. Ferrage dans le vide : « Voilà ce qui arrive quand on est distrait. » Certes, mais quel plaisir de se fondre ainsi dans le milieu. De touche, ce sera bien la seule de la matinée, alors que le soleil darde ses rayons et nous oblige à ôter des couches. Pas facile dans ces conditions de trouver du poisson actif. Avec les pluies diluviennes des semaines précédentes, le lac est à son plein. Notre guide, qui pour l’occasion se donne l’autorisation de pêcher – ce qu’il ne fait jamais avec des clients, sauf à montrer l’action de pêche ou à la trouver –, décide de changer de stratégie. Nous nous dirigeons vers un secteur marqué par un épi rocheux en partie immergé. Une première marche à 1 m de profondeur, puis une seconde à 4 m. La semaine passée, Geoffray y a fait de très belles perches. Mais ce n’est pas un ensemble light, qu’il prend. Il fouille dans sa boîte à leurres pour en sortir un drôle de spinnerbait hybride : mi-streamer mi-leurre, un ovni sorti tout droit des mains d’un ami monteur. Noir et bleu avec un wiggle tail décalé, là où se trouve habituellement une palette.

Geoffray dispose de leurres custom redoutables d’efficacité.
Crédit photo : David Gauduchon

La barque dérive parallèlement au promontoire rocheux, tandis que notre guide laisse planer son drôle d’ovni. Il n’y a que Geoffray qui semble croire à son affaire, parfaitement concentré, lorsque soudain, le blanck NFC (Rod House) de sa spinning se cintre en deux, manquant de toucher le plat-bord de la barque. Action ! Une touche violente dans un mètre d’eau, en fin de récupération. Surprise, surprise ! C’est un joli brochet qui sonde en puissance. La canne courte de 1,59 m pour une puissance de 28-84 g n’en fait pas moins le travail, et maintient le poisson à l’aplomb de la barque. Le voici en moins d’une minute dans l’épuisette. Une photo souvenir, et Geoffray veille à le remettre dans son élément : avec cette chaleur, mieux vaut ne pas tarder. « Job is done ! » s’exclame notre guide auvergnat, qui va bientôt retrouver une météo irlandaise. Une masse noire monte progressivement dans le ciel voilé, puis éclipse le soleil : rideau ! Un mur d’eau s’abat au point de devoir écoper la barque après cinq minutes. Le vent s’est levé, et la surface du lac s’est creusée. C’est là que l’on apprécie les qualités d’une barque irlandaise, croyez-moi. Le temps d’arriver à la mise à l’eau, la pluie drue redouble d’intensité... Fin de la journée !

Le fameux drift boat
Crédit photo : David Gauduchon

Une descente de l’Allier à l’américaine

Le lendemain, changement de programme pour cette descente en drift boat de l’Allier tant attendue. D’autant que rares sont les guides professionnels en France à proposer cette prestation. « Il faut des rivières qui s’y prêtent, suffisamment puissantes et larges pour pratiquer une pêche en dérive. L’Allier, la Dordogne, voire le Tarn s’y prêtent parfaitement, à l’image de nombreuses rivières américaines d’où nous vient ce concept », ajoute Geoffray. Direction le sud de Vichy. Les niveaux du fleuve sont hauts en ce mois de juin et l’eau est piquée ! Le ciel couvert reste menaçant. Mais rien ne semble ébranler notre guide, qui en a vu d’autres ! En deux temps trois mouvements, l’embarcation est mise à l’eau en la faisant glisser sur une berge en pente. Le guidage se promet d’être sportif, puisque nous allons partir d’un point A pour « drifter » (dériver) jusqu’à un point B, 15 km environ plus en aval, en l’occurrence le village Billy.

Geoffray est en contrôle permanent des dérive
Crédit photo : David Gauduchon

Le guide assis au milieu est aux commandes, en contrôlant la vitesse et la direction de son embarcation, une armature alu montée sur deux gros boudins. Deux sièges pivotants équipent l’avant et l’arrière du drift boat avec des barres de protection pour ne pas tomber à l’eau au moindre choc. C’est donc une pêche en mouvement qui nous attend, une pêche de postes, en mode « powerfishing ». Geoffray peut à tout moment freiner, contrôler la vitesse de dérive, autant que faire se peut, à l’aide des longues rames attachées par une sangle. En revanche, il ne peut pas immobiliser son drift boat une fois lancé, sinon dans les zones de retourne ou les calmes. Une ancre montée sur une poulie peut être directement actionnée par ses soins, mais lorsque le courant pousse trop fort, ce n’est qu’un moyen de ralentir sa vitesse. Notre guide vérifie chaque détail avant de lancer le « Go ». Tout le matériel est abrité dans des sacs étanches HPA fixés sur l’armature, les cannes attachées. Nicolas, un ami de Geoffray Begard et habitué de ce type de descente, nous a rejoint pour cette aventure. D’allure sportive, il monte à l’avant, prêt à en découdre. C’est parti !

