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Bien analyser un étang avec Gaël Even

Aborder un vaste plan d’eau d’apparence lunaire n’est pas facile. Il faut embarquer avec Gaël Even pour comprendre combien une bonne dose d’analyse et de pragmatisme, alliée à un savant mélange d’expérience et de talent permettent de trouver rapidement ses marques et d’enregistrer des résultats.

On ne le présente plus ce Normand solidement campé sur ces jambes et la tête bien vissée dans les épaules Avec sa décontraction habituelle, Gaël Even est bien « ce monstre de pêche » dont la simplicité n’a d’égale que la virtuosité. Le retrouver au bord de l’eau est toujours un immense plaisir partagé. « Salut mon grand, la forme aujourd’hui ? », son verbe accompagne une solide poignée de main, alors que l’autre tient un fagot de cannes et un caban plein à craquer de nouveautés Illex et Gunki. Aujourd’hui, c’est journée test pour quelques modèles de la gamme.

Notre champion aime prendre son temps pour monter son matériel.
Crédit photo : David Gauduchon

L’éloge de la simplicité

Échouée sur une plage, une simple coque attend de prendre du service par une de ces belles matinées d’automne. Pas de vent ! Un miroir d’eau qui reflète un ciel bleu azur. 10 heures, si la chance sourit à ceux qui se lèvent tôt, il faut croire que Gaël est plutôt du genre couche-tard. Deux trois blagounettes fusent tandis que notre homme se prépare. « Aujourd’hui on fait simple. Pas de sondeur. J’aime retrouver ces pêches loin du mode compétition. Et dire qu’il y a des gars qui ne savent plus pêcher sans ! Au fait, t’as pensé à prendre le casse-croûte sinon je ne vais pas tarder à montrer les crocs ? » Pianissimo, Gaël prépare cannes et leurres tout en contemplant le spectacle de la nature qui brille sous une lumière douce, digne d’un été indien. Gare cependant aux apparences ! Ne croyez pas que notre homme verse dans la poésie. « Une bête de pêche » de son calibre ne va pas tremper de la tresse pour prendre un bain de soleil… Un œil qui scrute la vaste étendue d’eau morne, l’autre qui accompagne une main qui fouille dans ses boîtes dont le fouillis n’est qu’apparence, le disque dur de notre Normand est déjà en train de tourner, d’emmagasiner une multitude d’informations dont je ne perçois pas les manifestations les plus ténues. « J’aime monter mon matériel au bord de l’eau, c’est une façon pour moi de rentrer progressivement dans l’action de pêche. Je ne débute jamais une session avec des a priori. Brochet et perche seront au programme. On va voir s’ils veulent jouer un peu. » Le moteur électrique enclenché, le sillage de notre embarcation en alu annonce le top départ des hostilités.

Un premier brochet de taille certes modeste mais qui en dit long sur la pêche du jour
Crédit photo : David Gauduchon

Premier indice du père Gaël

En cette fin d’automne, l’eau s’est refroidie, 10 degrés tout au plus. Gaël ne s’attardera pas sur les bordures et décide de prospecter le tiers supérieur de ce vaste étang qui est pour le moins déstabilisant de par son profil uniforme. L’absence d’activité du poisson fourrage participe à l’énigme. L’objectif de Gaël : trouver rapidement à quoi répondent les brochets. Sa petite valeur sûre, pour ce type de condition, un shad G Bump 105 coloris green perch. Sa stratégie : scanner les pentes douces jusqu’au milieu de l’étang, dans environ 2,40 m de profondeur. Le temps de se mettre dans le bon alignement, face au soleil, et, dix minutes plus tard, les touches vont s’enchaîner sur une récupération assez lente légèrement saccadée. Mais elles sont le fait de petits brochets de deux saisons qui mettent à mal la gomme du shad. Premier indice, les carnassiers sont bien dans les couches d’eau inférieures. Gaël décide de conserver le même grammage mais cette fois en passant sur un modèle de shad en 140 (G Bump ghost pike) afin d’accompagner une descente plus lente. Lancer appuyé à 30 m, bannière légèrement en tension, prise de contact avec le fond, première traction, relâcher : pan, c’est la touche ! Ferrage latéral ample en mode « normand ». À l’autre bout de la tresse, le client envoie quelques coups de tête sérieux mais se décroche. Autopsie du G Bump : aucun doute, c’était un brochet de plus belle taille. Cette fois, c’est Gaël qui est piqué au vif !

