Cela fait maintenant plusieurs années que mes lipless et autres leurres souples plombés lourdement ne quittent plus mon sac de pêche une fois arrivée la saison hivernale (de novembre à la fermeture en janvier et février en plan d’eau privé). En effet, les pêches rapides au cœur de l’hiver peuvent nous réserver bien des surprises. Au premier abord, cela peut sembler compliqué à imaginer. Nous avons ancré dans notre mémoire que les poissons en hiver sont au ralenti, qu’ils se déplacent et se nourrissent très peu. Il faudrait donc les rechercher en pêchant lentement, voire très lentement et dans les profondeurs, pour les faire réagir. Je ne remets pas en cause cet état de fait, qui est vrai certes. Mais je précise plutôt qu’il ne faut pas oublier les techniques dites de « réactions » même au cœur de l’hiver, pour ne pas passer à côté de journées exceptionnelles.
Un souple bien plombé
Ainsi l’hiver, je n’hésite pas à pêcher avec des leurres souples plombés lourds que je ramène rapidement. Cela peut sembler être une hérésie aux yeux de certains pour une pêche hivernale, mais ramener vite un leurre souple lourdement plombé peut être la clef du succès en cette saison. Pour cela il faut choisir des leurres souples à la gomme tonique et qui ne décrochent pas lorsqu’on les ramène vite. Le Nitro Shad Illex, le Savage Gear 3D River Roach, le G’Bump Gunki, et le Turbo Shad Bass Assassin sont mes leurres souples préférés pour ce type de pêche. J’évite les leurres trop souples et avec un gros paddle. Ils ont tendance à tourner sur eux-mêmes lorsque l’on pêche rapidement. Ensuite, je plombe lourd, jusqu’à 35 voire 40 gr, même dans trois mètres d’eau, afin de pêcher très vite et de rester longtemps dans la bonne profondeur. C’est la clef du succès, pêcher vite dans la bonne hauteur d’eau sans que le leurre ne se décroche. Trouver le rythme, la vitesse de ramener, le poids du leurre… influent directement sur la réussite. Trop léger, il passe trop haut, trop lourd, il ramasse le fond ou s’accroche. Ces détails font partie des pêches rapides. On n’y pense pas suffisamment à mon goût.
La bonne vitesse
Avec un ami, nous pêchions le brochet en décembre sur un grand lac, sans vraiment enregistrer de touches. Le temps était gris, il faisait très froid et l’eau était à moins de 6 degrés. Des conditions peu encourageantes, mais la quête du gros poisson d’hiver nous motivait à sortir plusieurs fois par semaine. Nous pêchions lentement au leurre souple mais rien à faire. Les poissons étaient là, nous pouvions les observer au sondeur, nous prenions des touches timides en ramenant lentement au-dessus des herbiers morts, mais il manquait quelque chose pour concrétiser la pêche. À ce moment, dans notre tête, c’est la « guerre ». Qu’est-ce que l’on fait de mal, où est la solution ? Je choisis de changer notre méthode du tout au tout, et ainsi de pêcher très lourd et en ramenant rapidement des leurres souples pour déclencher des touches. Ni une ni deux, je change mes têtes plombées de 14 gr pour 30 gr et mets un leurre souple possédant une vibration serrée. Mon pote ne change rien, afin d’être sûr de valider cette hypothèse. Il ne faudra pas longtemps pour que je fasse un, puis deux, puis trois jolis brochets. Nous nous mettons naturellement tous les deux à pêcher lourd pour coller au raz des herbiers morts et en ramenant activement pour déclencher les touches. La pêche change du tout au tout. En pêchant léger, nous passions trop doucement dans la couche d’eau et ne circulions pas à la bonne profondeur. Les poissons ne quittaient pas le fond pour monter sur nos leurres. Il fallait vraiment rester au plus près des herbiers, le plus longtemps possible, quitte à pêcher très vite et très lourd, pour déclencher les touches. Ainsi, fini les touches timides, les leurres sont attaqués avec violence et souvent très bien engamés. Signe que nous avons trouvé « le truc ». La pêche est terrible et les poissons s’enchaînent avec la prise de gros brochet. Cela peut paraître contre-nature, mais pêcher vite en hiver rapporte aussi de gros brochets !
