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Brochet en été : comment bien pêcher les herbiers

Un plan d’eau ou une rivière, c’est un peu comme un jardin. Ça commence à pousser au printemps et ça foisonne en été. Sous l’eau, c’est la même chose. Les végétaux aquatiques se sont bien développés depuis le mois de mai et ils abritent au cours de l’été toute la chaîne alimentaire. En effet, les « herbiers » fournissent de la nourriture en abondance (jeunes pousses, invertébrés) à la plupart des cyprinidés, et il ne faut guère d’imagination pour comprendre que nos prédateurs ne seront pas loin derrière. De plus, la végétation aquatique fournit de l’ombre, des espaces cachés et un canapé de premier ordre pour tous les poissons. Les poissons inactifs se posent volontiers dans ses écrins de verdure pour ne plus fournir aucun effort ou presque.

La pêche du brochet à la belle saison passe donc forcément à un moment ou à un autre par une approche des herbiers, et vouloir les éviter serait une erreur de premier plan. Encore faut-il connaître les différentes plantes aquatiques qui peuplent nos eaux et celles qu’affectionne particulièrement le brochet pour cibler les bonnes zones. Il existe des centaines de variétés d’algues, mais je me concentrerai évidemment sur les plus communes qui fournissent régulièrement un environnement propice à notre prédateur.

Une queue d’étang bien végétalisée.
Crédit photo : Arnaud Brière

De quelles plantes parle-t-on ?

Il faut également distinguer les plantes qui poussent dans l’eau mais dépassent de la surface, de celles qui sont complètement immergées. Les roseaux, les nénuphars, la renoncule aquatique ou la jussie font partie de la première catégorie. Les trois premières citées sont des espèces indigènes, alors que la jussie, d’origine sud-américaine, est invasive. Toujours est-il qu’on peut les trouver en abondance dans nos biotopes et qu’elles sont souvent des structures favorables à la tenue des brochets en été. Sous l’eau, je retiendrai trois plantes principales qu’il faut cibler en priorité. Les myriophylles sont très répandus et peuvent parfois être très denses. Ce genre ne comprend pas moins de 40 espèces. C’est une plante « oxygénante » (qui produit de l’oxygène grâce à la photosynthèse directement assimilable par la faune aquatique !) dont les feuilles découpées en fines lanières offrent gîte et couvert aux insectes et aux poissons. Ensuite, l’élodée du Canada est également très répandue. Envahissante, elle chasse souvent les plantes indigènes pour se développer mais offre également un abri de premier ordre pour les poissons. La chara (famille des Characeae) forme souvent un tapis assez dense sur le fond. Elle a une odeur marquée de vase et abrite énormément d’invertébrés. Les vers de vase y prolifèrent. C’est une plante qui a tendance à disparaître sous l’effet de la généralisation de l’eutrophisation. Elle est donc assez révélatrice d’une bonne qualité d’eau. Les brochets s’y enfouissent facilement  –  je peux vous le certifier !

Les nénuphars, une valeur sûre.
Crédit photo : Arnaud Brière

Enfin, je terminerai ce petit tour botanique par l’inévitable potamot. Il est au brochet ce que Sherwood est à Robin des Bois : sa forêt préférée ! Le potamot est une plante très oxygénante particulièrement appréciée de la faune aquatique. À feuilles flottantes rondes, ovales ou crépus, le potamot nageant (Potamogeton natans) pousse de façon plus ou moins dense sur des zones relativement peu profondes. On peut le trouver implanté comme de véritables « forêts » immergées ou sous forme de « bosquets ». Je dis souvent « trouve les potamots, tu trouveras les brochets »… Maintenant que l’on y voit un peu plus clair sur ce que l’on peut trouver dans l’eau et sur ce qu’il faut chercher, il convient de déterminer la stratégie à mettre en œuvre pour pêcher correctement ces zones. En effet, en fonction du biotope, les approches ne seront pas les mêmes et il faudra adapter sa technique, avant tout pour pouvoir pêcher efficacement ! En fonction des herbiers rencontrés, il faudra pêcher devant, dessus ou dedans ! Et tous les leurres ne sont pas adaptés à telle ou telle tactique.

Un brochet, pris juste devant une roselière
Crédit photo : Arnaud Brière

Les roseaux et la jussie : la pêche devant !