Même les courants marqués ne constituent aucun danger
Crédit photo : David Gauduchon

Une fantastique action de pêche

Première sensation, celle d’être assis sur un amortisseur géant qui s’affranchit allègrement des seuils et des nombreuses accélérations de courant que nous allons devoir négocier. Nous avons de la marge : un drift boat comme celui-ci peut négocier des vagues de 1,50 m grâce à la souplesse et à la stabilité offertes par ses boudins renforcés. Assis légèrement en contre haut, la visibilité pour les passagers est parfaite et offre un point de vue privilégié sur la rivière et le paysage qui défilent maintenant sous nos yeux. Une croisière sur l’Allier, rivière mythique, sur ce drôle de catamaran, que rêver de mieux ? Ce n’est pas, bien entendu, le saumon que nous allons rechercher, puisque sa pêche y est fermée depuis bientôt vingt-six ans – nous en verrons sauter quelques-uns ! – mais bien nos carnassiers habituels. Brochet, perche, chevesne, silure et truite sont les partenaires de jeu que l’on peut croiser et, nec plus ultra, pêcher à vue. Quand l’eau n’est pas turbide... « La population d’aspe est aussi en pleine expansion, ce qui ne fait pas moins de six espèces à traquer, outre le plaisir d’une balade insolite », explique Geoffray, qui s’est ganté afin d’avoir bien en main ses rames.

Le drift boat permet d’accéder, sur de bonnes distances, à des postes où bien peu d’autres embarcations ont accès.
Crédit photo : David Gauduchon

Très vite, il nous faut prendre nos marques, être très réactifs aux instructions de notre capitaine qui anticipe toujours haut et fort sur une manœuvre, une secousse potentielle, une accélération ou un ralentissement. La communication est de mise, y compris entre les deux pêcheurs embarqués, même si chacun est libre de ses mouvements. Point important : celui qui est situé sur la proue doit veiller à bien lancer devant lui afin de pas gêner celui placé à l’arrière. Arbres immergés, berges creuses, frondaisons, blocs de roche, bancs de sable, une bonne lecture de l’eau est indispensable pour savoir où placer son leurre. Sur ce secteur, la profondeur moyenne est de 1 m à 1,50 m. Que l’on rate un poste, qu’importe, on passe au suivant. Il s’agit cependant de lancer avec adresse, afin de ne pas s’accrocher dans les branches ou sur un quelconque obstacle situé en berge. Dans la majorité des cas, le leurre sera perdu faute de pouvoir remonter le courant.

De temps à autre, il est possible d’échouer le drift boat et de pêcher depuis une île.
Crédit photo : David Gauduchon

Du fait des conditions dégradées, Nicolas et moi-même avons décidé de cibler prioritairement les gros chevesnes nombreux sur ce secteur. Leurres souples, petites cuillères ondulantes, crankbait, lames, c’est tout un panel de leurres que nous allons mettre en œuvre selon la configuration de chaque poste, mais, il faut bien l’avouer, sans grand résultat. L’eau est décidément trop sale. Bientôt, ce sont des branches et des herbiers qui sont charriés par le courant. À mi-parcours, sur un secteur caractérisé par la présence de fosses, Geoffray ancrera son drift boat et sortira la lourde artillerie dans le but de décider un silure. Mais quand cela ne veut pas...

Lorsque les silures sont de sortie, la fête est plus que réussie.
Crédit photo : David Gauduchon

Notre longue dérive sera entrecoupée de pauses et de séquences en wading, dès que le profil de la rivière l’autorise. C’est bien la grande diversité des approches qui caractérise une journée de descente comme celle que nous aurons vécue, une autre approche du fleuve, le sentiment d’être à la fois un acteur et un spectateur privilégié, au cœur de l’action, l’opportunité de pêcher des secteurs inaccessibles du bord avec une embarcation traditionnelle. Grâce à son faible tirant d’eau, le drift boat a cette capacité de passer quasiment n’importe où, tel un vrai 4x4. Pour la petite histoire, quelques jours après mon passage, l’Allier avait retrouvé ses attributs, sa clarté et ses bons niveaux d’eau. Inutile de préciser que les deux jeunes pêcheurs qui nous ont succédé s’en sont donné à cœur joie, ciel bleu en prime : chevesnes et silures étaient en appétit. Geoffray Begard le sait mieux que quiconque, il y a une donnée avec laquelle un guide doit conjuguer en permanence : la météo !

Contact

Geoffray Begard
info@fishing-in-france.pro
Tél. : 06 71 78 12 09

 

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