Un agresseur qui aura laissé sa marque.
Crédit photo : David Gauduchon

« Je dispose encore de peu d’informations mais clairement les brochets sont positionnés auprès du fond et prennent ce qui leur passe légèrement au-dessus. Ils ne suivent pas mais sont volontaires. Je vais essayer de multiplier les pauses en essayant un longbill. Le Dowzvido s’y prête bien tant de par sa silhouette que son action de nage serrée, il permet d’effectuer de longs stops. » Après une dizaine de lancers, en veillant à bien passer à la même profondeur, deux brochets de 65 et 70 cm environ se sont laissés séduire. Gaël me fait noter que leur taille est plus importante que celle de ceux capturés au petit leurre souple. Si c’est à la faculté critique, à la réflexion permanente que l’on reconnaît un champion, alors nous sommes bien à bord d’une Formule 1. Un tour de piste validé, on passe à un autre. Les arrêts au stand se multiplient et bientôt des dizaines de leurres sont sortis des boîtes. La « machine de pêche » monte en régime…

Un bec sur un leurre dur.
Crédit photo : David Gauduchon

Un champion du remue-méninges

« Mais ça ne me dit pas pourquoi ils sont positionnés plus sur le fond que sur la pente. » Brainstorming ! Changement de leurre, cette fois, pour un Blade Bait, un Deracoup en 14 grammes, coloris perche. Même axe de dérive, même lancer. L’animation est en revanche originale : non pas en linéaire mais à coups de petites tractions suivies de relâcher plus ou moins longs avec reprise de contact sur le fond. La réponse ne se fait pas attendre. Touche sur le relâché mais c’est une perche de taille modeste. Deux petits brochets suivent après avoir aspiré littéralement ce Blade. Deuxième indice : ok les zébrées sont posées sur le fond mais c’est un autre détail qui interpelle Gaël. De l’herbe est accrochée sur l’hameçon ventral de son leurre. L’investigation reprend de plus belle sans pour autant lâcher la piste du G Bump qui a enregistré des résultats réguliers depuis une heure et demie de pêche. Après s’être repositionné sur le haut d’une pente - afin de pouvoir prospecter deux profondeurs différentes - où il sait la présence d’herbiers résiduels, Gaël saisit sa canne casting et catapulte un swimbait, un Dunkle 7. « On va monter en taille pour éviter ces petits brochets et laisser du temps à un éventuel spécimen de s’emparer d’une plus grosse bouchée. » Au troisième tour de manivelle, c’est une touche brutale, mais qui n’est pas validée. Gaël relance. Cette fois le tempo est parfait et un broc de 70 cm est relâché du bateau. « C’est déjà mieux mais… » s’amuse Gaël. Midi, une pause déjeuner s’impose. Une vingtaine de brochets, de toutes tailles, au compteur, mais rien de vraiment joli ! « Bon avant de quitter cette zone, je vais repasser mon G Bump 105 avec lequel j’ai pris le plus de poissons ce matin. Avec ce temps ensoleillé et cette eau claire, je vais passer sur un coloris ghost pike afin de jouer sur la transparence et des jeux de contrastes plus marqués. Le vent se lève. Pas impossible que cela change la donne et qu’ils se mettent à taper sur du leurre dur. » C’est le mot de la « faim » ! Une fois le flan pâtissier englouti, Gaël repart les batteries chargées.

En permanente réflexion, Gaël enchaîne capture sur capture.
Crédit photo : David Gauduchon

