De tous les mois de l’année, février est sans doute le pire pour les pêcheurs. Les amateurs de salmonidés rongent leur frein en attendant le grand jour, alors que les pêcheurs de carnassiers ne sortent plus les bateaux, car ils ne peuvent plus, dans la grande majorité des cas, traquer sandres et brochets. La pêche du bord avec des vers de terre naturels associée au fameux montage drop shot est alors l’une des meilleures options pour capturer de belles zébrées. Pour trouver les perches à cette époque de l’année, il faut cibler les concentrations de poissons blancs. Ablettes, gardons, plaquettes, ainsi que les carnassiers qui les suivent, ont en effet tendance à se réunir dans des secteurs relativement profonds, mais pas toujours, et surtout abrités du courant ou du vent.
Cherchez les concentrations
Cela peut être des darses, ports, péniches amarrées, zones proches des écluses, certains affluents ou contre-canaux. Ces phénomènes de rassemblement sont d’autant plus nets que les eaux sont hautes et froides. Ces spots urbains ou périurbains sont généralement connus et regroupent souvent les quelques pêcheurs au coup qui n’ont pas renoncé à braver le froid. Des indices peuvent aussi vous permettre de les identifier : activités en surface au lever du jour, présence d’oiseaux piscivores ou chasses de carnassier. C’est là qu’il faut prioriser ses efforts.
Crédit photo : Thierry Bruand
Matériel et montage
Une canne spinning light ou médium-light équipée d’un moulinet taille 2500 garni d’une tresse en 0,08, 0,10 ou 0,12 mm est une bonne base. Comme on pratique du bord, elle doit être assez longue, de 2,10 à 2,70 m, de manière à bien pouvoir pêcher sous la canne et dans les structures. Le montage repose sur le principe d’un lest placé sous l’appât (voir montage). Seul l’hameçon diffère un peu d’un montage drop shot « classique » avec leurre souple. Personnellement, j’utilise le VMC 7145 comprenant deux ardillons sur la tige qui améliorent le maintien du ver. Le lest est constitué d’un plomb drop shot interchangeable ou de simples chevrotines fendues pincées sur le fil. Pour exciter les perches, il peut être aussi efficace d’utiliser une balle en plomb, que l’on grattera pour faire ressortir le brillant. Attention toutefois à la législation, qui pourrait la considérer comme un leurre… La distance entre le lest et l’esche peut varier de 15 à 80 cm. À cette époque de l’année, maintenir le ver près du fond est souvent plus rentable.
Dendros ou canadien ?
Le choix du ver ne doit pas être laissé au hasard et, un peu comme pour la truite, c’est la taille qui a son importance. Les vers de terreaux sont trop petits et trop fins pour le drop ver. Je ne les conseille pas, même en eaux très claires. Les dendros qui mesurent entre 6 et 10 cm ont une texture plus solide et une taille bien adaptée pour les perches de 18 à 30 cm, principales cibles de la technique. On se les procure très facilement chez les détaillants. Les boîtes comprennent généralement une quinzaine de vers, il faut donc en prévoir au moins deux pour une partie de pêche de trois heures. Les plus gros vers, type canadien ou lombric eschés en tronçon ou entièrement, sont également intéressants pour essayer de sélectionner les plus beaux sujets ou lorsque les eaux sont vraiment chargées. Il faut juste monter un peu en taille d’hameçon.
Crédit photo : Franck Ripault
Sous la canne
Une fois un banc de perches localisé, la pêche est assez statique. À cette période, il n’est souvent pas nécessaire de lancer, il suffit de descendre le lest à l’aplomb de la canne, puis de prospecter en verticale. L’animation de base consiste à tendre et à détendre le montage tout en veillant à ce que la plombée reste en contact avec le fond. Aux vers naturels, bien plus encore qu’avec des leurres, les « non-animations » sont également redoutables et il suffit, bien souvent, de tout poser sur le fond ou de laisser l’esche pendre immobile, tout en gardant simplement le contact pour sentir les petites touches des perches. Si elles s’arrêtent, il est souvent juste nécessaire de se déplacer d’un mètre ou deux pour retrouver le banc. Le drop ver n’est probablement pas la technique qui permet de sélectionner les plus beaux sujets, mais c’est un bon moyen de garder la main avant la grande reprise du printemps !
Que dit la réglementation ?
S’il existe une vraie subtilité au niveau des leurres, puisque seuls certains (ceux susceptibles de capturer des brochets) sont interdits, l’autorisation de la pêche au ver de terre naturel ne souffre, elle, d’aucune ambiguïté. Et ce, même si elle permet de prendre accidentellement des sandres et parfois des brochetons. Certaines fédérations précisent même, sur leur site, les montages utilisables, dont notamment le drop shot (Indre-et-Loire). Enfin, il faut évidemment rappeler que la pêche et le prélèvement de la perche comme du silure sont autorisés toute l’année, sauf exception comme dans les Hautes-Prénées pour la perche.
Crédit photo : Thierry Bruand