La jussie est très dense et offre des abris impénétrables pour la plupart des leurres. Idem pour les roseaux qui sont souvent inextricables. La bonne approche est alors de présenter son leurre au raz de ces caches afin d’en faire sortir les poissons. Il est possible d’opter pour un grattage au millimètre avec un montage texan qui permettra de « rentrer » un peu dans la structure végétale. Le montage texan vous permettra de pêcher lentement et de rester au contact de la bonne zone. Personnellement, face à ce genre de configuration, je préfère couvrir de la distance et adopter une pratique plus orientée vers le powerfishing. Sur une bordure de roseaux, j’aime les spinnerbaits ou les chatterbaits qui sont très versatiles et permettent de pêcher vite. Tous les deux « passent » bien dans les tiges et possèdent une grande force d’attraction. Ils font efficacement sortir les brochets qui ont presque toujours le regard dirigé vers le large ! À ce petit jeu, j’ai également un petit faible pour les jerkminnows. L’animation consiste en quelques twitch secs suivis d’une longue pause. Celle-ci laisse le poisson nageur dans la strike zone, à proximité immédiate des roseaux (par exemple). Les prédateurs embusqués dans ou devant ceux-ci ne résistent pas longtemps !

Pêcher au-dessus des herbiers nécessite une concentration de tous les instants.
Crédit photo : Arnaud Brière

Myriophylle, élodée ou potamot : la pêche dedans !

Si l’on quitte la bordure et que l’on se retrouve avec de belles zones d’herbiers, il est possible de pêcher dedans. Au cœur des herbiers ou dans les « trouées », les montages avec un hameçon texan seront particulièrement adaptés. En effet, l’absence de triples limitera les accrochages. Si pour le black-bass, les spécialistes préconisent de pêcher en tresse directe (sans bas de ligne afin de limiter les morceaux d’algues qui se bloqueront immanquablement dans les nœuds de raccord), c’est plus délicat avec le brochet qui vous « coupera » régulièrement. Il faudra donc garder un contrôle de ligne impeccable afin d’éviter le contact avec les algues. Le montage texan vous permettra de pêcher en profondeur dans les herbiers, loin de la surface, dans la couche d’eau la plus sombre et la plus protégée, donc en théorie là où les prédateurs sont moins méfiants… En fonction de la densité des herbiers rencontrés, il sera également possible d’opter pour une pêche de réaction. Les lames ou les lipless, ramenés vite, passent bien dans les herbiers, et un petit « twitch » sec vous débarrassera suffisamment souvent des « indésirables » pour rendre cette pratique acceptable… Particulièrement embusqués dans la végétation, les carnassiers sont plus réactifs aux attaques réflexes qu’en pleine eau !

Au stickbait dans un champ d’herbes!
Crédit photo : Arnaud Brière

Pour les champs de potamots… et le reste : la pêche dessus

À mon sens, on en vient au gros du sujet. Les brochets regardent souvent vers le haut et, en été, la vie près de la surface est foisonnante. De plus, pour ne pas toucher les herbiers et laisser son leurre opérationnel, le plus simple est de rester au-dessus. Les leurres de surface sont une alternative crédible qu’il ne faut pas négliger. Les frogs, notamment, imitent un hôte bien présent dans les herbiers et particulièrement apprécié des brochets  : les grenouilles. La plupart des leurres sont pourvus de montage anti-herbe, ce qui les rend aptes à passer dans les zones où les herbiers affleurent à la surface. Les buzzbaits, très peu utilisés en France, sont également prévus pour cela. Ils font beaucoup de bruit et laissent un sillage de bulles attractif, mais surtout, ils passent très bien dans les zones très chargées. N’hésitez pas à pêcher relativement vite et canne haute en variant les vitesses de récupération… Enfin, tous les leurres de surface sont évidemment une alternative possible. Si certains misent sur les poppers, je trouve que les stickbaits sont plus performants sur le brochet. Sans doute une question de goût et de réussite passée. Si les herbiers laissent un peu d’espace entre leur sommet et la surface, toutes les folies deviennent possibles. L’irremplaçable spinnerbait peut là aussi jouer son rôle. Ramené entre ou au-dessus des herbiers, il est toujours une valeur sûre. À ce petit jeu, j’aime les ramener vite pour jouer sur l’aspect réaction. Dans ce cas, il ne faudra pas hésiter à utiliser des moulinets à ratio élevé et à replomber son spinner en tête pour lui permettre de rester juste sous la surface malgré la vitesse. Les gros swimbaits offrent également des alternatives intéressantes. Ramenés juste sous la surface, ils mettent en valeur leur silhouette et leur nage séduisantes. Les « swims » ont une grande force d’attraction sur les gros poissons. Ils bougent beaucoup d’eau et font réagir les poissons de loin. De nombreux modèles du marché (même ceux faisant 25 cm) sont proposés avec une densité faible les rendant flottant ou presque ! Le principal avantage de ces références est de pouvoir pêcher lentement dans une faible couche d’eau.