Prévoir les nouveaux scénarios

Petit passage à vide (quinze minutes), sans touche, alors que le vent se lève. Gaël reprend trois touches sur son G Bump, là où il était passé précédemment avec d’autres leurres : « Mais des touches moins franches que ce matin. C’est bien beau d’émettre des hypothèses mais les conditions ont changé. Sur un poste, je repasse souvent avec différents leurres jusqu’à ce que je maîtrise chaque scénario. On pratique ainsi au sandre et moins sur le brochet. C’est à mon avis une erreur. Un type de leurre va te rapporter plus de touches, un autre des poissons plus gros, un troisième plus de suivis. Trop de pêcheurs pêchent bien avec un leurre mais de fait connaissent de longues traversées du désert. Ce qui m’intéresse, c’est de prendre de la touche. La dernière, le poisson m’a aspiré mon shad sur le fond. Je vais l’avoir en lui mettant un coup de Deracoup » Gaël recherche avant tout à optimiser les informations engrangées et à prendre de la touche. Être dans « le vrai de l’action », le plus longtemps possible en somme. Pour cette seconde partie de session, Gaël hésite à insister sur le milieu de l’étang. « On sait que les carnassiers stationnent autour des vestiges herbiers. J’hésite encore à me rendre sur un secteur plus profond au large de la bonde. » Le vent ne cesse de forcir et rend difficile le maintien de la dérive au moteur électrique. Nous voilà à l’abri du vent au-dessus d’une cassure par 3,50 m de profondeur, à la frange d’un plateau. Le soleil darde ses rayons. La température de l’eau a gagné 1 ou 2 degrés. Il nous reste deux heures de pêche avant que la lumière ne faiblisse. Sans pour autant délaisser la piste d’un beau brochet, Gaël décide de s’intéresser aux perches qu’il soupçonne d’être positionnées sur le fond. C’est parti pour un G Bump Ghost 80 UV fire pike propulsé avec sa canne la plus light. Après quelques passages, Gaël a une prémonition. Les belles zébrées viennent voir mais ne prennent pas. Le shok leader en 44/100 y est sans doute pour quelque chose. Action-réaction, le petit shad est monté directement sur un fluoro en 24/100. Tant pis pour les brochets.

Un sérieux client s’est empiffré un leurre minuscule
Crédit photo : David Gauduchon

Festival de perches

Lancer appuyé, descente du leurre, reprise de contact avec le fond, animation sèche et saccadée. Pan ! Le frein du moulinet accuse la touche ! La canne est bandée mais rien ne bouge. « Si c’est une perche alors elle est obèse ! » rigole Gaël qui enregistre de sérieux coups de tête. Tout en douceur, après de longues minutes de suspens, il finit par conduire un brochet de 106 cm jusqu’à sa main qui attrape le V de sa mâchoire. « Ben le voilà celui qu’on cherchait depuis ce matin. De là à imaginer qu’il se pendrait sur un si petit leurre. Comme quoi à la pêche, le mieux, c’est d’essayer. Tous les coups sont permis ! » Gaël a déjà relancé dans le même axe. Même animation. Le shad n’a pas repris contact deux fois avec le fond qu’il est ramassé. « Cette fois c’est une perche, et une belle ! J’adore ce type de touche sur le fond où tu ressens l’aspiration. » C’est en effet un ballon de rugby qui monte à la surface dorsale déployée : 44 cm ! « Et grasse comme une saucisse de Morteau ! Regarde, elle recrache des sédiments. Bon on va pouvoir rigoler un peu » ajoute Gaël. Il opte alors pour un Magic Slim Shad 3" green pumpkin afin de savoir si une vibration plus ténue s’avérerait opérationnelle. La réponse ne tarde pas avec une nouvelle grosse perche. Les prises se succéderont ainsi avec une taille moyenne de « l’espace ! ». Après chaque combat, Gaël s’attachera à changer de leurre souple en montant progressivement en taille tout en alternant les coloris du jour. Les perches répondront présent, avec une régularité exemplaire, jusqu’à ce que la luminosité et la température baissent subitement. « Bon, tu as assez de photos mon grand ? » Finalement la pêche avec Gaël Even, c’est simple, d’autant que c’est un jeu dont il sort très souvent gagnant. Merci pour la démonstration maestro ! 

C’est au tour des belles perches de venir gratifier l’action de pêche toute en maîtrise de Gaël.
Crédit photo : David Gauduchon

Colle qui peut

Petite astuce du jour. La colle ne sert pas seulement à recoller des leurres souples déchiquetés. Lorsque Gaël a trouvé le bon modèle et la bonne taille, il les colle sur la tête plombée afin de leur assurer une durée de vie plus longue sous l’eau. C’est vrai que certains jours, les shads ont la vie dure !

 

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Magazine n°121 - Janvier & février 2021

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