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Origine, prix, qualité, choix : la vérité sur les anneaux qui équipent nos cannes

Goulven Dolle s’est prêté au jeu des questions-réponses afin de nous guider efficacement dans le choix des anneaux de nos cannes à pêche.

Crédit photo DR
Une canne à pêche c’est un blank, un porte-moulinet mais aussi des anneaux ! Les services marketing rivalisent de superlatifs pour vanter les mérites de ces composants mais le consommateur est souvent perdu en magasin ou devant sa page Internet. Qu’est-ce qu’un bon anneau ? Voici les conseils d’un pro !

Armature monopatte ou bipatte, céramique grise, noire ou bleue, mise à part ces quelques informations visuelles, le pêcheur est parfois démuni dans les rayons de son détaillant ou sur les pages des sites Internet lorsqu’il doit choisir sa canne et les anneaux qui l’équipent ! Les abréviations et sigles mentionnés ne l’aident pas. La rampe d’anneaux fixée est-elle indispensable à sa technique de pêche et justifie-t-elle le prix demandé ? Goulven Dolle, directeur de Rodhouse, nous éclaire. Il fabrique ses propres cannes depuis des années et vend tous les composants pour les passionnés de rodbuilding. Les anneaux, il les connaît tous !

Les rodbuilders portent une attention toute particulière au choix des anneaux, taille, forme et poids. L’offre est très vaste chez les fabricants.
Crédit photo : DR

Qui sont les principaux fabricants d’anneaux et existe-t-il une différence de qualité de l’un à l’autre ?
Goulven Dollé : Il y a quatre ou cinq fabricants majeurs d’anneaux dans le monde. Le leader, de très loin, c’est Fuji, dont la maison-mère est basée au Japon. Il y a aussi des fabricants taïwanais, comme ALPS, coréens (Kigan) américains (REC, spécialisé dans la mouche). Citons aussi les chinois sous licence US (Pacific Bay ou American Tackle) et enfin d’autres fabricants chinois qui produisent, il faut bien le dire, de la quincaillerie. Fuji est incontestablement le numéro 1 en choix de taille, de gamme, de qualité et d’innovation. Il y a de bons « seconds choix » chez les autres, principalement dans leur offre haut de gamme. Il est objectivement difficile, surtout pour quelqu’un qui s’y connaît, de les mettre sur un pied d’égalité tant il y a une différence qualitative entre les leaders et les suiveurs. Si je me base sur mon activité et sur les quelques centaines de milliers de pièces vendues, choisir la qualité est impératif et évite les soucis de corrosion, de céramique décollée ou abîmée…

Des propriétés vraiment différentes

Sur son site Internet, le leader Fuji mentionne quelques données techniques concernant les céramiques utilisées pour fabriquer les anneaux de nos cannes à pêche. Par ordre de prix, les anneaux «O»Ring, Alconite, SiN II, SiC et enfin Torzite, le plus haut de gamme, sont presque tous égaux en matière de dureté Vickers, entre 12 et 15. Le plus résistant est le SIC (entre 22 et 24). Le diamant, cité en référence, est à 60 ! Le Torzite permet d’utiliser moins de matière pour un même résultat. À taille égale, le diamètre intérieur est plus grand, ce qui permet d’utiliser des anneaux plus petits, d’où un gain de poids. La conductivité thermique est également étudiée par les fabricants. Ce point permet de savoir si un matériau laisse passer la chaleur ou s’il est isolant. Lorsque vous tenez la tresse à la main quand vous remplissez votre moulinet, vous constatez vite que ce corps de ligne est coupant… et que si vous serrez un peu les doigts, vous sentirez rapidement de la chaleur ! Imaginez ce qu’encaissent vos anneaux quand un thon sonde à la touche !