Un gros swim et un texan, une combinaison gagnante.
Crédit photo : Arnaud Brière

Pour ceux qui n’aiment pas les leurres durs, il est tout à fait possible d’échanger son poisson nageur contre un shad. Je ne parle plus ici d’un modèle de 12 cm monté en texan, mais d’un shad plus volumineux. Celui-ci sera ramené en cranking (récupération linéaire plus ou moins rapide) dans la couche d’eau disponible entre les herbiers et la surface. Deux options s’offrent à vous : le montage « screw rig » ou la tête plombée. Dans le premier cas, une vis vient se loger dans le nez du leurre et deux hameçons triples se logent sous le ventre. Ceux-ci se détachent à la touche. Ce montage a la particularité de favoriser les ferrages. Non plombé, il autorise une nage lente d’un gros leurre juste sous la surface. Le succès de cette recette ne se dément pas, et c’est une méthode incontournable quand les gros poissons blancs ont également élu domicile dans les herbiers. Dans le second cas, le shad sera armé d’une tête plombée et d’un triple ventral (montage 360°). Dans tous les cas, il devra être ramené beaucoup plus vite et déclenchera des touches de réaction. Évidemment, si votre tête plombée est légère, vous pourrez pêcher moins vite. Dans tous les cas, votre leurre ne touchera pas le fond et nagera entre deux eaux au-dessus des herbiers. On parle de swimming shad. Personnellement, j’aime bien les plomber assez lourd afin d’avoir une trajectoire parabolique plus ou moins courbée qui passera juste au-dessus des herbiers. On rentre alors dans une pêche de réaction, mais avec un shad de 20 ou 25 cm, redoutable sur les gros poissons. Vous l’aurez compris, on ne surplombe pas pour pêcher plus profond ou descendre plus rapidement, mais pour pêcher plus vite ! Comme pour les swimbaits, c’est l’angle de votre canne avec la surface, associé à la vitesse de récupération, qui orientera la profondeur de nage de votre leurre. Plus la récupération sera rapide et plus votre canne sera orientée vers le ciel, plus votre leurre nagera près de la surface.

Un gros swim et un texan, une combinaison gagnante.
Crédit photo : Arnaud Brière

Les leurres miracles

Impossible de continuer cet article sans évoquer les fameuses Miuras Mouses qui déclenchent parfois les poissons les plus apathiques. Elles se prêtent tout à fait bien aux nages lentes juste sous la surface, à la limite du buzzing. Enfin, je ne peux pas terminer sans évoquer les jerkbaits… Les jerks classiques ne sont pas les plus adaptés à ces pêches d’herbiers, car leur nage erratique et les pauses dont ils ont besoin les mettent souvent en contact avec les herbiers. Je vous parle ici d’une situation un peu particulière, quand les poissons blancs « gobent » au-dessus des herbiers. Dans cette configuration, je vous invite fortement à sortir un jerk flottant, qui remontera vers la surface à la pause. J’ai vécu de nombreuses fois cette situation où les brochets ne prenaient que ce type de leurre. Je pense qu’ils sont focalisés sur les poissons en train de monter prendre les insectes en surface. Seuls les leurres qui flottent se font « dégommer » pendant la pause. À ce jeu, les Busters flottants sont inégalables… J’en ai toujours un dans ma boîte à partir du mois de mai. Les zones encombrées, ce fameux « cover », sont inévitables pour qui veut se donner toutes les chances de toucher un brochet en été. Comme vous l’avez vu, les approches sont nombreuses, mais à bien y réfléchir, ce n’est souvent qu’une question de logique. Comme dans bien des pêches, le leurre et l’animation doivent être adaptés au milieu dans lequel vous évoluez. En préparant bien votre « coup », vous utiliserez le matériel de pêche adéquat et vous vous éviterez bien des jurons… tout en étant efficace. C’est là que sont les poissons, c’est là qu’il faut aller les chercher. Alors, la pêche à la belle saison peut devenir redoutable. Et puis, qui dit herbier dit souvent eaux peu profondes et claires. Vous aurez donc tout le loisir de voir des attaques à vue, ce qui n’a pas de prix… au même titre que le remous soudain en surface, suivi du choc dans la canne.

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Magazine n°129 - Juillet à septembre 2022

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