Pensez au lipless
Les leurres souples sont redoutables ramenés activement en hiver, mais les lipless aussi. Une fois décembre arrivé, les brochets remontent sur les bordures de certains lacs ou, en plan d’eau (étang, gravière…) et restent près des herbiers morts posés sur le fond. Une technique est alors redoutable : prospecter rapidement les bordures dans peu d’eau (moins de 4 mètres) en lac, et les herbiers morts en plan d’eau, en ramenant très très vite son lipless. (Illex TN 70, Gunki Kaiju boost 65, Luckycraft lvr d-15). En hiver, le lipless ramené rapidement en linéaire entrecoupé de courtes pauses est une technique redoutable, surtout lorsque les autres techniques de pêche semblent ne rien donner. Attention à ne pas l’animer trop sèchement. Lorsque les animations sont trop sèches, cela a pour conséquence d’être trop agressif pour les brochets, et donc de les faire fuir. Comme en hiver les brochets semblent apprécier que les leurres passent vite devant eux, c’est souvent la seule solution pour déclencher des touches. Et plus on avance dans l’hiver et plus c’est vrai. Mais attention, il ne s’agit pas de lancer et ramener son lipless bêtement. Ramener vite en linéaire un lipless entrecoupé de courtes pauses déclenche de nombreuses touches, alors qu’animer en dents de scie avec des animations trop sèches occasionne un stress pour les poissons et en conséquence aucune touche. Il faut donc trouver la bonne vitesse et le bon rythme entre les pauses pour ne pas passer ni trop haut, ni trop bas dans la couche d’eau, sous peine de ne pas avoir de touches.
Comptez les tours de manivelle
Pour les pauses, vous pouvez compter les tours de manivelles : 5 tours de manivelle et une pause. Vous faites une dizaine de lancers et si vous n’obtenez aucune touche, vous faites 7 tours de manivelle et une pause. Jusqu’à trouver le rythme (nombre de tours de manivelle entre chaque pause) qui déclenche les touches. Un facteur rentre aussi en compte dans les pêches rapides au lipless. Les suivis ! S’il y a trop de suivis c’est peut-être que l’on ramène trop vite et que le poisson n’a pas le temps de déclencher son attaque. Il faudra donc ralentir un petit peu. S’il ne se passe plus rien, alors il faut reprendre « le ramener soutenu » en effectuant de courtes pauses. Vous comprenez ainsi l’importance de trouver le rythme. Ces pauses auront souvent pour effet de déclencher la touche. Il faut alors rester bannière légèrement détendue pour ne pas brider le leurre sur la pause et ainsi garder un ferrage efficace. Si la bannière est tendue, le leurre est bridé et il n’y a pas de touche. Si la bannière est complètement détendue, le pêcheur va ferrer dans le vide.
Le diamètre de la tresse
Les pêches hivernales de brochets en ramenant rapidement sont des pêches qui ne manquent pas de subtilités. Tout rentre en compte pour ne pas rater une occasion. Un diamètre de tresse par exemple. Un lipless ne nagera pas à la même profondeur si on utilise une tresse en 15/100 ou une tresse en 23/100. Pareil pour un leurre souple, même avec 30 grammes de tête plombée, son comportement sera différent avec une tresse fine (il plongera plus vite) qu’une tresse plus grosse (il sera plus planant à la descente). Ces paramètres influent directement sur le comportement du leurre et de l’action de pêche, et donc sur son résultat. C’est pour cela que je n’hésite pas à pêcher en spinning au lipless par exemple, avec une tresse fine. Cela permet de gagner en profondeur de nage, en distance de lancer et permet aussi de pêcher avec un petit lipless tout en le présentant à la bonne profondeur. Il ne faut pas oublier que petit leurre, pêche rapide et gros poissons peuvent aller ensemble. J’aime d’ailleurs dire que le plus important à la pêche, ce n’est pas la taille du leurre pour faire un gros poisson, mais plutôt l’endroit où on le fait passer… La présentation à la bonne profondeur est pour moi une des clefs de la pêche hivernale. Cela démontre bien qu’il faut être attentif à tous les détails, et que les brochets ne se jettent pas sur tout aussi facilement, surtout durant cette saison… Un détail peut vite faire la différence.
Se creuser un peu la tête !
Les pêches rapides permettent de jouer sur l’agressivité du brochet. Cette rapidité associée aux fortes vibrations que génèrent les lipless et autres leurres souples à la nage serrée et à la gomme dure ne les laissent pas indifférents. Mais elle ne marche pas non plus tout le temps. Ce n’est pas une solution miracle, mais plutôt une technique qu’il faut connaître, savoir utiliser et garder dans un coin de sa tête lorsque les pêches lentes ne fonctionnent pas. Alors, si un jour en ramenant plus vite votre leurre sur la fin de votre lancer vous voyez un poisson suivre, si vous enregistrez des touches timides. Essayez d’accélérer le rythme si vous pêchez au lipless, pêchez plus lourd et vite au leurre souple. Il se peut que la pêche change du tout au tout. Les brochets, il faut aller les chercher, il faut les décider. Si nous attendons qu’ils viennent à nous, alors les résultats seront bien moins réguliers.