Est-ce que les prix diffèrent beaucoup d’un fabricant à l’autre ?
Goulven Dollé : Bien sûr ! En ce qui concerne les anneaux, comme tout ce qui s’achète et se vend, on ne va pas se mentir, la qualité a un prix. Il existe des rampes d’anneaux à quelques euros et d’autres à 200 ou 300 euros pour les cas les plus extrêmes comme le modèle bipatte titanium Torzite de Fuji. J’ai pris l’habitude de répondre à ce sujet en expliquant ce qu’est le « rapport cubique », à travers un exemple simple qui parle à tout le monde, celui des moteurs thermiques de bateaux. Un moteur de 200 CV vaut plus ou moins deux fois plus cher qu’un moteur de 100 CV. Est-ce qu’il va deux fois plus vite ? Non. C’est pareil pour les anneaux, pour les moulinets, pour tout. Passé un certain seuil, qui est celui du meilleur rapport qualité-prix, chaque gain qualitatif se paye très cher et c’est à chacun, en fonction de ses moyens, de voir s’il peut s’offrir ce qui se fait de mieux, ou bien si l’entrée de gamme fera le job. Une armature en titanium par exemple, c’est insensible à la corrosion, même en environnement salin. À chacun de juger si c’est un motif suffisant pour payer plus, ou si le fait de rincer soigneusement son matériel après une sortie n’est pas un souci.

Imaginez les contraintes mécaniques subies par nos anneaux lors des combats lourds en mer comme en eau douce ! Abrasion, chaleur, flexion sont les principaux ennemis. 
Crédit photo : Lyonel Chocat

Qu’est-ce qui fait la différence entre un bon anneau et un modèle d’entrée de gamme ?
Goulven Dollé : Premièrement c’est ce qui se voit, la qualité du coating. Des anneaux d’entrée de gamme vont perdre leur revêtement plus ou moins rapidement. C’est ensuite la qualité de l’alliage et sa résistance ou non à la corrosion. Et bien sûr la céramique, ses qualités de glisse, de dissipation de la chaleur en cas de frottements. Et puis c’est tout ce qui ne se voit pas. Le travail de recherche sur la qualité de l’anneau, sa fonction. Pourquoi doit-il être loin ou pas du blank, quelle doit être son inclinaison. Pourquoi cet anneau a-t-il été conçu ? Pour du casting, light, heavy ? Pour du lancer, pour du renvoi de force pour des poissons qui sondent ? Concevoir une rampe d’anneaux pour une canne casting est simple, le fil est déjà en ligne à la sortie de moulinet et une des seules fonctions des anneaux va être de tangenter le blank en flexion. Pour une canne spinning, c’est plus compliqué ! Il faut réussir à réduire la volute, le corps de ligne qui sort du moulinet au lancer, perpendiculaire à la canne à ce moment-là, en un fil propre et parallèle au blank. Ça s’appelle la réduction. Certaines théories, en fonction de l’emploi, le promeuvent en trois anneaux, d’autres en un seul, deux, etc. Si vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet je vous invite à regarder les vidéos Rodhouse masterclass sur YouTube. J’y explique quels sont les grands principes à intégrer pour régler le train d’anneaux d’une canne.

Les anneaux doivent être adaptés à la technique de pêche. La taille et le profil notamment influencent la distance de lancers ainsi que la perception des touches. 
Crédit photo : DR

Quelle peut être la variation de poids pour une rampe d’anneaux entre le top qualité et l’entrée de gamme ?
Goulven Dollé : La différence de poids entre du titanium Torzite et de l’inox Alconite est de l’ordre de 70%, ce qui est conséquent. En conservant à l’esprit évidemment, qu’on parle d’anneaux et pas de poids lourds, donc on mesure en grammes, pas en tonnes ! Mais plus le poids est éloigné du pied de moulinet, plus l’effet de levier tend à lui donner de la masse. On choisit généralement les anneaux comme une tête plombée : le plus petit possible pour un gain de poids et afin de limiter la résistance à l’air lors du lancer. Mais il faut tenir compte de son cahier des charges : passage d’un nœud de raccord ou pas, pêche en hiver ou pas (formation de glace).  

Les armatures en titanium sont plus légères et insensibles à la corrosion. Mais elles sont aussi plus fragiles que celles réalisées en acier inoxydable. 
Crédit photo : DR

Que gagne-t-on avec de bons anneaux ? Une meilleure glisse ? Des lancers plus longs ? 
Goulven Dollé : Il faut considérer qu’une canne est un système mêlant des objectifs parfois contradictoires : capacité de lancer, résonance, flexion, réserve de puissance… De bons  anneaux font partie des compromis jugés nécessaires pour atteindre les objectifs. Si on veut de la résonance par exemple il faut privilégier de petits anneaux, proches du blank. Si on veut lancer loin, il va falloir faire des compromis. Mettre des anneaux un peu plus gros mais plus légers, donc plus qualitatifs. De bons anneaux procurent en effet une meilleure glisse, moins de bruits de frottement au lancer et surtout à la récupération, une bonne dissipation thermique lors des combats lourds pour ne pas que la tresse ou le monofilament ne casse. On trouve des tonnes de vidéos comparant l’effet des différents types d’abrasivité sur de la tresse et la conséquence finale qui est la casse par échauffement.

Y a-t-il des techniques de pêche pour lesquelles avoir de super anneaux offre un meilleur confort, une meilleure détection des touches ? Et inversement ?
Goulven Dollé : Par déformation professionnelle je dirais qu’il y a des anneaux adaptés ou pas à leur utilisation. Le titanium par exemple peut être plus fragile et moins tolérant à de grosses contraintes que l’acier inoxydable. On s’en est rendu compte il a quelques années avec les ligneurs pros en Bretagne quand on pensait que la résistance à la corrosion du titanium allait être un avantage. Erreur ! Pour des cannes malmenées au stockage et à l’entretien, c’est l’inox qui a de la valeur ajoutée.  Il convient de choisir la rampe d’anneaux dans son contexte d’emploi. Du titanium pour pêcher la truite avec des cuillers tournantes dans des ruisseaux, pourquoi pas, mais c’est probablement surdimensionner le budget pour très peu de gains en retour. En revanche, si c’est pour des pêches à gratter en milieu dégagé, alors oui, titanium et carbone léger et cette course au poids donnera de bons résultats.

Le type de céramique utilisé et le fabricant ne sont pas toujours mentionnés sur les étiquettes de nos cannes à pêche. Difficile de choisir en toute connaissance.
Crédit photo : DR

Quelles sont les évolutions majeures que tu as constatées ces dernières années ?
Goulven Dollé : La grosse innovation ce sont les formes anti-tangle, c’est-à-dire anti-emmêlements, avec des anneaux non perpendiculaires au blank et des armatures enveloppantes qui limitent les boucles que peuvent faire les tresses fines autour des pattes d’anneaux lors du lancer. Il y a eu aussi ce qu’on appelle les réductions forcées, qui prennent en compte l’archidominance des tresses dans les pêches modernes, leur capacité à être plus fluides lors des lancers et donc à être bridées. Cela a permis, pour ceux qui ont bien compris ce principe, d’utiliser des anneaux de réduction plus fins et donc de gagner du poids. Les évolutions à venir concernent les armatures en carbone, validées par certains, rejetées par d’autres car jugées trop fragiles. Je cite aussi les anneaux sans céramiques, qui trouvent aussi leurs limites en termes de résistance à l’abrasion, par exemple pour la pêche à la mouche dans des cours d’eau alimentés par des glaciers et qui sont riches en quartz. Dans ce cas la céramique reste incontournable. Mais je suis sûr que les grands fabricants vont encore nous étonner !

Les anneaux carbone Daiwa

En France, les premiers modèles de cannes équipés d’anneaux en carbone sont arrivés en 2013 sur le fleuron de la gamme mer à l’époque, les Morethan Branzino, se souvient Pascal Magneto, responsable développement produit chez Daiwa France. Ces anneaux portent le nom d’AGS : Air Guide System. Par la suite, l’offre de produits équipés de ces anneaux AGS s’est agrandie sur différentes techniques : pêche du bar, leurre en eau douce, truite, pour atteindre soixante-deux références aujourd’hui.  L’idée de départ était d’améliorer l’équilibre et la sensibilité des cannes. Un anneau AGS comporte a minima neuf couches de tissus carbone pour améliorer sa robustesse. Pascal précise que le taux de SAV sur ces anneaux est le même que sur les autres modèles de cannes.

 

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